mes cheveux ne sont plus rose, ni violet, ils sont tachetés de jaunes et de vert bleuet. ça fait cinq heures que je suis sur cette toile. j'ai une folle envie de la déchirer, d'y percer un grand trou. rien de bon. c'est mauvais, mauvais. j'ai perdu mon talent. j'ai perdu mon amant. qu'est ce que j'vais faire sans ses dix doigts magiques, dont l'art soliste les dons fantastiques. mon pinceau ne m'obéis plus. c'est mauvais. je suis au fond du gouffre. plus de lumière. comment vais-je faire ? mes bras se disloquent. mes jambes s’alourdissent. j'peux plus bouger. mes articulations sont bloqués. j'm'amaigri à chaque bouchée, j'ai l'impression de manger de la cendre. je suis au fond du gouffre. aidez moi. j'ai décidé de rester les yeux fermés, pour ne plus voir les atrocités que j'ai crée. maître, je vous en supplie. redonnez moi cette force que j'ai perdu. éclairez mon chemin. le noir me languit. mon cœur est orgueilleux de ses souffrances. entendez mon appel au secours. ma voix est faible. j'ai perdu la chose qui me constituait : la création.
soudain, je sens cette force poser son poids sur mes épaules. il est là. il me caresse, prend soin de moi. il m'aide à me relever, à me repentir. je suis toujours aveugle, il guide mon chemin. je sens sa confiance à travers sa main posé sur mon épaule. il me nourrit. le goût m'est revenue. ma dernière épreuve est de me placer devant cette toile d'un blanc immaculée. mes paupières se sont soulevées d'elle même, ma volonté m'est revenue. l'idée aussi. plus de pinceau, je serais le mien. je les balance tous par la fenêtre. pluie de pinceaux usés pour les passants du jour. j'enlève le t-shirt noir qui me couvrait le dos. pose sur le sol, mon chevet. de la musique expérimentale en fond sonore. et ma gorge dégluti. un cachet maudit dans mon sang. j'me suis perdu dans la pays d'alice. je rétréci. non, j'voulais pas ça, j'voulais pas ça. un poisson d'or dans mon bol. j'ai des trous dans mon cerveau. j'ai les mains couvertes de sang , et je suis dans l'incapacité de stopper l’hémorragie. du sang doré. coule sur le tapis. mes pieds s'enfonce dans ce sol lipide. les poissons accouchent des rond jaunes. je suis un fantôme rose, je les mange. mais ma langue s'est élargie. j'peux plus ouvrir la bouche. elle m'arrive jusqu'au pied. j’m'emmêle, j'tombe à la renverse. tourné boulé. c'était un peu trop tôt pour reprendre ce genre de pilules. descente. les lignes se précisent. j'ai mal au crâne. j'suis tombée. je suis toujours nue, mon corps est peinturé de bleu ibk. devant moi, un chef d’œuvre. j'ai réinventé klein.