STAINED PARADE : SE S'RA DANTESQUE, CARNAVALESQUE ET TITANESQUE
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Sujet: STAINED PARADE : SE S'RA DANTESQUE, CARNAVALESQUE ET TITANESQUE Dim 30 Oct - 23:37
La techno-cité colorée retient son souffle, la parade est en marche. Otez vous l'idée des chars fleuris, des danseuses à plumes venues agiter leurs pompons, gueuler leurs slogans atroces. L'évènement majeur d'Invidia n'est pas l'avènement d'un monde de paix, d'un arc en ciel de bonheur, au grand malheur des autorités. Paraît qu'la police n'en dort déjà plus la nuit, s'remémorant l'année passée, celle d'encore avant. Chaque octobre, les couleurs d'Invidia deviennent plus vives, la danse des épileptiques. Chaque octobre, les beats de musiques crachée par d'immenses enceintes englobent la ville, à vous en faire éclater les tympans. Un holocauste sonore et visuel, la métropole retrouve sa vie, ses habitants aux mines de macchabées pixelisés sortent de leur trou pour deux jours de fêtes, à s'en faire exploser les synus, à s'en déchirer la membrane. Corps en effusions, baise et consommations illicites à outrance, la stained parade d'Invidia n'est qu'un coup de théâtre préparé et partagé. La définition d'un Eden anarchique. La porte d'un paradis crade vous est ouverte. Attention simplement à ces mails, reçus dans vos e-box. Il semblerait qu'un black hat, un peu dingue, se soit décidé à changer la règle, à apporter sa touche personnelle dans notre chère parade. Tout le monde n'est pas touché par ces défis, balancés comme un jeu aux habitants. Certains parle de canular, d'autres d'un enfant attardé, d'un dingue au dessin barré. Qu'importe, le mail se trouve enfin là, vous attendant avec son annonce surprise. Shall we play a game ?
Rire machiavélique, des bruits de pas en tout sens résonnent. La musique tonne, si fort, qu'on lui prêterai volontiers des vertus hallucinogène. Les éclats d'hilarité s'amplifient. On comprend alors qu'ils sont mécaniques, sortis tout droit de l'ignoble Billy surplombant la foule extasiée. Et il ne s'agit là que du premier char. Celui qui distribue à toute volée des bonbons par poignets. Ils ont d'ailleurs un drôle de goût acidulé, attention à la couleur que vous choisissez. Ils auraient de drôles d'effets... Juste après, à peine vêtus, des danseurs peinturlurés de fluorescentes rayures se mêlent aux badaus, les obligent à rentrer dans la parade. Les spectateurs ne sont pas admis tenez le vous pour dit. Ici tout le monde est acteur et plus le défilé s'avance dans les rues plus les limites s'effilochent. Bientôt il n'y aura pas âme vivant dans les alentours qui ne soit contaminée. Happée coulée, la stained parade va tous vous avaler. Un dernier coup d'oeil ? Puisque vous y tenez. Le beat se déchaine, les junkys rampent sur le bitume en lampant tout ce qui ressemble à un bombec. L'un d'eux se fait piétiner sans que personne n'en soit bouleversé par un couple grimé en Mr et Mm Adams. À peine quelques mètres derrière une enfilade de costaux tout en cuir et en chaines chope le moindre éphèbes qui frétille sous leurs yeux. (censure de toute urgence, les yeux pures veuillez nous pardonner) Avidité de tout ses esprits connectés. Dans un même instant, ils sont tellement viciés. Ça ne fait que commencer.
