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| Le bateau ivre •• Maddie&Noé | |
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Invité
| Sujet: Le bateau ivre •• Maddie&Noé Dim 9 Jan - 17:48 | |
| Je sais pas franchement depuis combien de temps je suis ici, depuis combien d'heures ou de jours je suis couché sur ce matelas usé. Deux jours je pense, trois ou quatre maximum que je bouge uniquement pour pisser et grailler un ou deux trucs à l'occasion. Tabbie se charge de venir remplir le frigo pour nous – avec ma thune bien évidemment -. C'est pas Sidney qui va aller se déplacer jusqu'au super marché du coin, et moi … moi j'arrivais pas à acheter quoi que ce soit ; l'argent je le claquais dans la dope, rien d'autre. Tabbie, était un peu devenue la maman de notre appart' commun, celle qui faisait le ménage, qui faisait la bouffe, les courses, et qui gardait les gosses aussi. Elle venait toujours me chercher quand j'étais à moitié endormi dans le caniveau. Un jour, j'lui avais même fait une super blague, j'avais attrapé le combiné d'une cabine dans la rue, en me faisant passer pour la police qui avait retrouvé Noé Bomer noyé dans son vomi, une aiguille dans le bras ; juste histoire de voir l'état dans lequel ça allait la mettre. Ma pauvre Tabbie, je m'en étais voulu au final, elle avait complétement paniqué, et avait couru aux urgences. Que je me pique ? Mes colocataires le savaient parfaitement, mais c'était pas leur rôle de me faire la leçon ; ils laissaient faire, chacun sa croix. Je crois même que ça arrangeait Tabbie, que je me shoote à la maison. Home sweet home hein. Il y a un raie de lumière qui passe par le store. J'ai pas de notion de l'heure mais j'en ai rien à faire, ça risque pas de changer le cours de ma journée. Je referme les yeux, mes pupilles beaucoup trop sensibles pour rester longtemps exposées au soleil. Putain, j'ai mal au bras, et j'sais même plus si j'ai de quoi me faire un nouveau shoot. Je pouvais m'arrêter, oui, je le pouvais vraiment. Foutue connerie que je soufflais à l'oreille de ma Tabbie chérie, quand elle venait se glisser sous mes draps. Foutue connerie que je me soufflais à moi même, pour pas me dire que j'étais comme tous ces junkies, qui s'écroulaient dans les squattes de Bristol. J'y allais parfois, les fins de mois, quand j'étais obligé de voler ma dose par manque de thune, ou que je raclais les bouts d'allu pour récupérer un peu de poudre. J'y allais, et je troquais mon matelas trois étoile contre un rapiécé, qui appartenait à tout le monde. Juste quelques jours, histoire de tenir jusqu'à ce que la banque m'appelle pour me dire que mon découvert était bouché. And have fun ! Et avec, j'me payais des séjours au pays du brown sugar. Comme un mauvais trip chanté par les Rolling Stones. Bientôt ça ressemblera plus à du Wild Horses.
J'ai envie de musique, j'ai envie que ce putain de chat dehors arrête de miauler. On l'avait pas tué lui d'ailleurs ? Cette salope de voisine avait dû s'en racheter un nouveau, juste pour nous faire chier. S'il n'y avait que ça, on aurait vite fait de lui faire la peau à son nouveau matou. Quatre ou cinq têtes de beuh dans ses croquettes et c'était réglé. Ça me fait marrer quelques secondes de repenser à l'histoire du chat d'la mère Michelle, notre voisine. Et je me met à tousser, une quinte violente, qui m'arrache presque les tripes. J'me sent malade, encore. J'me sent malade et je connais aucune autre moyen pour me soigner que l'héro. Cette sensation de nausée, ces tremblements qui suivent toujours plusieurs jours consécutifs de défonce, il n'y a qu'un nouveau shoot qui peut te le faire passer. C'est un cercle vicieux mais putain, qu'est ce qu'il est bon. Je prends appuis sur mes coudes, pour atteindre ma table de chevet. Clope, briquet, citron, cuillère, seringue, garrot, et allu … vide. Je sent une nouvelle vague nauséeuse qui m'arrache quelques toussotements. J'ai plus rien ? « Tabbie ? Tabbie ? Sidney ? ». Tu parles qu'ils sont ici. Ils ont autre chose à foutre que de rester assis dans le canapé de l'appartement en attendant que je les appelle. Pour leur demander quoi aussi ? Oui, mon coeur, prends l'argent dans mon porte monnaie et va m'acheter ma dose. Et je rajoute le grand sourire par dessus. Je pouvais pas non plus leur demander de m'emmener en voiture jusqu'au squatte. Ils me foutaient la paix sans forcément cautionner. Putain. Je me laisse retomber, dos sur le matelas, yeux mis clos fixant le plafond. J'pense pas que beaucoup cautionnerait d'ailleurs. Sauf Maddie. Oui … Maddie ! Envoyant presque valser le contenue posé sur ma table de nuit, j'attrape mon portable. « Need u. Meet me at my flat ». Envoyé. Elle saura ce que je veux, je l'appelle jamais pour autre chose et elle non plus. J'espère qu'elle travaille pas, j'espère qu'elle dort pas, qu'elle est pas défoncée ou qu'elle est pas en train de s'envoyer en l'air de l'autre côté de Bristol. Allez Maddie, la porte est ouverte, viens me sauver.
