Mon portable qui semble être dernier-cri, mais qui est juste une simple imitation. Une petite boîte marqué ‘pilules’ dessus. Un chewing-gum ou un bonbon de temps en temps. Deux pièces de monnaies. Un bracelet aussi. Oh et des miettes d’un gâteau qui y avait élu domicile il y a quelque temps.
Encore une boîte marqué ‘pilules’ dessus. Mon porte feuille, quand je ne l’ai pas oublié sur ma table de nuit, ou juste ma carte d’identité ti-pexée au niveau de l’âge. Des crayons de couleurs, aucun taillé. Un vieux sachet de bonbons. Des petits mots qu’on s’est échangés en classe. Mes écouteurs dont un seul marche. (et tout ça peut très bien se retrouver dans mes poches quand mon sac part en vacances).
Des chaussettes, principalement. Un bas de pyjama aussi. Un livre très usé. Un paquet de mouchoir. Du vernis. Nours (ma peluche). Et de la poussière, encore et toujours. (et des objets non-répertoriés, ayant perdu leur forme d'origine).

« Oh, mec, nan, là t’abuses, quoi !
- Quoi, mais quoi bordel ?
- Nan mais t’as vu ton décolleté ? Même la pute du coin elle aurait pas osé …
- Elle a pas de couilles, c’est pour ça. Ca te dérange tant que ça ? Oh non, ne dis rien … Ca te fait des chatouilles là où ça devrait pas ?
- Ta gueule Daphnis.
- Aurais-je touché juste, mon chou ? Oh, non, ne boude pas, mon mignon, si tu le demandes gentiment, t’auras même le droit de toucher. … où tu veux.
- Bordel, la ferme ! C’est bon, j’abandonne, j’ai rien dit, tes habits de pute te vont très bien, Daphnis. C’est ravissant.
- M’en voilà flatté. »
Et pour couronner le tout, il lui piqua sa cigarette, la portant tout de suite à sa bouche sous la mine dégoûté de son ami, qui pourtant avait l’habitude de Daphnis. Mais à croire qu’il ne s’y ferait jamais. Pour pousser le vice jusqu’au bout, Daphnis se lécha le lèvre supérieure ostensiblement, un sourire au coin de ses lèvres.
« Dommage, tu as très bon goût tu sais … »
Il était d’humeur joueuse, et n’écoutant que son instinct, son humeur, ses pulsions, il ne pouvait se réfréner et il y allait jusqu’au bout. Heureusement, son ami savait très bien comment il fonctionnait, il savait très bien qu’il n’y avait souvent que des mots. Il roula juste des yeux et s’alluma une deuxième cigarette, trop exaspéré pour même le maudire de lui en avoir gâché une. Après tout, il lui devait bien ça avec toutes les pilules qu’il lui avait refilées sans rien demander en retour. Il avisa le sac rempli à craquer sur le côté droit du garçon, et ne put empêcher un rire moqueur de sortir de ses lèvres.
« Faudra un jour que tu m’expliques pourquoi tu vas encore au lycée.
- Pour mourir moins con. Ou en tout cas, moins con que toi. »
Il l’avait dit avec le sourire, mais aucun doute qu’il ne le pensait. On pouvait facilement croire que Daphnis était naïf, un peu à côté de la réalité, mais on se trompait lourdement en croyant qu’il était stupide et sans profondeur. Il suivit du regard la main de Daphnis qui plongeait dans sa poche pour en ressortir une pilule blanche. Sans même avoir besoin d’eau, l’habitude sûrement, il l’avala tout rond. C’était tellement naturel pour Daphnis, qu’il n’avait même pas honte d’être sous médicament. Peut-être même n’avait-il pas réalisé la portée de la chose … D’ailleurs, il continuait de fumer comme si de rien n’était, s’asseyant même sur le trottoir. L’avantage d’être avec Daphnis, c’était que celui-ci ne recherchait pas forcément une quelconque conversation. Et c’était agréable, parfois, de juste apprécier une cigarette à ses côtés.
Cependant, lorsque Daphnis eut fini sa cigarette, il se leva, regarda son portable, remarqua l’heure, et se mordit la lèvre. Peu adepte des poignées de main ou des shakes compliqués, il déposa un léger baiser sur la joue de son ami qui grimaça.
« Mec, je déteste quand tu fais ça.
- Je sais. »
Après un petit sourire, il s’en alla, portant le lourd sac sur son épaule. Daphnis avait beau faire comme si de rien n’était, comme s’il était libre comme l’air, on sentait toujours une autre personne derrière lui dans ses mouvements. Il avait longtemps cru que c’était la figure paternelle qui pesait sur Daphnis, mais en étant plus proche de lui, lorsqu’il avait su qui lui donnait ses pilules, il avait vite compris que la mère n’était jamais loin. Il aurait été Daphnis, voilà bien longtemps qu’il aurait foutu le camp, loin de Derby, loin de sa mère. Mais Daphnis c’était un mec d’habitude, le genre de type qui se voit même pas voyager. Le jeune qui préfère de loin rester dans le quartier parce qu’ici, c’est chez lui.