Le soleil, le ciel jonché de nuages, le visage de Stain, l’herbe, l’odeur de la terre. Les ténèbres.
Les méandres de son esprit, disloquées en parties inégales, flottent devant ses yeux clos. Peine perdue que de tenter de les attraper, comme on attraperait de l’eau avec les doigts, matière non solide. De lointain froufrous lui parviennent, loin, en deçà d’un autre monde semble-t-il, et si lointains qu’ils ne font qu’effleurer sa conscience, pourtant, Elfi sait que ces effleurement ont leur importance, capitale, mais, l’un dans l’autre, allongée, là, à même le sol, l’odeur forte de la terre dans les narines, rien n’importe. Sa conscience s’envole, virevolte, danse avec les étoiles, là-haut. Elle lui échappe, revient près d’elle lui susurrer des mots incompréhensibles, s’envole à nouveau. Elle gémit. Le sang bat à ses tempes, le cœur s’affole, le sang afflux. Trop vite. Puis, soudainement, le vide. Perte de connaissance. L’oubli de la demoiselle, poupée de chiffon entre les mains d’étrangers.
Son mal de tête est affreux ; un étau lui enserrant le crâne. Tentative de mouvement, réponse de l’organe, ses doigts lui répondent. Serait-elle morte ? Es-ce ainsi que sont les Enfers ? Noirs. Puis, elle réalise que ses yeux sont fermés. Stupide gamine, mais, dès alors, elle refuse de les ouvrir, terrifiée de ce qu’elle pourrait, là, découvrir, en les ouvrant. La Faucheuse l’attends, là, pour sûr, et elle, nue, se devra de l’affronter. Le silence est soudainement troublé ; « tuuut » fait la machine, et elle tique, aussitôt. A nouveau, régulièrement, le bruit sonore, dérangeant, résonne. La terreur lui étreint alors le cœur ; ce ne sont pas les Enfers ; ce bruit, n’est pas le son des Chiens d’Hadès. Elle ouvre les yeux. La blancheur des murs l’agresse, aussitôt, elle les referme. Peu à peu, elle retente, peu à peu, sa vision s’habitue, et elle découvre la putain de chambre d’hôpital. Et ses bras, entravés, attachés au lit. Guère plus de quelques centimètres pour bouger, et c’est pas difficile à comprendre ; elle s’est débattue, lorsqu’ils l’ont amenée. Elfi s’affole, roule des yeux. Les hôpitaux la terrorisent, jusqu’à la moelle. Étrange chose, elle qui est atteinte d’une foutue maladie incurable, que de se voir affecter comme phobie, celle de la médecine et de son environnement. Alors, et seulement, alors, elle le remarque. Assis dans la chaise réservée aux proches des malades. Vaine, elle stoppe tout mouvement, retombant sur ces oreilles, et ces draps trop blancs. Ses yeux cherchent ceux de Raj. « Détache-moi. » ça lui écorche la gorge, d’avoir cette putain de voix suppliante, ces larmes dans ses yeux. Tendue, les nerfs à vifs, elle semble sur le point de lâcher prise, de perdre pied, et de basculer dans le gouffre de la Folie. Elle ne veux pas rester un instant de plus dans cet endroit, empli d’étrangers en blouse blanche, dont les mines emplies de pitié dévorante et dégueulasse se mêlent aux cris des suppliciés. Elle ne veux pas restée cloîtrée ici, car elle sait, ô oui, elle sait qu’ils en sont capables, là, de la garder comme un vulgaire cobaye, afin de l’examiner, de tenter de trouver un putain de remède qui n’existe pas, à cette saloperie qui la ronge. Le remède, elle l’a trouvé. Ce n’est pas eux qui le détiennent.
Invité
Sujet: Re: lambeaux de vie (r) Dim 6 Mai - 14:01
C’est quoi ce bordel ? Tel fut sa première réaction, en voyant pour la première fois Elfi faire l’une de ses crises. La panique. L’incompréhension. Le manque de réflexion. Il n’a pas chercher à comprendre : il les a appelé. Et tant pis s’il a fait une connerie. Il s’en fout. Parce qu’il s’est mit dans une sacrée prise de risques pour elle. Parce qu’il se sentait impuissant. Parce qu’il avait peur. C’est ça, peur. Il est allé se jeter dans la gueule du loup, à défaut de savoir faire autre chose. Parce que eux, les médecins, ils voient ses choses là. Ils remarquent les traces de piqures. Et la peur de se faire prendre comme un putain de rat dans un putain de piège et de finir sa putain de vie à la mauvaise place. Et trop tôt. Mais Raj s’en aurait voulu de rien faire. C’est pas son genre. C’est pas son kiff de voir crever les gens en face de lui. Ça non. Autant crever lui-même. Parce qu’il serait incapable de vivre avec ça sur la conscience. Déjà qu’il est à peine capable de vivre tout court. Tout seul. Comme un con. Parce qu’il est pas foutu de rien. Parce qu’il est con. Incapable. Totalement paumé.
Raj soupire. Il fixe l’extérieur, le ciel. Les oiseaux, les nuages. Toutes ses choses qu’il n’est capable de toucher que lorsqu’il est so high. Toucher. Tout reste relatif. Il ne touche pas les nuages. Il passe au travers. Et il tombe. Et s’écrase. Il soupire à nouveau, blasé de ça, blasé de tout. Il se dit qu’il aimerait bien, lui aussi, voler. Pour de vrai. Avoir des ailes et se laisser aller, poussé par le vent. Il ferme les yeux. Mais les rouvre instantanément. Elle bouge. Elle s’agite. Comme une folle. Une furie, même. Il fronce les sourcils, la détaille, curieux d’une telle réaction. Et ses yeux viennent rencontrer les yeux. On dirait de la supplication. Son cœur se serre légèrement. Dans la voix aussi. - Détache-moi. Il continue de la fixer. Je peux pas. J’peux pas parce que tu t’enfuirai, qu’ils m’ont dit, les médecins. Et si tu t’enfuis, je m’en prendrais plein la gueule. Arrêté et compagnie. Ou peut-être pas. Je sais pas. Je peux pas. Il la détaille. Son expression, ses yeux, leur mouvement. La forme que prennent ses cheveux autour de sa tête. Ses poings serrés. Il déglutit. Impuissant. Il ne peut rien faire. Rien du tout. Comme toujours. Mais Raj finit par se lever. Il s’avance vers le lit, sans la quitter des yeux. - Tu bouges pas. Tu te sauves pas. Sinon tu nous met tous les deux dans la merde. Il pose ses doigts sur les sangles, les effleure. L’intérieur de sa joue se remplit de sang à cause de ses dents qui s’enfoncent dans sa peau. Il soupire, en détache une.
Spoiler:
désolée, c'est court. :/
lambeaux de vie (r)
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