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 AU SECOURS PARDON.

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Siam O. Sainsburry

Siam O. Sainsburry

PSEUDO : para bellum

AU SECOURS PARDON.  Updeux-1




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MessageSujet: AU SECOURS PARDON.    AU SECOURS PARDON.  EmptyDim 6 Nov - 6:30

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❝ AU SECOURS PARDON. ❞


Y'a quelque chose de paniquant dans cette foule de pantins, qui s'agite, qui rit, qui marche, désespérément. J'ai accepté le jeu, j'y suis allé, j'ai fait ce qu'il fallait. Ou presque. Jouer selon les règles n'a jamais fait parti de mes priorités, que sa seigneurie le hackeur-masqué me pardonne cet écart insensé, ce viol des lois sacrées. Pourquoi moi après tout? Qu'avais-je fait de plus que les autres tarés? L'aurais-je désappointé? Bordel, c'est bien ma veine. Il a fallu qu'un connard repère mon nom au hasard, farfouillant dans un bottin jusqu'à trouver le mien. J'ai tiré le mauvais karma. Bad load.

Distribuant mon dernier cookie, je m'éloigne du centre de la Parade, escaladant un mur défoncé pour atteindre son sommet à la recherche d'un peu de paix. Je joue les équilibriste, les bras écartés, l'esprit concentré pour ne pas tomber. TOMBER. Je fixe un instant le vide coloré qui ouvre sa gueule avant de détourner les yeux, mâchoires serrées. Bordel, il serait si facile de chuter. CHUTER. Mettre un terme à cette existence dégueulasse, qui traine sa carcasse puante de jours en jours, inutile et veule. Je veux vivre. Je veux mourir. Les deux à la fois, pour la rejoindre, elle, la salope qui hante mes rêves cauchemardesques. Je m'arrête. Laisse tomber mon sac qui se fait engloutir dans cette marrée humaine qui déferle. Je sens son parfum. Son putain de parfum qui m'étouffe. Une infection dans mes sinus éventrés. Je veux respirer et cesser d'exhaler. J'ai longtemps espéré la rédemption, celle de l'amour qui m'a possédé. Mais rien ne vient et rien ne viendra, jamais. Je suis un fantôme condamné à l'errance éternelle, enchainé, crucifié à cette Terre que je hais. Bordel, si j'avais l'audace de me tuer. D’accueillir à bras ouverts la Faucheuse. D'embrasser ses lèvres, son sein, de me réfugier contre son cadavre pourrissant et de la laisser me baiser, une fois pour toutes. Mais l'extatique Putain préfère me fuir, me regarder me débattre et m'adresser un signe, au loin. Point d'orgu(asm)e divin. L'aigreur qui m'habite me ronge, jusqu'à la moelle et bien plus profond. Mes espoirs se noient dans son fiel. On veut vivre, on crève comme un chien. On veut mourir, on se débat matins après matins. L'injustice est Reine dans ce monde indigne. Tire-toi une balle, la dernière, tire et arrête de te lamenter. Ose avoir le courage des désespérés.

Me redressant une dernière fois, je m'assois. Ce n'est pas pour ce soir. Mort est mon dernier espoir. Et, à défaut de le remplacer, je peux toujours observer la vie qui s'étrangle sous mes pieds. Combien en prendra t-elle ce soir? Combien se feront écraser, éventrer, dévorer par la foule défoncée? Une dizaine. Une vingtaine. Une centaine, un millier. Peu importe le nombre, ils ne connaitront jamais l'aveugle chance qui les a baisés. J'esquisse un rictus dans l'obscurité. Une clope vient rejoindre mes lèvres asphyxiées. J'espère toujours le cancer, peut-être accomplira t-il ce que je suis incapable de faire. Mystère. Le rictus s'élargit un peu plus. Un sourire? Je n'irais pas jusque là. Finalement, ce n'est pas une si mauvaise soirée pour mourir. Mon index caressent machinalement le colt qui dort dans ma poche. Une balle dans le barillet. La seule qu'elle m’aie laissé. Je sors l'arme, la pointe sur ma tempe prochainement éventrée. Ni peine, ni douleur. Je ferme les yeux. Me laisse porter par les violons névrosés. Respire une dernière fois l'air vicié. Et presse la détente rouillée. BANG.

