Tennessee ♥ petite sœur adorée
Je la regarde. Elle est assise sur son lit, elle lit un livre pour enfants. Sur la couverture, une petite blondinette à l'air stupide et habillée d'une cape rouge regarde le lecteur avec un sourire béat, tandis qu'un loup qui se lèche les babines l'observe, caché derrière un arbre. Ce conte est idiot. Ten' porte une robe rouge, aujourd'hui, et je devine qu'elle s'est amusée à copier la pétasse de l'histoire. Ma sœur, ma si jolie sœur a vint ans mais elle reste persuadée d'en avoir onze. Par l'unique fenêtre de sa chambre, le soleil darde ses rayons sur elle, comme s'il avait voulu la rendre encore plus belle qu'elle ne l'est déjà. Je passe une main dans mes cheveux blonds et m'approche d'elle. Je m'assied sur le lit, et elle me jette un coup d'œil que, j'en suis sûr, elle espère discret. Elle fait comme toutes les petites filles de onze ans, quand un garçon s'approche d'elles, elles font semblant de l'ignorer, mais en réalité l'observe sous toutes les coutures. On reste comme ça, sans parler, elle à lire son bouquin, les jambes repliées sous elle, et moi, comme un p'tit con, les coudes appuyés sur les genoux et les mains dans le vide, avec ma gueule de défoncé. A chaque fois que je viens, je me demande toujours pourquoi l'infirmière du hall d'entrée me laisse passer pour aller voir ma Ten'. Enfin merde, ça se voit que je carbure pas qu'au café. J'pourrais être dangereux pour elle et tout qu'ils me laisserait quand même venir la voir ! Putain, ça me fout les boules de la laissée ici, un cinglé, un vrai de vrai, pourrait entré dans c't'hosto' de merde et buter tout le monde, Tennessee avec, et personne s'étonnerait qu'il ai pu entré. J'vais l'emmener avec moi, comme il y à quatre ans, et on va partir encore ailleurs. L'Angleterre, c'était pas une bonne idée, c'est encore pire que New York. Tu m'as apporté des médicaments, Jay' ? Elle a un sourire gourmand, et je souris à mon tour. J'suis vraiment fier de moi. A chaque visite, elle a vraiment l'air d'aller mieux, mieux qu'avec les putains de médoc que lui donne ce connard de Shepperd. Mais j'lui ai pas dit que ce que je lui donnais à s'injecter, c'était de l'héro'. J'lui ai pas dit, et j'pourrais jamais. Ca me donne moins l'impression de la rendre junky, ma petite soeur, ça me donne moins l'impression de lui faire un peu de mal. Même si en même temps, je suis content qu'on partage ça, elle et moi; cette foutue dépendance à quelque chose. Je farfouille dans ma poche, et sort trois seringues, prêtes à l'emploi. Je dépose un baiser au coin de ses lèvres avant de lui donner. Je t'apporterai tout ce que tu veux, ma chérie...