Cours. Cours ! COURS ! Enfuis-toi, sauve ta peau. Cours comme une dératée, mais ne prends même pas le risque de tomber, n'y pense même pas. Tu dois juste courir.Tokyo. 15 Mai 16h00[size=9] Lips ripe as the berries in June, red the rose, red the rose, skin pale as the light of the moon, Gently as she goes...
Elle saute dans la rame du métro avant que la porte ne se ferme. Bondé. Une journée qui s'achève, une de plus. La jeune fille se pose contre la paroi métallique et se laisse balloter au rythme de l'engin. Elle souffle. Pas très envie de rentrer et voir cet homme-là. Ce porc. Cet immondice ignoble moche et dégoutant. Elle se demandait ce que sa mère lui trouvait, il n'était même pas riche. Miyaki ramena son cartable contre sa poitrine et reposa son menton sur l'anse. Elle le haïssait. Soudain, elle sursaute, se rendant compte que son arrêt était le prochain. Elle se glisse devant les portes et bondit avant de se faire bousculer par la foule qui se ruait hors de la rame. Elle traîne des pieds jusque chez elle, balance son sac au pied des escaliers et ôtant ses souliers vernis d'un coup de pied. Elle se dirige vers le frigo pour grignoter un bout. Elle aperçut un post-it collé sur la porte, un mot de sa mère :
" Miya-chan, je rentrerai tard ce soir, je suis invitée à un buffet, peux-tu préparer à manger à Takahshi-san, onegai, ma chérie ? Kisu ♥ "
Miyaki blêmit. Elle allait se retrouver seule avec ce... AH. Non... Elle court dans sa chambre et se change, puis elle descend les escaliers quatre à quatre et se dirige vers la porte d'entrée. Elle pose sa main sur la poignée, quand celle-ci s'abaissa, elle écarquille les yeux et jette un rapide coup d'œil à l'horloge 17h30. Elle avait mis trop de temps, son beau-père avait eu le temps de rentrer du travail avant qu'elle ne parte... Il l'apostrophe d'un ton qui se veut blagueur. Elle répond en grimaçant, puis elle essaye de le contourner afin de sortir. Il la bloque.
-Où vas-tu comme ça ? Demande-t-il sèchement en claquant la porte.
-Je sors avec des amies, on ... on va au cinéma !
Il reste devant la porte, la regardant de haut en bas, s'attardant un peu trop à son goût sur la longueur de sa jupe et sa poitrine...
-T'es vu comment tu es habillée ?!
-Oui... Normalement ...
Il la saisit violemment par le bras et attrape un pan de sa robe, tout en la secouant méchamment.
-Tu appelles ça NORMALEMENT ?! Prostituée ! Tu fais honte à la famille !
-Mais, non, je ...
Il la chope par les cheveux et la pousse vers l'étage. Elle tombe dans les escaliers, il la relève par les cheveux, la poussant violemment. Elle hurle. Elle tombe à nouveau, s'écorchant les genoux, il la relève à coups de pieds. Quand elle arrive dans sa chambre, il la jette sur son lit. Elle pleure et gémit de douleur, se massant la tête...ses pauvres cheveux lui brûlaient le crâne et ses genoux étaient à vif, sans compter les hématomes qui commençaient déjà à bleuir dans son dos et sur ses jambes. Elle se relève et le regarde, un air de défi dans les yeux. Elle a mal, mais elle le tuerait si elle pouvait. Elle le haïssait encore plus qu'avant et cette haine n'avait pas de nom. Oui. Innommable. Aussi sourde que la douleur qui traversait son corps et aigüe qu'une puissante migraine. Elle se frotte les bras et le toise. Il s'avance vers elle. Les sourcils du quarantenaire sursautaient, comme un tic. Le regard de l'homme est plein de folie. Elle a peur. Elle recule. Il lui attrape le bras, serrant fort sa poigne et lui ordonne d'un ton sec:
-Déshabille-toi.
Elle ouvre les yeux en grand. Soudain, tout s'accélère, la peur augmente son rythme cardiaque. Elle a l'impression que le temps s'est arrêté. Elle n'entend plus que les battements affolés de son coeur. Mais elle lit sur les lèvres de son beau-père.
-Déshabille-toi.
Elle déglutit. Ses yeux s'emplissent à nouveau de larmes, mais elle s'agite doucement, obéissant à l'homme qui s'est assis et la regarde. Elle ôte son gilet lentement et quand il glissa au sol, elle bondit vers la porte, actionnant la poignée dans le vide. La porte est fermée à clé et la clé... Elle se retourne et regarde l'homme qui la maintenait captive. Et la clé est entre les mains de Takahashi-san... Miyaki hurle et tombe à genoux au sol. Un cri déchirant. Un cri de douleur. Un cri... de peur. Il s'approche d'elle, la saisissant à nouveau par les cheveux et la jette sur le lit, grimpant au-dessus d'elle, la maintenant immobile contre les draps. Blancs. Blancs les draps. Elle pleure. Se débat. Il lui enfonce la tête dans l'oreiller. Elle continue de s'agiter, préférant mourir que seulement imaginer ce qu'il allait lui faire. Il rit. De ce rire effrayant et guttural. Un rire qui ressemble à un grognement animal. L'être primitif se réveille. Le prédateur referme ses griffes sur sa pauvre victime. Il la dévore. Il la brûle. La vide de sa vie. De tout ce qu'elle avait de précieux. Le temps lui semble si long à Blanche-Neige. Elle a mal. Les larmes ne cessent de couler. L'oreiller est inondé. Les draps blancs sont tachés.