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Sujet: Re: STAINED PARADE : SE S'RA DANTESQUE, CARNAVALESQUE ET TITANESQUE Sam 5 Nov - 19:42
Je roule sur le matelas, attrapant le drap avec moi pour finalement me retrouver sur le dos, pliant une jambe et croisant l'autre par dessus. Un vieil air de Creedence Clearwater tourne en boucle, le son s'échappe d'un vieux tourne disque, la relique cachée dans un appartement de style dix neuvième siècle. J'ai l'impression de me mouvoir dans un roman policier, le polar glauque où j'aurais le rôle de la catin, la putain adorée qu'le détective chéri en secret. Une des premières victimes aussi. Je m'étends un peu plus sur le matelas, cherchant à tâtons la clope laissée à moitié éteinte dans le cendrier. Flamme du briquet venant embraser le bout de la marlboro, la pièce s'éclaire l'espace de quelques secondes. Cette chambre a quelque chose d'étouffant, on se croirait presque sur une ancienne planque, laissée à l'abandon. Stores tirés de moitié, les lumières de la ville renvoient des stries vives sur les murs et le sol. Les habits sont éparpillés un peu partout, les cendriers pleins à craquer, les feuilles s'amassent aussi bien sur le bureau que sur le parquet. J'ai toujours aimé cet endroit, cette espèce d'angoisse d'époque qu'il créait dès qu'on posait le premier pied en son sein. Un malaise voulu, sorti de l'imagination tordue et perdue de son propriétaire. Stefen n'est pas dans son lit, j'suis le seul à habiter l'appartement. Parti je ne sais pas où, je n'avais jamais réussi à suivre ce mec. C'était peine perdue, rien ne tournait rond. Sa santé mentale partait à volo, et chaque parcelle encore saine était soigneusement grignotée par les pilules chimiques qu'on vendait en sous main dans la ville. Théâtre de l'absurde, l'écrivain improductif ne vivait que dans les recoins de sa boîte crânienne. Stefen n'était plus dans son appartement. Parti chasser le tueur imaginaire qui peuplait ses esprits, allé acheter une poignet de drogues au hasard, déjà les pieds devant après s'être logé une balle entre les deux yeux... J'sais pas, capable de tout. Du meilleur comme du pire. Rien n'était réel avec lui, rien n'avait d'importance. Tout et son contraire, il fixait les lois de son monde crée de toute pièce. Un aliéné coincé dans une dimension elle même coincée dans le cirque urbain qu'était Invidia. Stefen pouvait aussi débouler d'une seconde à l'autre pour me planter un couteau en plein cœur, en me hurlant que j'n'avais pas l'droit, que j'avais fait le mauvais choix en le doublant. Délires puissants, je l'avais déjà vu faire et dire des choses que ma conscience trop terre à terre n'arrivait pas à analyser. Qu'importe, j'aimais bien Stefen. Parmi la liste de clients habituels, il était le seul pour lequel je me déplaçais encore vraiment. J'sais pas vraiment pourquoi. Peut être à cause de ça, cette sensation d'entrer dans un monde totalement à part, irréel, et de ne pas en connaître l'issue. J'me bâtis une nouvelle vie grâce à l'écrivain rongé par la folie. Génial, et ça me fait doucement sourire.
Je tire une longue latte sur la cigarette, me redressant légèrement pour retomber sur mes pieds. Lit quitté, je me penche pour attraper mon t shirt, l'enfiler en traînant dans le salon complétement ravagé. Bordel sans nom. L'ordinateur est allumé, et je me penche dessus, la lumière m'éclatant quelques secondes les yeux. Bonsoir Isaia, nous allons jouer à un jeux. Halloween a toujours été le théâtre de farce, de plaisanteries et autres divertissements appréciés de la foule. Mais ce soir je ne m'adresse qu'à toi, Isaia. Relèveras tu le défis que je te lance ? Ou prendra tu le risque d'ignorer mon murmure... Je plisse légèrement les yeux, pince des lèvres en poussant une chaise vers moi. C'est une blague ? L'amour est le plus beau des sentiments, et les catins semblent également y avoir droit. Le cœur battu sur les parvis, la flamme devra être déclarée à l'objet des désirs enflammés. Quelques petits mots, je-t-aime, qui t'écorcheront la gorge en les glissant à l'oreille de Jesse le soir de la Parade. Affectueusement. Foutue connerie. Une sorte de défi … Stefen avait complétement perdu la tête ce soir. Un truc cloche. Je me lève d'un bond, attrapant le reste de mes affaires, l'enveloppe contenant mon fric pour dévaler les escaliers, regagner la sortie. Faut qu'j'me tienne loin de la Parade. Trop de bruits, trop de lumières. Planqué dans un café, déserté pour cause de parade, j'compose enfin le numéro de Jesse. Messagerie, et j'balance simplement l'adresse du café vide.
STAINED PARADE : SE S'RA DANTESQUE, CARNAVALESQUE ET TITANESQUE