Tu vois, tu vois qu'Elle ne veut pas de toi. L'heure de ma non-mort a sonné, son déclic dégueulasse a retentit contre mes tympans éclatés. Une chance de plus qui s'est évanouie. Envie de chialer de rage. Bordel, cette foutue balle ne sortira jamais. Je rouvre les yeux. Bat des paupières. Et la vois.

Une blonde évanescente perdue dans la foule. Une poupée qui surgit au milieu des cadavres. Bordel, ça ne pas être elle. Elle, elle, elle. Eurydice. Mes synapses crachent, hurlent son nom dans ma boite crânienne écorchée. L'impossibilité impossible de la chose refuse de m'apparaitre, blocage divin, cerveau lacéré qui court à sa perte. Abandonnant ma clope, je m'empresse de descendre de mon perchoir, cadavre habité d'une épilepsie névrosée. La Parade m'avale tout entier et bordel, je la perd. Affolement, empressement, hystérie, je les pousse, les écarte, violemment. Je l'ai vu. Et ne la lâcherais plus. Nouvel éclair blond, mes coudes créent la place qui n'existe pas autour de moi, j'avance, vers Elle. Je ne vois qu'une masse de cheveux blonds, confus, cendrés et soudain, sa face, sa beauté opalescente, qu'elle me crache à la gueule. C'est elle sans être elle. Eurydice qui n'est pas encore pourrie jusqu'à la moelle. Une version pure de la putain qui m'a arraché les tripes. Et j'me sens mourir. Une nouvelle fois. Un mec la bouscule soudainement, elle panique, hurle et moi, moi, je lui attrape la main et l’entraine, sans réfléchir. Au secours pardon.
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MessageSujet: Re: AU SECOURS PARDON.    AU SECOURS PARDON.  EmptyDim 6 Nov - 17:44


AU SECOURS PARDON.  111106065023694

Les yeux exorbités, tels deux boules d’billard qui n’attendent plus qu’à s’faire cogner. C’est qui ce mec ? Il fout quoi ? Dans ma fichue cuisine ? J’vais lui arracher ses yeux et lui faire gober un serpent par derrière. Ouais, regarde-moi encore une fois comme ça, et j’te fais bouffer toutes mes gélules d’Prozac, tu vas comprendre ta douleur. Il m’fixe, j’le fixe, en conservant néanmoins une distance d’sécurité, cela va d’soi. On ressemble à deux clébards qui s’battent un territoire. C’est ma baraque. Qu’il dégage, j’veux pas d’ça ici. Surtout une espèce mâle. C’est vil, dégueulasse, insignifiant, néfaste. Ils n’ont aucun intérêt, et le spécimen en question semble être un bel exemple, le Roi des Cons s’incruste. Le suppôt d’Satan tente une approche, j’recule, fait gaffe, j’mords ; inapprivoisée. Moue renfrognée, les lèvres froissées sur le côté gauche, menton bas, mains sur les hanches, c’est l’apocalypse sanglante. La bouffée d’colère qui m’file la gerbe. Ça fait bang, bim, boum dans ma tête, bordel, ouais, ça frappe, ça m’bousille les neurones. Faites taire cette musique, j’appuie sur mes tempes, comme si le geste allait stopper le massacre aigu. Les yeux plissés, la garce d’douleur se lit sur mon visage, c’est flagrant. Pas devant lui. Pas maintenant. J’ai envie d’pleurer mes larmes d’acide, chialer jusqu’à c'que j’me dessèche complètement, jusqu’à c'que mort s’en suive. J’ai envie d’crever, là, maintenant, comme ces pauvres chiennes abandonnées au bord d’la route. J’retiens ma respiration, afin d’contenir également un cri, pliant le buste vers l’avant. Y’a cette pression autour d’ma poitrine. Mon cœur sur l’point d’exploser. Mes tripes qui s’bouffent entre elles. J’étouffe, faut que j’m’arrache les cheveux, m’ouvre le ventre afin d’dénouer ce bouquet d’nerfs. J’vais me disséquer. Sa foutue emprise sur mon épaule est intolérable, j’me décale brusquement, va t’faire foutre. « Tu m’retouche, j’te coupe les doigts. » Menace lâchée entre deux souffles saccagés. La peau écorchée, telle une lame d’rasoir, le moindre contact m’brûle. Que cette mélodie stridente stoppe, qu’elle s’arrête, j’m’appuie avec un coude contre l’rebord d’la table, la nausée est omniprésente. Le Monde tourne, tourne, tourne, toujours, toujours et jamais. La cadence est trop rapide, courir, fuir, y’a plus qu’cela à faire, s’enterrer quelque part, à l’abris, et s’laisser pourrir les veines ; ronger l’âme. Mais j’suis bloqué, j’peux pas bouger. Le phénomène se produit au sens propre et figuré. Le bug constant, interminable. Game over s’affiche, clignote sur fond noir, et pourtant, la partie s’termine pas, elle stagne sur la fin, sans s’éteindre. « Ta fille j’sens pas bien, Aada, viens voir. » J’entends les talons d’ma mère claquer contre le carrelage, le vacarme semble amplifié. Tête légèrement relevée, j’scanne l’horreur maternelle, j’scanne son putain d’soupir dégueulasse, j’scanne sa figure d’sorcière déchue. « C’est rien, elle fait une de ses crises, elle va s’calmer toute seule. » Prévisible. Typique. « Laisse-là. » Putain d’Seigneur, j’exige un arrêt cardiaque, immédiatement – Amen. You are a fucking ugly bitch, I want to stab you to death, and then play around with your blood.