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Invité
| Sujet: Re: Le bateau ivre •• Maddie&Noé Dim 9 Jan - 18:34 | |
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Je suis assise en tailleur dans le fond d'une ruelle, à côté de la paillasse d'un vieil homme qui traîne toujours dans le coin. Un junkie, comme la plupart d'entre nous. Il n'est ni pire, ni meilleur, il a simplement plus de résistance que le trois quart des gens. C'est qu'il a du être costaud, un jour, avant de commencer à s'injecter cette poudre blanche et miraculeuse qui nous transporte dans un autre monde. Je tire sur ma clope, insensible au froid, à la douleur et à la faim. Je regrette cependant de ne pas pouvoir faire de thé ou de pouvoir en boire ici, mais bon, c'est pas parfait non plus. J'inhale une bouffée de poison, mes bras graciles tombant le long de mon corps alors que mes paumes attrapent ce qui est à portée de la main. Je pratique ma préhension, comme un bambin, comme si c'était un exercice que de refermer la main sur un objet de forme diverse selon ce qu'il y a à proximité. Il parle sans cesse, Stanley. Je lui demande rien, mais j'aime le ton de sa voix. C'est celui des papa, des pères aimants et présents, du moins je me figure que ça doit ressembler à ça. Mon père à moi, je ne l'ai pas connu. Ma mère, je l'ai fuis dès que j'ai pu. J'suis une enfant de la rue, et je connais chaque ruelle, chaque détour et chaque abri parce que c'est chez moi. Alors j'écoute la voix rauque, usée par la clope, mais rassurante et chaude de Stanley. Je ferme les yeux. Je suis chanceuse, il ne me touche jamais. Je détourne la tête vers lui, j'ai toujours voulu lui poser des questions, mais je n'en ai jamais eu la chance. Il parle sans cesse, et moi j'écoute comme je peux, tant que j'en suis capable. Il se tait, comme si mon regard était suffisamment éloquent pour me donner la chance de placer trois mots « D'où est-ce que tu viens, Stanley? Qu'est-ce que tu fais ici? ». Il m'explique qu'il vient de Londres, qu'on voulait plus de lui à traîner dans le train et que les policiers se sont débarassés du problème en l'embarquant pendant qu'il dormait. Je ne sais pas s'il y a la moindre raison de le croire, mais comme j'adore sa voix, je m'en fous. J'opine du chef, passe la main dans mes cheveux, sursaute. Je m'agite, puis je me calme d'emblée. Mes doigts soulèvent la racine des cheveux que je rase dès que j'ai un rasoir à portée de main et que je ne pense pas m'en servir sur mes bras. Ce côté masculin, cet outrage tout particulier à la féminité, ça me plait. C'est de plus en plus branché, mais moi, je trouve ça surréaliste, j'aime les jeux de textures et quand je suis défoncée, je prends un malin plaisir à passer la main d'un côté à l'autre, subjuguée par la différence. Je me relève doucement, m'étire longuement, ignorant volontairement le regard de Stanley quand mon t-shirt se soulève et découvre mon corps décharné et mutilé. Regarde-moi tant que tu veux, papa, tu ne me toucheras jamais. Ne tend pas les doigts, surtout, je veux pas que mon mirage s'envole et que j'ai à tuer le plaisir que j'ai à t'écouter parler. Si seulement je pouvais embouteiller la voix et l'ouvrir quand j'ai peur, ou les rares fois que j'ai froid et faim, pour me redonner courage « À la prochaine, Stanley ». Je lui laisse mon paquet de clopes, allumant l'une des trois que je me suis gardée. Je l'ai bourrée d'herbe, celle-là. Tant mieux, marcher sans être défoncée, c'est beaucoup moins marrant...
