Les feuilles volaient autour et créaient un agréable craquement sous les chaussures du jeune homme qui était le seul bruit, avec celui du vent, qu'il percevait. Seul, il rentrait chez lui, après une journée de cours particulièrement intense. Il avait fait son possible pour éviter sa sœur, non pas par envie de se retrouver un peu avec lui même mais avec la conviction qu'elle serait affectée par cette décision à son égard. Il aimait la manipuler, la prendre dans ses mains et lui enfoncer des aiguilles aux endroits appropriés, pour pouvoir ensuite la reposer sur sa commode comme si rien ne s'était passé.

C'était son nouveau jeu, de lui faire peur. De l'inquiéter. De lui faire sentir qu'il ne ressentait absolument rien pour elle et qu'elle devait se mettre à genoux et ramper pour avoir son attention. Oh oui, il continuerait ce petit manège assez longtemps, puisque déjà cela portait ses fruits. Il ressentait un plaisir sadique à pouvoir se jouer aussi facilement d'Alice et un sourire en coin, il se remémorait la figure de sa sœur, ses cheveux volant, se sourcils froncés d'inquiétude et sa bouche entrouverte. Ses lèvres .. Charnues, douces, délicieusement formées et présentes uniquement pour satisfaire monsieur.

L'image s'effaça bien vite de son esprit pour y faire venir des chiffres, des lettres, par milliers. Il arrivait alors à la demeure familiale avec tout ce qu'il fallait dans son esprit pour se mettre sérieusement au travail. Il n'existait pas un jour sans que notre cher Graham s'adonne à la tâche quotidienne d'apprendre ses cours et de soigneusement faire ses devoirs, comme un élève modèle. Cela lui permettait d'extérioriser ses sentiments sur le papier, comme s'il insérait une aiguille dans une botte de foin sans penser que personne ne pourrait la retrouver.

Il gagna son bureau assez facilement. Graham sortit ses papiers, ses stylos, et se mit à écrire frénétiquement. D'un mouvement sage, le jeune garçon replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille et releva la tête. Calme, à tout instant, il ne put s'empêcher de remarquer que l'ambiance était particulièrement .. tendue. Qui pouvait à ce point affecter le karma de la pièce ? Cela ne pouvait être qu'Alice.

Froidement, il jura et ferma précipitamment un tiroir où se trouvait des lettres adressées à lui même, dans lesquelles il faisait état de sa triste existence et de ce qui lui arrivait chaque jour. Il inséra une clé dans la serrure et la tourna rapidement, en soupirant, avant de la jeter en dessous d'une pile de papier. A cet instant là, le jeune homme se retourna et se trouva nez à nez avec sa sœur jumelle, qui se trouvait à l'embrasure de la porte.

« Ne t'ai-je pas déjà dit de ne pas me déranger lorsque je suis occupé ? »