Un rire résonne, à s’demander si c’est l’mien ou celui d’une ombre errante, qu’importe. J’caresse l’écume artificielle avec l’index, c’est étrange, ni doux, ni brut, simplement vide. Souffle dessus, ça virevolte doucement, ça valse avec l’air. J’crois que j’ai abusé sur le produit à mousse, tant pis, c’est attrayant. L’esprit flâne, s’égare à la dérive, j’me sens en sécurité au sein d’la salle de bain, sereine, la carcasse décharnée dans l’eau brûlante. J’peux librement vaquer à mon occupation favorite : voguer sur l’imaginaire, m’faire bercer par les illusions fantasmagoriques. Éveillée, les rêves peuvent s’créer, le sommeil n’apporte que des cauchemars, monstres sanieux, et Faucheuse beaucoup trop armée. Là j’peux tout visualiser, tout et rien, c’est d’une simplicité déconcertante. C’est agréable. Le sinistre plafond s’ouvre sur l’infini, les étoiles dansent, la Lune m’fait un clin d’œil, le cosmos s’anime enfin. Et la mousse du bain accompagne l’infernal vortex. J’me marre et j’sais pas pourquoi, les raisons n’sont guère d’une grande importance. L’essentiel est d’rire, selon mon psychiatre illuminé. Triste névrose chez Alice au pays des Merveilles.

Ce soir, j’suis pas d’humeur colorée. Visage enjoué devant l’miroir, j’joue avec le ruban qui pend jusqu’au creux d’mes reins, rattaché à une des deux couettes en vrac, resserre celui qui m’tient la robe sous la poitrine d’un simple coup d’main, maigre sourire au coin des lèvres, le résultat est convenable. Maman va surement m’balancer que j’ressemble encore à une gosse, rien à battre, je l’emmerde prodigieusement. Elle m’gonfle. Comme m’gonfle le type d’toute à l’heure. Comme m’gonfle cette satanée existence. Comme m’gonfle ce reflet dans la glace, c’est creux, mort, le néant dans toute sa splendeur infâme. J’pleure pas devant cette image, j’pleure devant l’explosion névrotique. J'pisse mes foutues larme sur l'abomination qu'embaume cette pièce, this is the end.

C’est pas ma faute. C’est la faute au Monde. « J’peux vous aider, Mademoiselle ? » Long soupir, l’humanité m’exaspère, j’veux des pantins, des créatures fantastiques, et diverses chimères pastelles. « Oui, empalez-vous sur le réverbère, ça m’aiderait, sincèrement. » Il s'enfuit. C'est ça, dégagez, partez rejoindre votre perte. Sur le bitume, j'commençe à paniquer, éloignée d'la parade encore, rien qu'le bruit qui s'en émane est inquiétant. J'ai troué mes collants dans cette fichue chute, la maladresse m'tuera ; si Diable elle pouvait l'faire sur l'instant présent. Les voitures passent, j'me relève difficilement, pourquoi pas s'jeter sous une ? Rapide, efficace, ça laisse peu d'trace en plus. L'idéal. uc.
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