« Need u. Meet me at my flat ». Je viens de m'acheter un cupcake bleu dans une pâtisserie où j'ai probablement terrorisée une mamie parce que je suis en short, en collant déchiré et des boots en cuir à la Doc Martens. Je m'habille avec ce que je trouve ou qu'on me chippe parce qu'on les aime plus, nos frigues. Je les porte souvent mieux, et je fais des trucs sympa avec les choses trop BCBG que je reçois. J'ai porté une robe, une fois. Comme une fillette, comme une femme. On m'a laissé entrer partout, c'est fou comment les apparences sont trompeuses. Un monsieur bien comme il faut m'a invité à dîner. Comme dans les films, comme dans les romans. Je sais lire, je lis bien, je lis souvent pour ne pas oublier. Je relis sans cesse le conte d'Alice, parce que je voudrais être elle, vivre dans son monde, vivre dans les contrées colorées et vivantes de ce pays imaginaire où il est constamment l'heure du thé. Je passe la langue sur mes lèvres en me dirigeant vers le taudis de mon revendeur attitré. Fait intéressant; c'est une totale pédale. J'aime beaucoup, pas besoin de coucher quand on a pas trop de thunes. Lui, il aime les films en noir et blanc, la dentelle et les porte-cigarettes. On lui file du matos en échange de notre dose. J'ai quelques billets, puis j'ai trouvé un rouge à lèvres rouge comme porte les pin-ups comme Marilyn Monroe, ça va lui plaire. Je vais même lui filer une bouchée de mon cupcake, s'il en reste. Peut-être aura-t-il même du thé? Comme je m'y attendais, il exulte. Il me tend de l'héro, un bon paquet, de quoi nous défoncer pendant des heures, mon arche et moi. C'est que j'ai eu ma paye, et que j'ai besoin de rien d'autres que de la came, vu que j'ai mangé pour les deux prochains jours. Il me faudrait juste quelques cents pour du lait, parce qu'un thé sans nuage de lait, c'est pas aussi bon « Merci mon mignon ». Il me prend dans ses bras, me fait la bise. Ça me fait tout drôle, comme chaque fois. Mais je ne m'éternise pas, mon arche a besoin de moi...
« Noé ? ». J'ai un chat entre les bras, je le tiens blotti contre mon coeur, il ronronne parce que je passe les doigts dans son pelage doux comme pas permis. Je mords ma lèvre inférieure en passant la tête par la porte, toujours plus ou moins à l'aise de pénétrer ici. Je trouve ça bien, comme endroit, ça ressemble pas du tout à mon antre de perdition à moi. C'est propre, c'est bien, c'est douillet, chaud. Je ne les connais pas tous, mais je me doute que c'est pas mon arche qui est doté d'un sens de la propreté. J'entends des bruits dans le fond, dans cette chambre que je connais par-coeur, les murs que je palpe des doigts, sans parler de lui. Lui, étendu dans ses draps, lui à qui je souris dès que je pousse la porte, même s'il n'a pas l'air très bien, je libère le chat de mon emprise et avance vers lui, un sourire aux lèvres, m'agenouillant tout près en passant ma paume sur son visage en sueur « Bonjour mon arche ».
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Invité
| Sujet: Re: Le bateau ivre •• Maddie&Noé Dim 9 Jan - 23:12 | |
| Je repose mon portable dans le lit, peu importe sa place, elle est pas du genre à répondre à mes textos de toute façon, et je passe une main sur mon front en sueur. Putain, faut vraiment que je me calme sur les shoots, faudrait que j'essaye de me faire une semaine sans ; je n'avais pas fait ce genre de teste depuis trois ou quatre mois pendant lesquels je m'étais laissé porté, allant de défonce en défonce, profitant parfois de la bonté d'une âme charitable qui me payait une ligne de coke en boîte. Comme tout le monde, j'avais commencé par les cachets, au lycée. Le truc bateau que tout le monde consomme, qui t'excite le temps d'une soirée, pour une rave clandestine dans les bois, et on te présente la poudre blanche, la divine CC, qui te crame les naseaux et te donne une assurance de boxeur. Et enfin … l'héroïne, la poudre oscillant entre le gris et le blanc, un truc renversant, l'amante de quelques heures. Quand on avait l'héro, on n'avait plus besoin de rien, elle faisait partit de toi, comme si ton corps et ton esprit lui étaient dédiés. La rencontre avec l'héro est une promesse d'éternité. Je ferme les yeux, j'ai trop mal aux pupilles pour le garder ouvert plus longtemps. J'ai envie de me cacher sous mes draps, de disparaître. Je ne suis même pas en manque, non, j'ai juste envie de retrouver cet état de béatitude. Un shoot d'héro, c'est un voyage dans l'absolu. Les autres drogues ne me faisaient plus d'effet, elle était la reine, elle les surpassait toutes. Personne d'autre ne pouvait comprendre, personne à part un autre camé. J'entre ouvre les lèvres, pour essayer de faire passer un peu d'air dans mes poumons. Ça m'obsède, les secondes filent et je ne m'en rend pas compte. Il n'y a que le prochain shoot qui me tourne dans l'esprit. Et si personne n'arrive ? J'ai peur de ne pas pouvoir bouger, de ne trouver personne pour me vendre un shoot.
