Quelques pennies, des pincées de tabac en vrac, un ruban bleu.
Un harmonica, un feutre noir, un Moleskine à moité rempli, un échantillon de parfum eaudemoiselle de Givenchy
De la poussière, des perles d'un collier peut-être

Le vieux te dévisagea, Mermonte, ce nom lui disait bien quelque chose, un truc à voir avec sa sœur. Jules Mermonte, jazzman, qui faisait mouiller les midinettes mais préférais les hommes. Mon père. Décédé il y a un an. Trop de joins pour son âge Le regard hébété de l'homme te fit sourire, sa bouche s’entrouvrit, laissant tomber sa cigarette sur le sol dégueulasse de ce pub anglais. Il n'avait rien demandé, personne ne te demandait jamais rien. La mignonne, intelligente, douce, persévérante, décalée June. Tu aimes les gens, tu leur trouves toujours un charme dickensien, c'est peut-être ça qui t'a mené ici. A quitter tout, Lui surtout. Tes études, tu les avais dans la poche, musicienne émérite et autodidacte, élève assidue et douée. Cette voie, tu l'avais choisie pour ton père, une dernière volonté, parce que tu n'es pas une mauvaise fille après tout. Mais ce n'est ce que tu désires. Mais que désires-Tu ? Tu le voulais, lui, mais il ne t'aimais pas, il voulait vivre un coup de foudre, tu n'étais qu'un simple coup, toujours sous le coude. Une présence rassurante les soirs d'insomnies. La fuite. Tu as toujours fuis au fond. Même quand tu étais présente, auprès de tes amis. T'effaçant de leur attention, les écoutant, les observant. Tu es persuadée que tu n'es faite que pour ça. Être la spectatrice de cette vie. Alors tu pleures, encore et encore. Parce que personne n'a jamais pris la peine de venir sécher tes larmes. Pas plus ton père que son compagnon, encore moins cette mère anonyme que tu ne connaitras jamais. Renfermée, tu es un parfait secret. Tout est calculé, rien ne doit transparaître mis à part cette joie de vivre. Tout va bien, toujours bien. Tu remercies le Saint Père de t'avoir emmené ici, à Derby. Chez des ploucs. Bien loin de tes habitudes. Tu t'attends à chaque instant à rencontrer un hooligan sous héroïne prêt à te violer. Mais il ne vient jamais, alors tu bois, pour oublier, que tout ça, c'est des conneries. Et puis tu ries, parce que tu aimes la dérision et que ta vie est dérisoire.