J'ai disposé la clef dans la serrure. Mon paradis c'est ouvert. Je me suis faufilée par entrebâillement de la porte. Planté devant l'entrée, j'ai reniflé cette odeur de moisissure. Depuis un ans, rien a changé. Les même meubles disposés au même endroit. Mais ce silence de mort règne. Le rien résonne dans ma tête. Le néant siffle dans mon crâne. Explose mes tympans. Les ultrasons percent mes oreilles... impénétrables. Fini. Ils sont partis. Gaïa les a chassés. Ces petits gnomes m'agacent. Leur invisibilité ne les sauvera pas. Notre ancien salon est poussiéreux. Vide intersidéral. Mes amies, petits insectes aux six pieds, ont délimités leur territoire. Leur fils de soie tranchent la pièce. Je les observe jouer aux funambules. Une d'entre elles se baladent dans mes cheveux. Ne t'aventure pas là dedans, tu n'en finira pas vivant. Un souffle caressant la table basse, les petites particules grisâtes s'envolent dans la lumière. Elles me chatouillent la gorge, les vilaines. En même temps, je les ai dérangés pendant leur long sommeil,y'a quoi en être émouché. Le rien me sourie. Quelle perverse infamie ! J'me sens si seul dans cette maison close, je suis le seul signe de vie. Tout est mort autour de moi. J’apparais sculpture vivace déposé dans cet environnement mourant. J'essaie en vain de me fondre dans cette peinture. J'me colle aux murs. J'me pose dans les coins. J'm'allonge parterre. J'fermes les yeux pur paraître plus mortuaire. Rien à faire. J'me sens toujours aussi seule.
C'est mon royaume. Mon antre magnifique dans lequel je fabrique toutes mes potions magiques. Assise en tailleur sur le carrelage de la cuisine, je manie tout mes ingrédients. Bave d'escargot, poil de chat noir, aile de chauve souris, dents de rongeur. Tout grouille dans mon mélange. Pour laisser place à une couleur cramoisis. Mon chaudron en cuivre que ma maman m'a offert pour mes sept ans, avale toutes les friandises que je lui donne. Quel brave marmiton. Un surplus de lettres m'ont été renvoyé. Des mots hasardeux que je leur écrit. Ils dénient avoir une fille. Peut être ont-ils découvert que j'étais une sorcière ?
Ma tante habite un grand château. Seul dans les contrés verdoyantes. Avec elle, on boit du thé à toute les heures. C'est une sorte de chapelier toqué. Elle se vante de son jardin. Moi, j'aime surtout sa serre en verre dans lequel elle fait poussés tout un tas d'herbes. C'est magique, c'est fantastique. Avec toutes ses plantes, je fais des mélanges. Roulées dans du papier, je les fume sans m'arrêter. Ma tête tournicote, mes pensées tourbillonnent. J'aime bien cette sensation de me laisser-allée. Dans ce monde-là, les gens n'ont pas peur de moi. Ils me demandent toutes sortes de remèdes, efficace pour remédier à un amour imaginaire, ou pour soigner une quinte de toux. Mes parents adoptifs sont des escargots, ils me chérissent de doux mots. Leur bave stoppe mes larmes, et guérissent mes plais infâmes. Je reste la sorcière du quartier ! Mais toutes les jolies filles m'envient, car je suis la plus belle. Aucun verrue me pousse sur le bout du nez. Ma peau est de porcelaine. Mes traits fins vous charment. Mais le plus beau, c'est bien évidement mon cou, qui laisse transparaitre une grâce digne d'une divinité. Mon teint est bien pâle, mais constellé de grain de beauté. On dirais une nuit étoilé inversé. Le plus magnifique est la douceur de mes yeux, dont le bleu emporte mes amants au rivage de l'océan. Tout le peuple de ma contrée, vante ma beauté. Je suis l'enchanteresse, qui enchante grâce à ses tresses !
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Aujourd'hui est un grand jour, j'ai décidé d'enfin trouver l'amour. Ce sentiment ne me connaît pas. Il a décidé de sauter mon cas. Il a peur que je lui en veuille de ne pas m'avoir trouver le bon. Que la rage m'emporte, que je lui jette un mauvais sermon. Alors j'me débrouille seul. Histoire de ne pas finir par un deuil. J'ai décidé de m'y mettre cette nuit. J'irai dealer dans une boîte. Un client satisfait tombera bien sous mon charme. J'ai déjà réussi à séduire le bodyguard, il m'a laissé rentrer malgré ma bouille pas assez âgé. J'ai scruté la salle surchauffée, aucun ne me satisfait pour l'instant. J'en percute quelques uns, les murmurant dans l'oreille. « ô brave pèlerin, vaudrait-tu embaumer tes lèvres du goût aphrodisiaque de mes herbes ? » Ils comprennent rien à la poésie de mes mots. Ils me prennent pour un gigolo. Un zombie à qui j'ai eu le malheur d'adresser la parole, à confondu mes lèvres au lieu de mes herbes. Il m'a roulé un patin. J'aurais bien utilisé sa bave pour une quelconque potion destiné aux gens beau x qui en avaient marre de l'être. J'ai essayé de faire plus ample connaissance, mais rien à faire. Ce ne sera pas lui le bienheureux. Ni celui, qui accoudée aux bras, m'a écouté déblatéré mes malheurs au serveur. Aucun des garçons de cette boîte de nuit ne m'a dévoilé son courroux. Ne serais-je pas maudite ? Est ce ma mère la vraie sorcière ? Aurait-elle souhaité qu'aucun homme ne veuille de moi, autrement que pour une partie de jambe en l'air. Quel atroce destin. Je finirais la nuit entre les miens. La pleine lune éclaire mon chemin. Heureusement que je n'ai pas oublié ma potion afin d'anéantir tout les loups garous qui souhaiterait me mordre le cou. Mes pas me mènent à mon lycée. J'ai l'habitude de m'allonger sur un des bancs. Les rêves m'éloignent de ma triste réalité. Le sommeil me berce. Les escargot écoutent mes histoires saugrenues. Je chuchotent à leurs oreilles, des ragots que j'ai entendu. Et toute la nuit, je suis bercée par ce flot. La pluie qui tombe des cieux, me lave le visage. En ces jours pluvieux, je reste la plus sage.
Mes draps sont froissés. Mes deux initiés se sont en aller. Hier, je les ai embêter avec mes rituels. J'ai souhaité invoqués les esprits, en leur agréable compagnie. J'ai disposé partout dans ma chambre, des milliers de petites bougies. Ces lumières qui dansent au gré du vent. Me font oublier tous ces sales garnements. J'ai manqué de tout faire brûler. Heureusement, rien n'a flambé. Vaut mieux pas que j'prennes ces habitudes de pyromane. Avec ma condition de sorcière, ils iront me brûler au bucher. J'suis pas rousse, ils ont rien à craindre de moi. J'ai juste ces tâches de rousseur qui me parsème le visage, de toute façon ça partira au fil des âges. C'qu'ils souhaitaient ces deux sales enfants, c'est que je leur offre du plaisir. Jusqu'à en mourir. J'ai réussit à les faire jouir. Ils sont partis ravis. Pauvres bêtes. Je ne les ai même pas emmener dans mon monde.
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