Je n'entend même pas la voix de Maddie, je ne l'entend même pas arriver dans ma chambre. La main fraiche sur ma joue me réveille de cet espèce de sommeil lattant, et je tourne les yeux vers la jeune femme, agenouillée près de mon lit, son sourire angélique sur les lèvres. « Bonjour mon arche . » Mon visage de fend en un sourire rassuré, comme si sa seule présence suffisait à calmer la panique montante. Je pose ma main sur la sienne, la réchauffant un peu. Mon amante imaginaire. « Maddie... Tu es venue. » Ma voix est à mi chemin entre le bonheur et la plainte. Son visage m'apparait toujours quand je suis au plus bas, quand le manque me fait souffrir à m'arracher la peau … et je suis près d'elle quand elle hurle à en pleurer, en me tendant un bras aux marques violacées. Qui d'autre pourrait elle aller voir ? Vers qui est ce que je pourrais me tourner ? On est juste deux cons, qui sont tombés dans la came ; deux cons au comble du bonheur, quand l'aiguille vient se planter dans leur veine. Je pousse le draps, et je me décale, pour lui faire de la place. J'ai envie qu'elle vienne se coucher avec moi, j'ai envie de sentir sa chaleur, ses lèvres sur les miennes, pendant notre délire, pendant notre défonce. Je lui tends la main, pour qu'elle vienne … c'est bizarre comme relation, bizarre que justement, il n'y ait pas franchement de relation. C'est pas comme les potes de beuveries, que tu vois pendant les fêtes mais que t'es bien content de croiser dans la rue. Là c'est plus comme … ouais comme l'arche de Noé, et elle, elle m'évite de couler tout en maintenant les eaux. La question me brûle les lèvres : est ce que tu en as. Mais je n'arrive pas à la formuler, j'ai peur qu'elle me dise non. « C'est pas aujourd'hui qu'tu me laisseras couler hein ? »
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Invité
| Sujet: Re: Le bateau ivre •• Maddie&Noé Lun 10 Jan - 16:07 | |
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Je passe la langue sur mes lèvres, soudain assoiffée. J'ai envie de thé, j'ai envie de lait, c'est à peu près le seul breuvage que j'ingère et qui ne me fait pas automatiquement gerber tout de suite après. Mon corps n'accepte plus grand chose, c'est que je le malmène depuis tellement longtemps qu'il me rend la pareille. Je ne lui en veux pas, je n'en voudrai jamais à personne, pour que je puisse rejoindre mon monde idyllique aux couleurs incandescentes, il faut que je me bousille, parce que l'héroïne est le seul truc qui fait encore réagir mes jambes sans fin et maigres comme des allumettes, mes bras criblés de traces de piqûres et de mutilations, puis faire briller mes yeux comme ceux d'une gamine à Noël. Cette sensation unique de me retrouver au-dessus de tout, d'être dans un nuage de coton et de ne plus ressentir quoi que ce soit, ne plus faire parti de ce monde ennuyeux et de n'être lié à la réalité que par la paume de Noé dans la mienne qui ne me lâche jamais, comme s'il avait peur que je m'envole trop loin et que je ne retrouve plus mon chemin jusqu'à lui, jusqu'à nous dans son lit, jusqu'à nous complètement défoncés. Je n'ai pas mal à mes genoux, même si j'aurais toutes les raisons du monde parce qu'ils sont couverts d'ecchymoses et d'écratignures, puis le sourire de mon arche surpasse tout le reste. Ses pupilles sont extrême dilatés, et je me surprends à avoir envie de mon shoot, moi aussi. Celui qui brûle les veines, celui qui donne envie de hurler et de laisser cet orgasme unique à un fixer nous prendre tout entier. Ma main se dépose automatiquement contre la peau brûlante de son visage, alors que je réalise qu'il a besoin de came. Il a besoin de ce que j'ai dans la poche de mes jeans. Je ne lui en veux pas. Demain, ce sera mon tour de lui lancer un SOS. C'est toujours ça, c'est toujours que ça, lui et moi...
