J'ai comme une voix dans ma tête qui dessine ma propre vie devant moi, et qui m'appelle un autre, un que je ne suis pas. Je ne suis même plus sûre de me reconnaître, et j'erre de reflet en reflet sans savoir lequel j'aimerais m'approprier. Aucun, certainement. Je suis celui que je ne suis pas, et il est moi. Je suis une ombre, l'ombre d'une homme qui disparait quand la nuit tombe.

Les costumes s'entassent sur les épaules de Water Lily. Ils pèsent sur son squelette, enserrent sa gorge. Ils ont broyé sa trachée, faussant sa voix pour toujours. Tout ce qui lui reste maintenant, ce sont les mensonges. Ne cherchez pas de raisons là où il n'y en a pas. Ce ne sont que des caprices, ces absurdités humaines sans aucun fondement. Lily ment parce que ça lui plait. Peut-être bien parce qu'il ne sait même pas dire la vérité. Il s'est crée tant et tant de personnages qu'aujourd'hui plus rien n'est sincère. Ou si justement. Il est sincèrement faux, il se perd derrière ses masques. Toutes ses relations ne sont que des rôles qui enfilent pour ne jamais les enlever. L'incohérence des gens semés par leurs propres esprits le poursuit, le définit. Merci de le plaindre en silence et de la mépriser bruyamment. Il ne sait pas gérer la compassion, ça laisse en lui des fêlures dont il ne veut pas. Rester dans l'ombre. La lumière des hommes ne réussi qu'à le bruler. Et les cloques marquent sa chair. Ainsi il se donne la nausée. Alors que dans l'obscurité, il devient ce chat gris qu'on caresse sans rien attendre de lui. La poussière de l'ignorance qui le recouvre suffit à son équilibre bien précaire. Si ont souffle ses particules que le temps abandonnent dans sa tête, au creux de sa peau, alors on révèle qu'il n'est qu'un statue creuse. Que le néant dévore.