Ta main glissait sur mes épaules, puis le long de mon torse. Yeux fermés, j’écoutais le son de ta voix, douce mélodie, notes claires qui me ravissaient. Tes lèvres vinrent trouver les miennes dans un mouvement délicat, tes yeux se fermèrent en même temps que les miens. Je pris tes mains, croisant mes doigts aux tiens. Tu te détachais alors, me forçant à croiser ton regard en souriant. Tes yeux, oh, quels yeux ! Tu étais la seule à avoir réussi à me donner ce frisson, à me faire ressentir quelque chose. Ces filles, oublions les, tu n’étais plus que la seule à mes yeux. Tu me fis basculer, doucement, sur tes draps blancs. Tu mis ma mains dans mes cheveux, et nous nous sommes embrassés jusqu’au petit matin. Tu avais tout fait comme il faut.

En ouvrant les yeux, perdu dans la lumière de la journée, je vis que tu avais disparue, envolée. Mon cœur s’emballait, les battements se faisant rapides, trop rapides. Est-ce que toi aussi, tu allais faire comme les autres ? Partir, m’abandonner, te moquer de moi ? Etais-je trop sentimental, voulais-je trop faire les choses biens ? Je sortis, me rhabillant rapidement, te cherchant durant quelques minutes, quelques heures, avant de te retrouver là où je t’avais trouvé la première fois. Tu riais, je ne comprenais pas. Tu me dis que tu les attendais, tes amis, tes vrais amis. Pas moi. Je n’avais aucun intérêt. Tu avais gagné ton pari. Mon sourire presque invisible finit par s’effacé lorsque tu levas ta main, me montrant une mèche de cheveux. Par réaction, mes doigts se glissèrent dans ma chevelure. Tu avais gagné ton pari.

Ils voulaient tous me voir m’énerver. Et ils savaient tous que personne ne devait y toucher. Mon poing se refermait, et je partis, doucement. Nombreuses, elles avaient été nombreuses à vouloir le faire. Me faire craquer, me voir crier. Mais jamais. Je restais calme. Mais pas cette fois.

Je vins te rejoindre dans cette fraîche nuit, seule chez toi, me glissant dans tes draps et ris en te voyant ouvrir les yeux. Ma main se glissa dans tes cheveux et tu eus peur en voyant la lame sortir de ma poche. Mon rire devint plus aigu au fur et à mesure que ce couteau se rapprochait de cette belle chevelure enflammée, que je finis par couper, tirant dessus, ton cri se mêlant à ma voix. Ma vengeance, belle princesse, ma vengeance. Tu voulais me voir m’énerver, as-tu regardé mes yeux à cet instant ? Je me mordis la lèvre en te poussant à terre, te voyant te débattre, crier sans que personne ne te réponde. Pleure, petite enfant. Je fis glisser doucement, tellement doucement la lame le long de ta joue avant de te donner un coup. Perte totale du contrôle. Tu avais mal. Pas moi.

Ma main glissait sur tes épaules, puis le long de ta poitrine. Yeux fermés, tu ne pouvais pas écouter le son de ma voix, douce mélodie, notes graves qui te brulaient. Mes lèvres vinrent trouver les tiennes dans un mouvement délicat, mes yeux se fermèrent après les tiens. Je pris tes mains, croisant mes doigts aux tiens. Je me détachais alors, et je ne pu croiser ton regard. Tes yeux, oh, tes yeux, jamais je ne les reverrai. Je n’avais pas eu de frisson, tu ne me faisais plus rien ressentir. Ces filles, oublions les, je t’oubliais avec. Je te fis basculer sur tes draps, tâchés par ce sang qui ne partirait jamais. Je mis ma main dans le reste de tes cheveux, que je n’avais pas coupé, et je t’ai embrassé jusqu’au petit matin. J’avais tout fait comme il le faut.

Perdue, belle princesse. J’ai gagné. Brule, brule, une flamme tombant sur ton corps dénudés que j’avais tant embrassé. Brule, brule avec mes souvenirs de toi, avec mon rire, avec tes cheveux et les miens, que je venais de couper, par un élan de folie. Je n’avais plus le choix. Au revoir, doux sourire, doux timbre de voix. Pars loin de moi, petite enfant. Tu ne m’embêteras plus de ton vivant.

Je te vois, je te sens. Pars, laisse-moi. Je crie ton nom la nuit, passant ma main dans mes cheveux courts. Laisse moi, ne m’en veux pas. Je n’ai fait que ce que je devais faire. Oublie-moi, reste dans la pénombre. Tu n’es plus qu’une ombre, ton corps n’existe plus.