Salie.
Elle se meurt.
Au revoir, Princesse.
Tokyo. Mai. 22H35Il est parti. Elle est seule. Elle s'est lavée. Pendant trois heures sous la douche à frotter. Sa peau est rouge, irritée. Elle s'en fiche. Elle est sale. Elle s'est rhabillée. Elle est sortie. Il pleut. Tant pis. L'eau ruisselle dans ses cheveux, la trempe jusqu'aux os. On ne sait même plus si se sont des larmes qui coulent sur ses joues ou bien si se sont les gouttes de pluie. Elle court. Elle manque de se faire écraser par au moins deux voitures. Une voie de chemin de fer. Non. Les rails du métro. Il passera dans une ou deux minutes. Plus qu'à attendre. Elle se laisse tomber à genoux. Les bras ouverts vers le ciel, accueillant la pluie comme sa mort à venir.
Un policier tourne au coin de la rue. Il la voit. Il court. Un battement de coeur. Elle attend. Elle attend le métro. Elle le prendra pour la dernière fois... Il saute vers elle, la saisit à bras le corps et se précipite avec elle de l'autre côté de la voie. Ils roulent sur le sol. Elle hurle. Elle hurle qu'elle veut mourir. Elle hurle qu'elle ne peut pas continuer à vivre. Que c'est impossible. Qu'il FAUT qu'elle meurt...
Il la rassure, il veut la prendre dans ses bras, elle est touchante cette princesse tombée de son trône, la couronne de travers. Elle le repousse, tremblante, elle a même lâché un cri de terreur. Bien que ce ne soit arrivé que quelques heures auparavant. Lorsque les mains du policier la touchèrent, elle eut en mémoire tous les façons dont ce porc l'a touchée. Elle sent à nouveau les larmes monter et jaillir. Une fontaine de douleur. Triste tableau.
La Princesse a mal.
Tokyo. 30 Mai.
Hôpital Universitaire de Jonan.Elle n'a plus parlé. Elle ne voulait plus manger. Sa mère est désespérée. Elle lui répétait qu'il fallait qu'elle aille mieux. Alors elles partiraient, car Miyaki n'était pas en état de prendre l'avion. Mais il fallait qu'elles s'en aillent. La mère de la jeune fille avait porté plainte contre son mari et demandé le divorce. Elle pleurait sa fille. Elle pleurait le fait qu'elle n'ait pas été là, qu'elle ait fait confiance à cet homme. Elle haïssait tout ce que cet homme avait fait à sa fille. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle était enceinte et Miyaki ne pouvait avorter, car trop faible...
La jeune enfant ouvrit les yeux et regarda sa mère. Lorsqu'elle ne dormait pas, elle ne cessait de demander pardon à sa mère... Pardon pour tous les problèmes causés. Elle murmurait ces excuses, sur un ton si bas, qu'au début, il était difficile de savoir ce qu'elle articulait.
Elle se releva tout doucement et regarda sa mère, avec son regard vide. Elle regardait sa mère sans la regarder. Mais elle lui parla. Elle lui dit qu'elles pouvaient partir. Qu'il fallait qu'elles partent. Elle ne supporterait plus de regarder Tokyo. Car tout lui rappellerait cette nuit-là.
Elle resta une semaine de plus à l'hôpital.
Et elles partirent.
Direction l'Angleterre. Miyaki savait parler un anglais très scolaire, sa mère, pas un mot. Qu'importe. Elles iraient. C'était loin et il leur était impossible de recroiser cet homme ou même un semblant de salaud lui ressemblant. La jeune fille voulait se reconstruire. Elle voulait guérir. Même si elles n'étaient pas très riches, elles avaient pris un avion d'une compagnie assez confortable. La mère voulait le meilleur pour sa fille. Elle voulait que tout aille bien par la suite pour son ange.
Elles s'établirent donc en Angleterre. Miyaki ne sortit pas tout de suite de chez elle. Elle restait enfermée toute la journée, caressant son ventre, regardant par la fenêtre. Elle savait qu'il fallait qu'elle sourit. Sa mère avait mal de la voir aussi mal. Elle aimait sa mère qui culpabilisait toujours. Elle ne regrettait pas que le policier l'ait sauvée. Elle voyait la souffrance de sa mère et savait qu'elle aurait été la même si elle s'était tuée, voir même pire...
Bristol. 09 Septembre.Le ventre de la jeune fille s'arrondissait, même elle s'arrangeait pour le cacher. Elle sortait à présent, elle avait trouvé un semblant de sourire, elle avait su remonter à la surface et ne s'était pas noyée. Elle buvait cependant. Elle faisait souvent la fête. Utilisant ce prétexte pour se sortir de la tête le fait qu'elle soit enceinte, le fait qu'elle soit aussi sale... Elle oubliait et elle aimait oublier. Sa mère se désolait de la tournure que cela prenait. Mais elle se sentait bien, mieux du moins. Elle allait en cours, parlant de mieux en mieux anglais, avec encore beaucoup de difficultés à comprendre. Mais sa vie prenait une tournure plus agréable. Les 4 mois du fruit de cette nuit-là, allaient bientôt sonner... Et comme toujours, ce jour-là, elle pleurerait. Mais elle savait que le temps où elle aura oublier tout cela arrivera, bien que ce ne soit pas pour demain ou après-demain. Elle était confiante en l'avenir. Elle avançait. Une main tenant une vodka et l'autre posée sur son ventre.