STAGE NINE - Plus de balles, plus d'armes et seulement mes larmes. L'écran se freeze et j'ai une descente d'organes. Mon cœur n'en fait qu'à sa tête. J'ai beau essayé de la rassurer, de lui conter les histoires d'autres fois. Il ne veut rien entendre. Il n'entend que les hurlements. Il en avait entendu auparavant. Ceux télévisuels. Ceux que tu sais que tu vas oublié dés que tu auras changé de chaine. Ceux-là viennent de l'intérieur des entrailles. J'observe ces bouches qui s'ouvrent, qui souffrent et je ne peux rien faire. Je suis tranquillement dans mon canapé, spectateur de l'horreur. J'aimerais changer de chaîne maintenant. Je l'aimerais vraiment, mais je ne peux pas. J'essaye de comprendre l'élan de cette violence, de ce sang qui saute à mon visage, de ces bouts de peaux qui m'éclaboussent comme une flaque dans laquelle j'aimais sauter ces été de mon enfance. « Alors, salope, tu pensais vraiment qu'on te laisserait t'accoupler avec ce porc ? Quand je pense que tu étais ma sœur....Je te crache dessus...Garce ! » Ma mère hurle et je ne peux rien faire contre cette dégradation. Je lâche ma manette et je continue de regarder comme l'enfant que je suis. Ces hommes qui continuent de frapper mes parents, ils n'ont même pas peur de moi, pourquoi ils le devraient ? Mon père essaye de combattre. Je vois dans ses yeux qu'il veut se battre jusqu'au bout. « Espèce d'enfoiré. Lâche ma femme ! Tu n'as rien à faire ici. C'est ma mais... » Un son sourd et funeste s'échappe d'un canon qui colore à nouveau les murs de notre salon de cette odeur qui me force à rendre les céréales sur mon pyjama. J'ai vomi et je me sens sale. Eux ? Ils rigolent alors que le crâne de mon père est ouvert pour d'autres jeux morbides. Ils déchirent à présent les vêtements de ma mère. Je ne comprends pas tout, mais j'en ressens toute l'horreur. Je me sens comme connecté à cette souffrance. On dirait qu'ils le savent. On dirait qu'ils le font exprès de tourner son visage vers moi alors qu'elle lutte pour détourner son regard. L'un deux m'attrape par la nuque. Est-ce la fin de la partie ? Est-ce que j'ai perdu ? Il me fait m'approcher. Il me pousse à terre et je me roule dans cette peinture informe et gluante. « Toi, tu vas regarder...Toi, tu vas apprendre ceux qu'on fait à ceux qui ne respectent pas les règles. Ta mère n'était qu'une salope et tu n'es que le fruit d'une erreur. Tu n'aurais jamais dû exister et tu n'existerais jamais. » Oui, j'ai appris et je continue d'apprendre même aujourd'hui. Cette nuit tout a changé pour moi. J'ai vu mon père mourir et ma mère se faire violer jusqu'à la mort par son propre frère, tout simplement car ils s'étaient aimés contre l'avis de leurs familles respectives. Cette nuit là est né le justicier. Cette nuit là, le justicier a été balancé du septième étage. Cette nuit là, le justicier à survécu à sa chute et il ne fut plus jamais le même
STAGE TWELVE - Résurrection, ether et point de sauvegarde en vue. Je suis à fond. J'explose tout les scores. Mes doigts moulinent et ne font plus qu'un avec la borde d'arcade qui m'explose les tympans, qui me fait fondre ce qu'il me reste de mes rétines. Je suis survolté. Je ne sais pas si c'est les deux litres de soda qui me font sauter sur place, qui colorent mes lèvres d'un bleu électrique, pour finir de digérer ce qu'il me restait de mon maigre repas. Je suis devant cet écran depuis des heures. Je ne peux plus le lâcher. Je demande à mes groupies de me remplir la bouche de cet poudre pétillante qui me fait m'agiter comme un lapin sous ressort. C'est qu'elles crient mon nom. J'aime cela. J'aime être le centre des attentions. « Vas-y ! Vas-y ! Tu vas l'avoir...Plus que deux cent points et tu exploses le score... » Je ne perdrais pas. Je ne voulais pas. Jamais plus ne perdrais dans cette vie ou dans une autre. I'm not a looser. I'm not à looser. Je le répète pour que les mots prennent le pouvoir sur l'action. Je suis un jeux vidéo à moi tout seul, car dans ce monde je suis plus un orphelin. Je suis plus celui qui est resté deux-ans dans un corset métallique. Je ne suis pas ce gamin perdu qui vit chez son oncle (la frère de mon père) Celui qui a prit pitié de ma pauvre personne. Celui qui pense que l'argent pourra combler ce puits sans fond dans mon âme. Celui qui veut m'offrir tout les derniers jeux à la mode. Celui qui veut m'emmener au match de mes équipes préférées. Celui qui veut me prendre dans ses bras quand je me réveille en sueur dans mon lit. Oui, je me réveille encore