Sujet: faster pussycat ! kill kill. Jeu 3 Mai - 21:53
Je jette un coup d'œil dans mon rétroviseur, glisse un doigt sur mes lèvres maquillées d'un rouge sombre, décroche un sourire en coin pour moi même, satisfait. Main passée dans mes cheveux blonds, pour les décoiffer un peu, je coupe le moteur, castrant un Bono en pleine vocalise. Clés glissée dans le sac à main, je descends de voiture, claque la porte en récupérant les deux bouteilles de whisky préalablement achetées. Regard circulaire, le quartier est plutôt chic, loin de l'Est de la ville, de la Pianta qui me faisait office de lieu de travail, lieu d'habitation, lieu de dépravation intense. A croire que les salopes de la ville avaient toute établies leur QG dans ce coin de Derby. Croire que les pédales se cachaient tous dans les recoins confortables, à l'abri derrière quatre murs, cheminées, labrador couché au coin du canapé était un putain de leurre écrit noir sur blanc dans le journal officiel. Derby est loin d'être un endroit paradisiaque. Ramassis de connards, qui baisent pour un verre, j'avais mon bar fétiche. La broutteuse de chattes attendant patiemment que son quatre heures, frais et non utilisé si possible, débarque sur ses neuf centimètres de talons hauts. Lauren, tout droit descendue de son salope express. Les alentours, ce soir, m'étaient plutôt inconnus. Vu mon job, je n'avais aucun intérêt à traîner dans les quartiers huppés de la ville. Certes, elle n'était pas grande, et on avait tous fait le tour une bonne centaine de fois, histoire d'avoir une carte mentale de la mère maison... Ambiance clandestine. Noki était un trou à pourris, qui nous regardaient, nous les gosses morve au nez, raclure des basfonds censés restés parqués dans leurs hlms planqués dans leurs mercedes. Rien à branler, c'est ici que Likka vivait, dans un pauvre truc perdu au dessus d'un commerce sans doute. J'le vois mal ailleurs, dans une putain de baraque à picoler son cognac à cinq cent livres la bouteille. L'image me fait doucement marrer, cette grand blondasse aux airs de Paris Hilton dans un costume de marque, lèvre percée, tatouage dégueulasse dans le cou entouré d'un foulard.
Mes talons claquent sur l'asphalte, et je sonde du regard les numéros inscris sur les portes. Trente quatre. Porte trouvée, lourde, peinte d'un vert sombre. Sourcil arqué, je sonne sur l'interphone, posant l'avant bras sur le mur, menton penchée vers la petite box grise. L'autre main, goulot de bouteille coincé entre l'index et l'annulaire, glisse le long de mes hanches pour tirer sur ma robe courte. Dégaine de branleuse, ou de putain prête à vendre ses services. Qu'importe, une soirée reste une soirée. Likka sait à quoi s'attendre, belle de fesses et de face. Réponds babe. Cet enculé est tellement capable de ne pas être chez lui, de m'avoir envoyé un message pour que dalle, en se marrant à l'autre bout de l'Angleterre en m'imaginant faire le piquet devant sa porte, en tenue de nuit. Rock'n'roll. Simple bip, la porte s'ouvre. Classe l'accueil. Hall traversé rapidement, je grimpe les étages, m'arrête devant la porte close. Sourire en coin, je gueule, voix aiguë, moqueuse, que le couloir en profite. « Likka, Likka mon amour, ouvre, ouvre moi. » suivi d'un éclat de rire bref. C'mon.
Likka Kļaviņš
PSEUDO : soft parade.
Sujet: Re: faster pussycat ! kill kill. Sam 5 Mai - 19:25
- Je vais bien. Foutrement bien. - Ça n’a pas l’air. - Je respire le bonheur. Je chie le bonheur. Je vis, je baise le bonheur. Ça te va? - Putain, ton vocabulaire, Likka. Soupir. Ma charmante voisine, Félicie. Une espèce de bobo chic nouvelle génération. Maladivement bienveillante. Méchamment gentille. Ce genre de gonzesse qui offre son corps et son âme, accessoirement son compte en banque, à toutes sortes d’œuvres caritatives. Putain, fallait s’y attendre. Un quartier pareil, c’est propice aux dingues, les maniaco-dépressifs de la charité se font des consciences en or à propager la bonne parole. Je la hais. Elle débarque toujours ici, son thé à la main, sachant pertinemment qu’il n’y a que du café chez moi, sachant pertinemment que je m’en fous des enfants qui crèvent la dalle et des vieux incontinents, sachant pertinemment qu’elle me les brise. Putain, j’ai une gueule à boire de l’eau chaude? Elle me harcèle. Je ne peux même pas m’en débarrasser. Ce serait pas stratégique. La guigne. Harcelé par une putain de bonne femme qui n’a sans doute jamais niqué de sa vie, se réservant pour le Dieu de la Moisson ou que sais-je. Grosse salope. J’écrase ma Gitane, lève un sourcil, repose la tasse: - Félicie, me feriez-vous l’honneur de dégager? - Je peux terminer mon thé, j’espère? - Je crains de devoir insister, sérieusement. Elle lève les yeux au ciel. Pourquoi faut-il toujours sortir un flingue pour se faire respecter de nos jours? Fait chier. J'ai la migraine et pas tirer un coup depuis plus d'un mois. C'est pas le moment. Réellement. Mis à part si Madame j'ai une fleur à la place de la chatte daigne se foutre à genoux, je doute que nous sommes en mesure de discuter calmement. Comme des adultes à priori responsables et... tolérables. - Bon, je vais y aller, si c'est sérieux. Amen. - Navré. Elle se lève, contourne la table du salon, m'embrasse, et termine par installer sa tasse dans le lavabo, avant de disparaître sur un à la prochaine. Je ne suis pas fait pour la sympathie. Le claquement de la porte ne m'inspire que cette conclusion. Je frotte mes tempes, sort le portable de ma poche, pincement des lèvres: tape les premiers chiffres du numéro d'Indy, puis efface. Qu'est-ce que je fous, bordel. Rectification: Lauren: débarque – message envoyé. uc.