un marqueur noir, des cigarettes cassées en deux, un zippo imprimé d'une fille à poil, une pièce pour les pauvres qui font la manche, sa carte de visite. Une capote trouée, aussi. Et puis quand t'as de la chance, il a son portable, un vieux modèle avec snake dessus. Ses poches sont pas grandes, juste bonne pour caser tout ça.
tu l'as pris pour une meuf ? comme si il avait un sac, dude, sérieux.
une fille qui joue à cache-cache, ses aiguilles et son encre de secours, un caleçon et des strings inconnus.

Défoncé. Arraché. Tu sais même pas comment t'as fait à rentrer dans ton quartier. Tu marches pas droit et du bout de tes doigts t'effleure le bas des reins de cette catin. Un véritable déchet. Et ça te fais rire. Limite elle pourrait être transsexuelle qu'on verrait pas la différence. Un jour t'apprendras à faire la différence. T'as toujours voulu devenir sexeur de poussins. Savoir d’un coup d’œil, d’une caresse du pouce, si la boule jaune que tu tiens deviendra un majestueux coq ou une élégante poule. C’est bien payé paraît-il. Apparemment, ça ne se résumait pas à tripoter l’organe, en vérifiant si c'était une protubérance ou un petit trou. Non, c’était bien plus complexe que ça, qu’on t'as dit. Alors t'as déchanté. C’est pas grave. Tu deviendras testeur de capotes, ou renifleur d’aisselles. P'têtre même que t'apprendras à laisser ta griffe indélébile sur les corps purs ou poilus. Son rire te donne envie de la crever et te conforte dans l'idée que finalement, la vie, c'est de la merde. Une merde de celle qu'on aime malgré tout à se remplir jusqu'au cou. Parce que si il ne t'arrivais pas toutes ces saloperies, tu te sentirais pas vivant Axel, et tu le sais. Alors tu continues et d'un geste brusque tu ramènes ses fesses contre ta hanche. D'aussi loin que tu te souviens, t'as toujours eu cette colère en toi, cette haine aussi corrosive que de l'acide citrique. Tu vivais seul avec ta mère qui s'acharnait au travail pour te trouver de quoi manger et tu ne voyais que la pourriture humaine à chacun de tes pas. La suite était prévisible. Certains ont dit que t'avais « mal tourné ». T'aime dire que tu t'es juste trouvé. La violence, les dégradations, le refus de se plier à l'autorité quelle qu'elle soit, les conneries tout ça, c'est juste un moyen de se manifester au fond, tout essayer. T'as jamais rien regretté. T'as trouvé des gens qui partagent ta haine, tu t'es crée un monde, la rue est ton terrain de jeu grandeur nature, au début en tout cas. Tu la pousse dans la cage d'escalier et tes lèvres gercées viennent se plaquer contre les siennes. Une main sur un sein tu plonges tes yeux dans les siens et t'avance ton bassin contre le sien. Les murs jaunis à la limite du défraichis sont couverts d'insultes de gamin au mal de vivre. T'étais comme ça toi aussi, t'as pas changé et tu te reconnais dans chaque bout de texte écrit d'une main d'enfant. Rien ne t'empêche de te la faire là Andy, sur ce mur détruit mais t'as envie de retrouver ton lit. Ton studio est pas bien grand mais entre dormir et baiser, tu fou pas grand chose dedans. La blonde te regarde allongée sur ton vieux matelas et du bout des doigts t'allumes une cigarette avant de t'allonger sur le lit. « viens. » Et puis le reste c'est malsain. Une fois, deux fois, trois fois. Quand ça c'est fini elle est partie. T'es con Andy. Cette fille aurait pu être l'exception.