en hurlant, mais au moins mes draps ne sont plus imprégnés d'urine. « Bravo ! Tu l'as fait !! Tu es le champion ! » C'est la jubilation. Mon pouls lutte contre moi-même. Mon cœur déraille, mais j'adore cette sensation qui vient chatouiller le creux de mes reins. Oui, je suis le champion et je le resterais. Je ne serais plus jamais une victime. Je lutte alors dans ma réalité. Je gonfle ce corps car je n'aime pas ses formes. Je redéfis ses contours. Je le veux coupant. Je le veux plus acéré. Je le veux cassant comme du verre. Je veux qu'on s'y pète les dents. Alors, pour cela, je sèche les cours. Je vais m'entrainer. Je rejoins des gamins comme moi. Il me propose un truc pour prendre plus vite. « Prends cela, mec et tu vas voir. Les résultats c'est tout simplement du pur délire. » Il a les yeux rouges comme un rat sur sa fin. Le visage bouffi et le sourire édenté. Moi, dans tout cela, je le crois. Je veux croire tout ce qui me rendra plus fort. Je prends tout et je ne laisse rien derrière moi.
STAGE SIXTEEN - Level up, armure cassée et nouvelle rencontre. On me dit que je gâche ma vie. Il paraît que je me fais bouffer par ce que j'ingurgite par mes narines. Moi, j'aime cela. J'aime les sensations de spleen avant la chute. J'aime les couleurs, les formes. Ouais, j'aime me défoncer car j'ai l'impression d'être le maitre du monde pendant quelques micro-secondes, des secondes qui coulent en moi, des secondes qui me font du bien, des secondes où je n'entends plus leurs cries. Je comprends pas ce qu'on me reproche au final ? J'ai des notes excellentes en cours. Mon oncle voulait que je fasse médecine. Je vais pouvoir y entrer dans quelques années. Ah, oui, je vois....C'est le reste de ma vie qui pose problème...C'est ces bagarres clandestines que je fais dans des caves. C'est les coquards qui gênent ou les plaques bleutés sur mon torse ?
« Tu t'es vu ? Tu as encore trainé où ? Tu as fait quoi ? Mais, qu'est ce qui se passe dans ta tête ? » Mais, j'aime défoncer, j'aime casser et fracturer. J'aime ce que je deviens. J'aime la peur sur les visages. Je ne tape pas les fidèles. Je tape les infidèles, ceux qui le méritent. Ceux qui ne veulent pas croire en moi. Je suis le nouveau messie. Je suis un héros des temps modernes. Je suis celui qui fait dégouliner les demoiselles. Celles qui serrent les jambes quand je viens les rejoindre. Je ne suis plus un enfant, ce fut une belle sirène aux cheveux de feux qui m'en prit mes dernières particules. Ce fut libérateur. Je me sentais Homme. J'aime être un Homme. Je ne veux plus jamais être un enfant.
« Dis moi, tu m'aimes ? » Elles me le demandent souvent. Et, moi, je réponds quoi ? Que je les aime aussi. Non, je mens à personne. J'aime tout le monde, pas longtemps, mais j'aime plonger dans quelqu'un. J'aime le posséder. Je trouve cette parcelle que je ne trouve nulle part ailleurs. Mais, il me manque quelque chose. C'est trop tendre. Trop affectueux. Trop sirupeux. Ce petit quelque chose que je trouverais bien plus tard.
STAGE TWENTY-TWO - Stage clear, fin du monde et la princesse est laissée pour morte. Je perds une nouvelle vie. Non, je suis entrain de perdre une vie qui n'est pas mienne. J'appuie sur la blessure. Je compresse. Je fais comme dans les cours à l'école de Médecine. J'essaye de redevenir cet élève studieux derrière mes grosses lunettes en forme de fond de bouteille. Je veux sauver cette vie, mais elle m'échappe. Elle glisse entre mes doigts comme ce liquide opaque qui me rappelle bien des souvenirs. J'ai voulu sauver cette personne et je n'ai gagné que ce froid immense qui perce mes poumons, qui me rappelle que je ne suis rien, que je dois encore m'entraîner. Voilà, elle est morte et je pleure. Un homme qui pleure c'est beau pour les autres, moi je verse les larmes de mon échec. Je voulais tellement être ce super-héros. Je voulais arpenter cette ville. J'avais transformé mon corps. Je m'étais préparé. J'avais utilisé l'immense fortune de mon oncle pour des tonnes de gadgets, d'armes...Tout cela ne servaient plus à rien maintenant. Je rêvais d'un élixir à présent, d'un plume de phœnix, d'avoir encore assez de mana pour sauver la femme qui était tombée dans mes bras. Je détestais ce souffle puant qui rodait autour de nous. Je détestais les chacals qui y vivaient. Comment reprendre ma vie d'étudiant après cela ? Enlever mes habits, soigner mes blessures et plonger dans un lit. Un lit chaud car il avait un corps. Un corps que j'aimais me blottir même à cette heure tardive.
