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| The most lonely day of my life •• Silas&Tabbie | |
| Auteur | Message |
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Invité
| Sujet: The most lonely day of my life •• Silas&Tabbie Mar 18 Jan - 21:42 | |
| Personne n'est soi-même ce soir. Ni les autres soirs, d'ailleurs. Dans la fumée des cigarettes et des barreaux de chaises, nous ressemblons à un stupide club de poker pour adolescents attardés. Qui pourrait se douter, en nous voyant, que nous jouons quasiment nos vies avec nos cartes, avec ces putains de cartes qui tourbillonnent et nous ensorcellent ? Qui pourrait voir au delà du masque d'impassibilité gravé sur nos visages l'agitation qui règne en chacun de nous ? Qui pourrait croire qu'en ressortant de cette pièce enfumée, nous redevons des citoyens normaux, avec une vie en dehors de cette valse infernale ? Qui accepterait de me voir dans le rôle d'une étudiante, qui soupçonnerait que le jeune homme assis en face de moi est un riche héritier, que la vieille peau à sa gauche est une mégère aigrie par les années d'adultère de son mari, et l'homme à sa droite un pauvre bougre qui a eu le malheur, un jour, d'entrer dans la pièce en demandant l'aumône. Il nous manquait un jour; rentre, bonhomme, vient t'assoir avec nous, joins toi à notre danse macabre. Sommes nous les chevaliers de la Mort, ses dignes enfants, pour jouer ainsi notre argent et notre temps, perdant un peu plus la tête à chaque tour qui passe ? Sommes nous aussi ses vils adversaires, pour la défier chaque jour un peu plus, pour nous infliger ainsi des tourments dont se passent le commun des mortels ?
J'abats mes cartes, mon visage aussi figé que celui d'une statue. Impossible de montrer que la paire que je viens de jeter me rend folle de rage. Je laisse s'échapper beaucoup d'argent, et pour une fois, Noé et Sidney devront se débrouiller sans moi pour payer le loyer, la bouffe et tout le tralala. Ouais, aujourd'hui, j'suis à sec, et faudra limite que je demande à l'un des joueurs assis à ma table s'il peut me prêter un peu d'argent. Peut-être Silas... Je ne me prive pas de me lever et de me coller contre son dos, lâchant un murmure dans le creux de son oreille. « Babe... Tu serais assez généreux pour me prêter un peu de fric ? » La demande est risible; chacun ici sais que Silas est aussi riche de Crésus, mais certainement aussi pingre que Louis XIV. Enfin, tout le monde... J'exagère un peu, bien sûr. En fait, à cette table, je dois être la seule, et encore, j'ai dû faire preuve d'un talent de détective que j'ignorais posséder pour obtenir cette information cruciale. Mais bien sûr, j'ai les moyens de le faire cracher sa thune. Je passe une main langoureuse sur son cou, deux doigts courent le long de sa clavicule, viennent jouer dans sa tignasse brune. Et le temps semble se figer sur nous, nous enfermant dans une bulle invisible. Nous sommes deux, nous sommes seuls, plus rien autour de nous, c'est un combat, c'est un duel lui et moi, moi et lui... |
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Invité
| Sujet: Re: The most lonely day of my life •• Silas&Tabbie Ven 28 Jan - 21:16 | |
| « A vivre au milieu des fantômes, on devient fantôme soi-même et le monde des démons n'est plus celui des étrangers mais le nôtre, surgi non de la nuit mais de nos entrailles. » Antoine Audouard. Impénétrable ; Dont on ne peut deviner les sentiments. Synonyme : Indéchiffrable. Et pourtant dans mon regard se lisait un réel intérêt à leur débauche. Aux jeux, tu ne dois rien montrer, pour ne pas te trahir. Mais là, ce n’était pas possible. J’étais fasciné par cette détresse qui émanait d’eux, leur désespoir, qui était à l’origine de leur addiction. Addiction. N’utilisons pas de terme que je ne saisis pas. Ca ne m’avait jamais atteint. A croire que ce n’était pas pour moi, je ne sais pas. Marian, la vieille harpie à ma gauche en était là à cause d’un mari un peu trop volage. Elle avait décidé de sortir un soir pour fermer les yeux sur la débauche de son mari, elle était rentrée chez elle avec cette envie de retourné là-bas, malgré le fait qu’elle avait tout perdu. Parce qu’après tout, du premier coup elle avait gagné 500 euros. Elle espère gagner à nouveau, c’est son espoir. L’espoir de Marc à côté de moi, c’était de se sortir de ce merdier. Il était endetté jusqu’au cou et il pensait qu’en gagnant une bonne fois, il serait débarrassé de son démon. Son Démon. Délicieuse appellation n’est-ce pas ? Le jeu serait donc un démon, qui vous possède et vous retient prisonnier ? Intéressant n’est-ce pas ? Tous me connaissaient, et à la fois, ils ne me connaissaient pas. Ils savaient que j’aimais bien jouer, mais ils ne m’acceptaient pas comme l’un des leurs. Ils m’acceptaient parce que je rajoutais du piment à leur vie de tourmente. Ils ne me comprenaient pas, ils avaient peur de cette assurance qui émanait de moi. Je n’avais pas peur de perdre. Je ne jouissais pas comme eux quand je gagnais une manche. Je leur faisais vraiment peur. Comme si c’était moi le Démon, et que je venais tourmenter leurs pauvres petites âmes troublées. Ces deux personnes étaient au fond du gouffre, il suffisait de regarder leur allure, ils étaient fatigués, complètement perdu et esseulés.