« Maddie... Tu es venue ». Sa paume se pose sur la mienne, et je mords l'intérieur de ma joue alors qu'elle diffuse une chaleur diamétralement opposée à la fraîcheur de ma main à moi. C'est vrai qu'il ne fait pas très chaud, dans les rues de Bristol, aujourd'hui. Je ne vois guère de différence entre les canicules et les jours frais, mon corps immunisé contre les changements météologiques. Il n'y a que sous la pluie que je me sens bien, et c'est exactement pourquoi je suis bien, chez moi, en Angleterre. Je resterais des heures à sentir les larmes du ciel couler sur mes joues, chaudes, tièdes, battre contre mon visage. Mais là n'est pas là question, aujourd'hui. Je le regarde repousser ses draps, se décaler, me laisser de la place. Je souris, passant la main dans mes cheveux, m'asseyant tout près en retirant mes bottes et mon short. Je ne me callerais jamais contre mon arche autrement qu'en culotte, je suis comme ça. Je me retourne légèrement, croisant son regard « Tu avais besoin de moi, me voilà ». Je ris doucement avant de glisser mes jambes qui tremblent sous les draps, gardant précieusement mon short et le contenu de ses poches à proximité, matant les ustenciles sur la table de nuit de Noé. Je m'étire longuement, comme un chat, avant de me tourner vers lui en le regardant, comme à chaque fois, comme si c'était la première fois de ma vie. Son regard bleu comme l'océan, je le vois pâle, émacié, mais toujours aussi beau. Il est beau, mon arche, même quand il est en manque « C'est pas aujourd'hui qu'tu me laisseras couler hein ? ». Je viens blottir mon nez dans son cou, laissant ses longs bras m'entourer « Oh non, mon arche. Qu'est-ce que je deviendrais sans toi? ». Je relève la tête, presse mes lèvres contre sa mâchoire « J'ai assez pour qu'on puisse crécher ici pendant deux jours, à s'aimer et à se shooter. C'est pas la grande vie, ça? ». Il sait pertinemment que j'ai tout claqué mon blé là-dedans, que j'vais surement paniqué dans trois jours quand on aura tout pris dans les bras, mais pour l'instant, je m'en fiche. J'ai envie qu'il me pique, j'ai envie d'être partie et de rêver...
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Invité
| Sujet: Re: Le bateau ivre •• Maddie&Noé Mar 11 Jan - 14:51 | |
| Les yeux mi clos, je ne peux pas m'empêcher de la regarder, comme si quitter son visage deux secondes l'aurait fait disparaître. Elle est plus calme que moi, même si ses jambes dénudées tremblent de froid ; elle est plus calme mais je sais que dans quelques heures, elle sera dans le même état que moi si elle ne fait rien avant. Parce qu'on en est au même point, et c'est pour ça que l'on c'est rencontré. C'était quand ? Je ne sais même plus, il y a quelques mois, peut être quelques semaines, je ne sais plus. Dans un squatte qui puait la mort, un mélange de pisse et de gerbe, un lieu infâme dans lequel on va s'entasser. Elle était dans un des coins, la tête renversée, avec son garrot serré autours du bras. Je m'étais accroupis en face d'elle, et je lui avais préparé sa dose, j'avais attrapé son bras fin et mutilé entre mes mains, et j'avais planté la seringue dans des veines déjà meurtries. Ça l'avait emporté, loin, à des années lumières de ce squatte de misère, et quand elle m'était revenue, elle m'avait juste souri, ce sourire d'ange qu'elle me sort à chaque fois qu'on se rencontre. C'était comme ça, une fois c'était moi, qui venait te préparer son fix, qui t'arrachais un peu plus à ta souffrance en la remplaçant par un autre ; et la prochaine fois, c'était toi qui venais me sauver. Maddie était venue en ayant mon message, rompant avec sa journée déjà avancée pour moi … c'était un roulement. Elle avait moins d'argent que moi, elle était obligée de travailler pour se payer son loyer, ses doses. J'avais ma mère, et son porte monnaie qui remplissait mon compte en banque. Plutôt que de le dépenser avec mes colocataires, je le réservais à Maddie, à nous. Maddie n'avait pas de nom, Maddie n'avait pas de passé, juste un présent et notre futur.
Une fois qu'elle est couchée à côté de moi, ma main lâche la sienne, pour aller à la rencontre de sa joue, retraçant les courbes de son visage. Mes doigts dans ses cheveux, pendant qu'elle me rassure. « Tu avais besoin de moi, me voilà » Et son rire, qui pousse le miens. « Oh non, mon arche. Qu'est-ce que je deviendrais sans toi? » Et moi sans toi mon ange. Je sent ses lèvres se poser sur ma mâchoire, et je lui rend son baiser. « J'ai assez pour qu'on puisse crécher ici pendant deux jours, à s'aimer et à se shooter. C'est pas la grande vie, ça ? » Mon dernier shoot, je le prendrai avec elle, ça fera parler de nous, peut être même qu'on passera dans le journal, et que quelqu'un viendra écrire une nouvelle sur notre duo. Parce qu'on est beau là, étendu avec notre bout de misère, à rêver que demain sera meilleur, ou que notre prochain fix plus fort que le dernier. Y a pas de futur, juste de l'espoir, et c'est pour ça que je l'aime ma Maddie. On peut être et avoir été. « Mieux que celle dont je rêvais. » Je ris un peu, desserre mes bras, pour de nouveau poser mes lèvres sur les siennes. Je pourrais passer la matinée, à me lover dans ses bras, si je sentais pas cette espèce d'électricité courir dans mes veines, et qui me réclame ma dose. Je me redresse un peu, corps toujours collé à celui de Maddie, pour attraper tous les ustensiles qui trainent sur ma table de chevet. « Toi d'abord ? » ça n'a pas franchement d'importance, juste une question de secondes.
