un briquet, un paquet de clopes avec deux joints à l'intérieur et des pièces dont je me servirai jamais et mon téléphone. des clopes - encore -, de la bouffe, de l'herbe, puis c'est tout, vu que j'm'en sers jamais. des bouteilles vides, des fringues perdus, des paquets de clopes vides... un tas de choses vides.

Je fixe le sol, il a un attrait que je ne lui connaissais pas auparavant. Tout a un intérêt quand on veut éviter une conversation, mais qu’on ne peut pas le faire. Même la tache légèrement plus sombre que le reste de la peinture sur le plafond. Même la poussière qui se trouve sur la table du salon. Tout. Sauf le regard moralisateur de mon père. Ma mère n’est pas là, non, elle, c’est la connasse qui s’est évaporée dans la nature l’année dernière. Je ne sais absolument pas pourquoi elle s’est tirée comme ça, mais je m’y suis habituée et si elle m’a manqué à un moment, j’ai arrêté d’y penser. Je me remets à observer les murs, en attendant qu’il est fini son discours que je n’écoute pas. Pourquoi je l’écouterais ? J’ai dû l’entendre au moins cent fois et pour entendre que je prends des décisions irresponsables, que mon attitude est irresponsable et que de toute façon, à ce rythme-là, je foutrai rien de ma vie… merci, mais ça va aller. Je crois bien pouvoir survivre sans entendre ça. Le truc c’est que je ne crois pas avoir dit à un seul instant que je voulais faire quelque chose de vraiment constructif dans ma vie. M’enfermer dans le même genre de quotidien que lui, je ne préfère pas. Faire des gosses, se faire planter, avoir un job à la con, toutes ces conneries de gens avec un balai dans le cul, c’est définitivement pas pour moi. « je peux partir ? ou t’as pas fini ? » Je lève la tête vers lui, le fixe, attendant patiemment – ou pas –. Il secoue la tête, probablement désespéré. Ça doit certainement être ça. Tant pis pour sa gueule, j’ai pas que ça à foutre. Je me lève et me tire dans ma chambre, attrape ma veste et aussi un joint avec mon briquet. J’allume le joint alors que je me dirige vers la sortie. « tu vas où ? » Comme si j’allais répondre. Je ferme la porte derrière moi sans pour autant la claquer et je marche. Je ne sais pas où je vais, mais j’y vais avec certitude. Mon téléphone vibre, je prends pas la peine de regarder qui m’a envoyé un sms, parce que je m’en fous. Je m’installe sur un banc et j’observe les gens qui passent devant moi. Va sérieusement falloir que je me bouge le cul pour trouver un truc à faire. Rien foutre comme ça, mater des gens qui tentent de se donner un genre qu’ils n’auront jamais, c’est franchement pas intéressant. Et comme une conne, je suis partie sans mon skate. N’empêche que je souris assez débilement à cause du weed, joint terminé. C’est maintenant que je sors mon téléphone de ma poche pour voir que Machin m’a invité chez lui ce soir, pour une soirée avec d’autres gens. Ouais. Bon. Je verrai ça ce soir. Je me lève et marche jusqu’à mon quartier franchement agréable pour l’action qu’on y trouve. Suffit d’avoir la même définition du mot action que moi. Je crois bien que mon père m’en veut en plus pour le fait que je lui ai dit il y a pas très longtemps que oh : je vais me marier. Bon, j’ai pas dit avec qui, ça aurait été dommage que je me retrouve avec la mort de mon père sur la conscience. Moi, je trouve que c’est une bonne idée – vu que c’est moi qui y ai pensé. Sur le moment, ça m’a paru évident et puis, je vois pas pourquoi ça devrait me déranger. Aider à un pote à pouvoir rester là, plutôt que repartir dans un pays où il ne veut pas être pour des raisons de vie ou de mort, je crois. Bah je l’aide sans réfléchir. Bref, j’entre, et me pose directement sur le canapé. Ah, du calme.