des pétales de roses et de coquelicots
une barre de Kit-Kat en miettes, une clope écrasée, un portable raillé, quelques pièces vagabondes, des bouts de papiers chiffonnés.
des livres, un cierge, des moutons de poussières.

Exécrable vermine, tu étouffes à chaque battement de cils. Non, ton cœur ne s'arrêtera pas Luz, ni de battre, ni de pleurer. D'ailleurs depuis le temps que tu pleures vainement, tu aurais dû comprendre, les autres ont abandonné mais toi tu continues. 19 ans que tu pleures et cela ne semble pas assez long pour toi. Tu te languis de ton frère, absent, parti trop vite. Tous sont partis trop vite à ton contact. Non, tu n'es pas maudite et tes prières n'y changeront rien. Je t'ai choisi, enfant martyr d'une époque perdue. Tu tomberas entrainant les autres à leur perte, entrainant les sanglots long des hivers perdus auprès de tes seins. Les innocents font toujours pleurer ...

6h58: Levé. Le réveil s’adonne à un BIP-BIP strident qui fait sursauter le Chat. Luz reste une vingtaine de minutes étendue dans son lit, le Chat vient se coller contre elle.
7h40: La Mère vient secouer sa fille, lui balançant, vêtements, chiffons, livres au visage. Luz reste sans bouger sur son lit, le Chat s’étant installer confortablement sur sa poitrine, elle manque de s’étouffer. Lorsqu'elle se lève enfin, à 7h43, elle ne peut que constater que son bus vient de partir, elle sera donc en retard aujourd’hui, comme tous les autres jours depuis 6 mois.
8h32: Luz s’arrête au pub en face de l’université. Ne supportant l’idée de se fondre en excuse devant un professeur qui ne la connaît même pas, elle décide de se prendre une tasse de thé vert, puis, jette son dévolue sur un earl grey pour finir sa matinée sur un Irish coffee, le tout en épluchant les canards trônant sur le comptoir. Les vieux rigolent avec elle, s’amuse à la pincer en lui disant qu’elle ressemble à un tas d’os. Elle rit jaune en espérant leur mort prochaine.
12h14: Elle se ballade dans les allées calmes du cimetière, reste immobile et pensive devant une tombe, décide de s’allonger sur le marbre, le visage pointé vers le ciel et le nuages regorgeant de pluie acide qui flétrie sa peau. Avant de partir, elle glisse une autre lettre dans un vase vide, venant s’entasser avec les autres déjà présente depuis 6 mois.
14h23: De bonne humeur, elle décide d'assister à son cour magistral d’histoire médiévale. Elle s’installe donc au premier rang, en face de son professeur, les bras croisée, elle attend.
14h37: L’ennuie étant trop fort, elle quitte l'amphithéâtre devant les regards hébétés ou amusés.
15h20: Elle a faim
15h58: De retour chez elle, la mère repasse le linge, lui lance une énième injure.
16h10: Luz allume un cierge, ferme ses rideaux et pleure.
18h13: Luz entame La Valse aux adieux de M. Kundera. Le Chat vient se pelotonner sur ses genoux.
19h41: La mère l’appelle pour dîner. Comme d’habitude, elle lui dit qu’elle n’a pas faim. Pour lui faire plaisir, elle avale son assiette de soupe aux légumes du soleil. La préféré de son frère.
21h23: Nouvelle soirée. Elle s’ennuie. Comme toujours. Elle fait mine de rire devant les absurdités des autres.
00h14: Luz allume la télé, les autres semblent avoir oubliés sa présence. Les premiers épisodes de Pokémon sont décidément les meilleurs.
00h23: Un groupe s’incruste sur le canapé. Exaspérée, elle éteint la télé et décide de rentrer chez elle.
00h28: Luz tombe nez à nez sur un ami de son frère, il lui lance un vague salut gêné. Elle fait de même.
00:54: Attend un bus qui ne viendra jamais à cette heure tardive.
1h12: traîne du côté des usines désinfectées, espérant oublier son train-train quotidien.
3h36: Prostrée dans son lit, elle entame une nouvelle nuit sans rêve, comme toutes les autres depuis 6 mois.