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Invité
| Sujet: Re: Le bateau ivre •• Maddie&Noé Mer 12 Jan - 4:45 | |
| Je passe la langue sur les lèvres me blotissant contre lui, me nourrissant de sa fièvre pour lui transmettre la fraîcheur de la brise qui règne en maître dans les rues de Bristol. Je préfère ses bras à lui à une chaude journée estivale, parce que je sais qu'automatiquement, ses bras impliquent de l'héro, ses baisers impliquent un départ monstre suite à l'injection qu'on se fait pour dépasser les limites de cette réalité plutôt restrictive où il ne fait pas bon de rêver. J'ai pensé, une fois, raconter mes aspirations quand j'avais quinze ans, on m'a interné quinze jours pour délire psychotique, soit disant pour me protéger de l'influence d'une mère maniaco-dépressive qui savait à peine prendre soin d'elle, alors d'une gosse... moi, je ne vais pas m'en plaindre. J'avais douze ans que je fumais des clopes dans le salon avec des mecs de dix-huit. J'ai ramené mon premier copain - un dealer - vivre à la maison quand j'en avais quatorze, lui dix-neuf, enfin je crois, je lui ai jamais demandé. Il était peut-être plus vieux, en fait, mais rien à branler : j'avais ma dope, ma coke, mes clopes et mes bouteilles de vodka. De plus, il aimait le thé. Oh, j'ai cru que c'était bien jusqu'à ce qu'on me menace d'un flingue sur la tempe parce qu'il payait plus ce qu'il se procurait afin de le fourguer. Il y a toujours des emmerdes dans les relations avec autrui, mais ce que je vis avec mon arche, c'est différent. On n'est l'un pour l'autre que notre reflet, l'aspect de notre déchéance. Noé et moi, on rêve de plein de trucs, rarement de came. Il me parle doucement, parfois je ne comprends pas un foutu mot, mais j'adore sa voix. Elle est différente de Stanley, évidemment, mais Noé... c'est Noé. Mon arche. Mon sauveur. Mon alter ego.
« Mieux que celle dont je rêvais ». J'émets un son qui ressemble à un ronronnement de chat tandis que ses doigts fins caresse mon visage, glissant doucement dans mes cheveux, frôlant sans mouvement de recul cette zone dépourvue de ma chevelure infinie d'un blond blé, qui passait au brun, au noir, au gré de mes humeurs, ma foi vachement changeante. Je tends mon visage vers le sien alors qu'il presse ses lèvres sur les miennes, en profitant pour y passer la langue. J'adore le goût de sa bouche, sucré, légèrement, un peu amer aussi, il me rappelle le goût du thé, parfois, mon arche. J'enfoui mon visage dans son cou, insensible à la sueur qui perle sur sa peau découverte, mes jambes s'emmêlant aux siennes, tout aussi fines que des allumettes « Alors rêve avec moi, mon arche » que je souffle au creux de son oreille, le laissant s'étirer vers la table de nuit. Je me détache légèrement de lui pour fouiller du bout des doigts les poches de mon short, en tire deux doses, de quoi suffisamment nous claquer pour un bon bout de temps « Toi d'abord ? ». Je secoue vivement la tête, détache mes cheveux et passe la main dedans « Pas tout de suite, j'ai envie de te voir partir, que ça cesse de te tirailler ici » que je dis en posant ma main sur son coeur, dont les battements effrenés trahissaient son état de manque. Je me redresse légèrement, lui passe le garrot en posant un baiser sur son épaule nue, croisant son regard. Le même manège, une habitude aussi banale que d'allumer une clope. Je chauffe la cuillère, y fout le jus de citron, la dope, plonge l'aiguille dans la mixture. Elle se dissout vachement bien, mon arche va prendre son pied. Je relève la tête vers lui « Ça va être chaud comme shoot ». Il en a vu d'autre. Je me calle entre ses jambes et l'enfonce au creux de son bras gauche, seul encore valide à cet endroit. Il remonte un peu de sang, et j'approche mon visage du sien, presse mes lèvres contre les siennes, sourit en simultané que j'lui envoie l'intégralité de la dose « Bon voyage mon arche ».
