Ma mâchoire se serre. Mes dents grincent. Sensation d’intense bonheur. Euphorie. Je danse avec lenteur, mouvements saccadés, souples, suivant le rythme des basses que le mur de son nous envoi dans la gueule. Joris se tourne vers moi, ses yeux sont noirs. Pupilles dilatées au maximum, je dois avoir la même tronche pale. Il me saisit par les épaules, et m’embrasse sur la joue. « Je t’aime Colomba. T’es la plus belle… Et putin si t’étais pas ma sœur… Je t’épouserais ! » Il rigole et me relâche. En plein tripe. Trois jours sans dormir ni même manger, on se nourrit à l’alcool et aux produits. C’est ça une teuf. Une free party. Une rave party. Le jour semble vouloir se lever, on commence à distinguer les arbres de la forêt qui nous entoure. Les lasers, les draps et la décoration en pleine nature me transporte. C’est magique. Je pourrais rester danser ici éternellement. J’admire le spectacle de lumière, je suis certainement la plus jeune. Les gens semblent tous être possédés, le regard vide, emportés par la musique, des cernes sous les yeux et bouteilles à la main, ils tapent des pieds selon le son. Chacun son délire, aucuns préjugés. Sarouel ou jeans troués, y’ a pas de place pour les fringues griffés. Les effets montent d’un cran, des fourmis dans la mâchoire, ma langue se déroule toute seule, je deviens dingue, légère, comme dans un rêve. Plus rien n’a d’importance et je tape du pied avec eux, sous l’œil protecteur de mon frère ainé. Voilà, mon dépucelage, ma première fois, ma première rave. Les couleurs se mélangent, mon cœur bat fort dans ma poitrine, je me sens décoller. Complètement percher. 15 ans sous Md’ entrain de planer.