Mais je crois que la personne la plus atteinte ici, c’était la jeune femme assise en face de moi. Elle me captivait complètement. Elle était au fond du fond du gouffre. Elle était dévorée par son démon, il la possédait entièrement et à moins d’un enchantement vaudou – ou peut-être quelques bons médoc’ et une thérapie. Ca pourrait le faire également – elle ne s’en sortirait pas. Elle était noyée dans son addiction. Elle était seule, désespérée et prête à tout. Elle était si belle dans son malheur. Je crois que si elle était heureuse, je ne la regarderai pas ainsi. Les gens heureux sont ennuyeux. Surtout ceux qui ne le sont pas et se comporte comme si ils l’étaient, ils sont d’un pathétique. Mais Tabitha Cartwright était malheureuse, et magnifique dans sa débauche. Elle allait jusqu’à se prostituer pour son Démon. Je le savais parce qu’elle ne voulait pas coucher avec moi si je ne payais pas. Pourtant, elle en avait envie autant que moi. Pauvre dépravée qu’elle était. C’était le spécimen le plus captivant que je n’ai jamais rencontré. C’est pour ça que je reviens si souvent jouer à sa table. C’est pour la voir, pour jouer avec elle, dans tout les sens du terme. A coup de mots bien sentis, de regard provoquant au moment voulu. Et à cause de cette lueur de défi, farouche, qui brille dans son regard si souvent éteint. C’était dans ces moments-là qu’elle était la plus coriace, quand je la poussais à bout. A partir de ce moment-là, on était sûr de s’amuser. Enfin moi, j’en étais sûr.
Ce soir, la lueur dans ses yeux brillait depuis seulement à peine quelques minutes. Mais en cet instant, son démon rageait. Elle avait encore perdu. Elle n’avait plus un rond et son Démon lui hurlait de continuer et de ne pas s’arrêter. Elle nous regarde, tour à tour. Les autres ont un petit sourire satisfait, surtout Marian, elle a gagné la maudite somme de 100 £ ce soir. Mais au lieu de partir, d’empocher l’argent pour pouvoir payer l’électricité, elle allait rester. Parce qu’elle allait encore gagner plus, n’est-ce pas ? Puis le visage de Tabbie changea. Je la suivis des yeux jusqu’à ce qu’elle ne se trouve plus sur mon champs de vision. Je redressai légèrement la tête quand elle plaqua son ventre contre mon dos. Son odeur m’enivra. Et non, je ne suis pas insensible aux charmes de Tabbie. Peut-être est-ce parce que nous n’avons jamais couché ensemble, je n’en sais rien. Puis elle se pencha, me demandant, au creux de l’oreille si j’aurai la bonté d’âme de lui avancer de l’argent. La bonté d’âme. Encore une jolie expression. Je ne réponds rien, me contentant d’un petit sourire amusé qu’elle ne peut apercevoir qu’à demi. Sa main vient caresser ma nuque, je ne bronche pas, elle descend courir sur ma clavicule, puis remonte se glisser dans mes cheveux. Mmh, délicieux frissons. Je m’appuie un peu sur sa main, à la manière d’un chat qui apprécie la caresse. Je tourne la tête, mes lèvres rencontres sa main, je lui embrasse la paume. Puis lève les yeux vers elle, provoquant. Nos visages sont si proches. C’est si tentant. Mais c’est le jeu, n’est-ce pas. Mais ce soir… Sans prévenir ma main s’empare de son menton et je l’embrasse. Elle eut un brusque mouvement de recul et le Démon rompit le contact avec ma peau, s’éloignant un petit peu. J’eus un petit ricanement. Elle devait être furieuse. Je ne sais pas, je ne la regardais déjà plus. « Et pourquoi te donnerai-je de l’argent ? Donne-moi une raison Tabbie-jolie » Je ramassai les cartes des autres joueurs qui nous regardaient, méfiant et tellement curieux. Je leur rendis le regard, un sourire bien trop psychotique pour être communicatif. Ils regardèrent ailleurs. J’entrepris alors de mélanger les cartes, en attendant que le Démon de Tabbie lui ordonne de jeter de l’huile sur le feu…
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