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Invité
| Sujet: Re: Le bateau ivre •• Maddie&Noé Sam 15 Jan - 16:49 | |
| Quand je touche sa peau, c'est comme si le monde entier disparaissait, comme si nous étions les deux seuls survivants, ou que l'on nous avait rejeté sur une île à des milliers de kilomètres de toute vie. Même dans les squattes, quand se pressent autours de nous des dizaines de junkies, qui se relayent pour se faire leurs doses, c'est comme s'il n'y avait de nous. Je cale mes yeux dans les siens et je ne les lâche plus, comme un phare qui appelle son navire. Mais son signal est plus fort qu'une simple lumière, elle est animée, elle est sensuelle, presque érotique. Je ressent les vibrations de son corps, sa peau qui sue quand la fièvre du manque se fait sentir, son souffle qui se fait court quand elle attend avec impatience la dose que je lui prépare. Et les jeux s'inversent, tout le temps. Elle est moi et je suis elle ; elle est à moi comme je suis à elle. Elle fait rayonner mon monde comme elle le fait pleurer. C'est d'la poésie de bas étage, un truc éphémère, intéressé, que tu retrouves sur un sol crade, coincé dans une aiguille souillée. « Alors rêve avec moi, mon arche. » Oui c'est ça, c'est un rêve éveillé. Je ferme les yeux, la laissant venir placer ses jambes contre les miennes. « Pas tout de suite, j'ai envie de te voir partir, que ça cesse de te tirailler ici. » Maddie m'aide à retrouver mes esprits, mais mon corps continue de me faire souffrir, de me rappeler la réalité du manque. Il est léger pour l'instant, juste de quoi faire battre le cœur plus vite, des sueurs froides et de petites vagues nauséeuses. J'ai connu pire, on a tous connu pire. Parfois, je me dis que je préférerai mourir que de revivre une longue expérience de manque, quand on arrive même plus à faire deux pas, sans qu'un crampe te plis le ventre, à t'en faire gerber, quand tu crèves de faim mais que ton corps refuse d'avaler quoi que ce soit d'autre que ton poison d'héroïne. J'contrôle, je m'arrête quand je veux, je suis pas un camé moi. La foutue connerie qu'on avait tous répété une bonne centaine de fois, avec le sourire et les pupilles dilatées. Ouais, c'est sûr qu'au début, on est pas comme les autres, qu'on pense qu'on peut se stopper net, comme de décider d'arrêter de manger du chocolat, ou de boire du café. On est forcément mieux que les autres, pas assez con pour se piquer tous les jours. C'est ça leur erreurs aux autres camés, c'est qu'ils se piquent tous les jours ! Foutue, foutue connerie. Mais je l'ai elle, alors j'y pense même pas à mes erreurs, j'vois même pas ça comme le mal, j'aime ça quand c'est avec elle. C'est une symbiose.
Maddie se relève, attrape les ustensiles et fait chauffer le mélange. Je la guette d'un œil avide, comme si chaque seconde à attendre allait rendre la came meilleure. « Ça va être chaud comme shoot. » Ouais j'en ai vu d'autres. Maddie attrape mon bras. Je crois bien que la veine de l'autre est bouchée, elle commençait à prendre une couleur violacée infâme. Maddie remonte son visage en face du mien, posant ses lèvres sur les miennes en pressant sur la seringue. « Bon voyage mon arche. » C'est comme si je me mettais à brûler, comme ça, d'un coup. Les premières secondes, mon corps trésaille, et cette envie de vomir est pire que le manque, mais tout ce relâche. It's coming, quick and quickly. Je me sent incroyablement léger, comme si j'avais abandonné l'enveloppe charnelle et je ferme les yeux, comme si la drogue me forçait à plonger dans un état léthargique. Je suis conscient de ce qui se passe autours de moi, mais je suis incapable de penser à quoi que ce soit. Il n'y a plus de Maddie, plus de chambre, plus Bristol, plus rien à part l'extase du shoot. [...] Quand je finis par sortir de mon semi sommeil, elle est toujours là, étendue près de moi, les yeux mi clos à me dévisager avec patience. Je ne dis rien, échappant un long soupire. Je ne suis pas totalement redescendu, pas encore, mais ça arrive doucement. Je suis dans cette période d'après, qui risque de durer encore plusieurs bonnes minutes, celle qui suive le flash et la période intense. Comme un cessez le feu après une longue bataille. Mon premier réflexe, est de retrouver ses lèvres, de passer mes mains sur son corps avant de me relever légèrement, la paume d'une de mes mains soutenant ma tête. « Je crois que t'es la seule, à trouver de la bonne came en quelques minutes. » Je ris doucement, heureux d'avoir enfin fait taire les douleurs de corps,et de pouvoir enfin penser librement. A ton tour ma princesse. Dans le même schéma que Maddie, je commence à préparer son shoot. « A toi de venir me rejoindre. » Je presse la seringue, captant ses yeux, et recherchant le contact de ses lèvres. C'est comme un rituel, un mimétisme de camés. It was a story for love of drugs rather than a story about love.