« C'est gentil d'être resté... » Je l'embrassais sur la clavicule. Je humais son parfum. J'imposais le mien.
« Je suppose que tu étais trop crevé pour rentrer chez toi... » Car je savais qu'il n'était pas resté pour moi. Je lui caressais le front. Il n'aimait pas cela. Il rejetait mon affection, tous gestes qui pourraient imposer autre chose...une autre situation. Je n'avais même pas le temps de souffler qu'il me chevauchait.
« Je vois...C'est pour cela que tu es resté... » Cela me déplaisait pas. Madly de son prénom avait débloqué quelque chose en moi. Il attisé l'animal. Je trouvais en lui ce qui m'avait toujours manqué. Cette passion exacerbée. Cette fougue qui nous faisait éclater les meubles quand nous nous étreignions. Cette puissance orgasmique qui nous poussait à retourner la pièce, à se mordre jusqu'au sang. J'ai eu mal. Des souffrances qui attisèrent mon plaisir. Nous poussions toujours plus loin car aucun de nous deux ne voulait lâcher prise. Aucun de nous deux voulait perdre. J'étais déviant avec lui. J'aimais cela et je l'aimais lui. Je l'aimais plus que tout et lui...Et bah lui, il me tolérait. Je ne savais rien de ce qu'il était jusqu'à...
Nous sommes hier. Nous sommes demain. J'étais dans cette chambre. J'ai son odeur encré en moi. Pourtant, nous sommes plus ce que nous étions. Nous sommes plus ces enfants innocents qui se cachent derrière leur masque. J'ai beau redire son prénom, cela ne change rien. Qu'est-ce que je me déteste à présent. J'ai beau nettoyer son foutre épicée de mon torse, cela ne change rien à ma faiblesse. Alors, je la dissimule sous ma nonchalance qui ressemble à du mépris.
« Allez, fais pas cette tête...Tu n'avais qu'à serrer les fesses si tu n'avais pas envie...» J'avais le sourire mauvais car nous étions ennemis. Ou est-ce que nous l'étions vraiment ? En tout cas, je ne pouvais accepter ce qu'il était. Tout ce sang qui coulait dans ce corps face à moi me rappelait tout ce que j'avais perdu. Tout ce que je détestais dans cette ville et pourtant j'étais là, l'esprit échauffé et la queue pendante. Je vais le lâcher. Je voulais le lâcher. Je veux arrêter de le poursuivre et pourtant me voilà encore là. C'est la même boucle qui tourne sans fin. Suis-je un si mauvais super-héros que cela ? Il pouvait rire à présent.
« Je t'ai trouvé essoufflé sur la fin. Tu perds le rythme mon cœur. Fais gaffe...C'est le boulot...Cela t'épuise. » Toujours cette verve pour me cacher la sombre vérité : Je me dégoutais moi-même. Il plonge son regard dans le mien. On se connait trop bien. Il sait. On se juge. On se renifle de l'autre bout de la pièce. Alors, c'est qui qui sent la poule mouillée ? Mon regard n'a rien de tendre malgré nos jeunes ébats. J'ai encore son odeur dans ma bouche et je ne sais pas si je dois vomir où avaler pour encore en profiter quelques secondes. Je suis perdu. Je vais quitter cette chambre, comme j'en ai quitté avant celle-ci. Je vais me détacher. Je vais aller passer ma frustration sur des petits malfrats. Je suis un mauvais super-héros. C'est l'enfer qui s'ouvre sous mes pas quand je croise sa route. C'est la violence exacerbée de toute cette ville qui m'explose au visage. Je vais donner des coups. Je vais fracasser des mâchoires. Je vais briser des jambes. Tout cela ne m'apportera rien, alors je vais attendre que le jour se lève et puiser dans les rayons chaleureux pour me nettoyer de cette nuit. J'ai perdu. Le jeu reprendra demain soir, même heure, même joueur...joue encore...