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Invité
| Sujet: Re: Le bateau ivre •• Maddie&Noé Lun 17 Jan - 1:53 | |
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Je le regarde partir, je le laisse vivre ce moment parfait dans ce monde que l'on rejoint chaque fois qu'on enfonce le piston et que la dose se diffuse dans nos veines. Mon monde imaginaire à moi est pourvu des créatures majestueuses qui sont nés de la plume de Lewis Carroll, allez savoir pourquoi. C'est mon délire depuis que je suis gosse, moment illuminé où je prenais le thé imaginaire avec mes peluches, mes longs cheveux d'un blond blé et ma robe à la Alice au Pays des Merveilles. Je crois que ma mère était cinglée pour me laisser porter des trucs pareils, de vivre comme une bohémienne à aller quêter aux restaurants du coin de coin remplir mon ventre vide et mes joues creuses. Je me rappelle qu'une femme - l'épouse d'un restaurateur italien du coin - avait proposé d'appeler le service à l'enfance. J'étais peut-être petite, mais pas conne. On ne pouvait pas me retirer ma maman, même si elle passait sa journée étendue à regarder le plafond et à me demander de lui faire du thé, c'était la mienne, et je n'en voulais pas une autre. Je crois qu'aujourd'hui, on l'a interné, mais j'ai perdu le contact de cette réalité depuis longtemps. Tout ce qui m'importe, aujourd'hui, c'est de me défoncer le plus souvent possible, de vivre ce nuage confortable et duveteux que procure l'héroïne. Je me lève doucement, me pavanant sans problème dans l'appartement en culotte à la recherche du chat. Mon arche n'a pas besoin de moi, il est seul au monde. Moi, je vogue au gré de mes recherches, me mettant les genoux à vif à force de suivre le félin. Un bruit dans la chambre attire mon attention, alors j'y retourne. Il a fait tomber un truc, rien d'inquiétant. Je retourne tout près, regardant à peine mes genoux écorchés pour n'absolument rien ressentir d'autre que cette envie de le rejoindre, là, maintenant, dans ses songes. Je passe la langue sur mes lèvres, m'étend de nouveau dans les draps froissés du pieu de Noé, les paupières se fermant d'elles-même. Je reviens doucement tandis que mon arche s'anime légèrement, les yeux rivés vers lui, rêveuse. Il bouge doucement, tend son visage contre le mien et presse ses lèvres sur les miennes. Je souris contre sa bouche, sentant ses mains s'éveiller en parcourant mes jambes frêles, remontant sur mes hanches creusées, mon ventre, le long de mes côtes. Je frissonne, tremble un peu aussi. Ça commence à me faire envie. Ça commence à faire remonter à la surface de vieilles douleurs oubliées, et celle plus récente de ces écorchures sur mes genoux. Mes jambes s'énervent alors que je les replie contre moi « Je crois que t'es la seule, à trouver de la bonne came en quelques minutes ». J'essaie de sourire, mais ça ressemble plus à une grimace qu'à autre chose. Tout ce que je fais endurer à mon corps, défoncée raide, semble se liguer pour me faire souffrir en même temps. J'ouvre et referme les poings, comme pour me rassurer d'être opérationnelle à ce niveau-là. Je l'entends rire, je m'accroche à cette effusion de joie. Puis il se redresse pour préparer un shoot. Un shoot dont j'ai envie. Un putain de shoot dont j'ai besoin. Ça lui prend un dixième de seconde à peine « A toi de venir me rejoindre » qu'il me lance en m'injectant la dose. Explosion de couleurs, tout se retrouve sous le voile fin de l'héroïne, calmant les battements de mon coeur, mon poul, délassant chaque nerf, détendant chaque muscle, lissant chaque trait de mon visage et mon expression faciale exprime la béatitude. D'ailleurs, c'est comme si j'implosais quand Noé pose ses lèvres sur les miennes. Mes membres sont lourds, lourds... puis incroyablement légers. Je suis bien, juste... bien. Je me blotti contre mon arche, dessinant chacun des muscles de son torse alors que je passe à califourchon sur lui, caressant du bout des doigts chaque pulsation de son sang qui afflue dans ses veines. Je suis captivée. Je dessine le chemin sinueux de son sang dans son torse, et je pourrais y passer une éternité. Il se laisse faire, mon arche, habitué à mes délires tactiles « Whaou c'est compliqué, ça zigzag, ça bouge, ça vibre ». Je me penche sur son visage, retenant d'un bras ma chevelure, embrassant sa lèvre supérieure, tout sourire, enfin libérée du poids de la réalité morne des gens bien comme il faut...
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