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 J'entends passer le temps

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MessageSujet: J'entends passer le temps   J'entends passer le temps EmptyMar 17 Mai - 21:39

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© Tumblr

    Les cœurs déchiquetés qui parlent aux fantômes.
    Ferré.

Je n'aime pas le matin et j'aime encore moins le dimanche matin. Je me demande pourquoi mon réveil sonne d'ailleurs ? Certainement un oubli, un mauvais coup de ma tête en l'air omniprésente. Je frappe l'engin démoniaque, la musique stoppe enfin. En réalité, la radio est branchée sur ce réveil sauf qu'il ne capte pas la radio, alors c'est plutôt un grésillement agaçant qu'un rythme entraînant qui me réveille, et ce depuis tellement de temps. J'extirpe ma carcasse du lit, avec autant d'agilité qu'un phoque tentant de danser, au passage, mon pied s'éclate contre l'armature en bois. Super agréable.
    - Putain de merde.
Réaction tout aussi subite que la douleur. Fesses de nouveau sur le matelas, mains dans les cheveux, puis sur le visage, comme pour exprimer une certaine fatigue. Je suis exténué. Je suis crevé à rien foutre. La pièce est noire, je n'arrive même pas à entrevoir la silhouette d'un paquet de cigarettes, les pénombres dominent. Effort numéro un : atteindre l'interrupteur sans me casser la figure. C'est plus difficile qu'il n'y paraît. Je traverse le chantier avec la finesse d'un guépard, allume la lumière et saute sans perdre une minute sur mes gitanes. Clope au bec, sourire satisfait sur les lèvres. Bordel, il est neuf heures du matin, ce n'est pas humain. Seuls les aliens peuvent être debout à une heure pareille, en fin de semaine. Vraisemblablement, je ne suis pas humain ou plutôt : un bouffon qui se lève alors qu'il en pas envie. Ce qui revient à dire que je suis un alien. Étrange supposition. Je devrai arrêter de penser, surtout pour réfléchir à des sujets aussi grotesques. Mon imagination tordue contrôle mon esprit, je suis foutu. Sur ces belles paroles, je sors de là. Cette chambre me rend fou, je sais, la chambre à bon dos. Direction : salle de bain. Un peu de réconfort. Gueule face miroir, je me fais peur. Sous la douche, eau froide, génial. Pourquoi l'eau est froide d'ailleurs ? Finalement, la chance se carapate aussi vite qu'elle m'embrasse. Genre : je tire un coup vite fait bien fait avec la chance. Bordel, de ce point de vue là : la chance est donc une pute. Après mûres réflexions, j'essayerai d'oublier ma trouvaille peu flatteuse. C'est comme l'immaculée conception, ce n'est pas plausible. Je m'habille aussi rapidement que je le peux, enfilant un jean, un tee-shirt trop grand et j'ébouriffe ma crinière brune pour clore la silhouette. Je crois qu'en fait, je vais me remettre en caleçon et errer dans l'appartement ainsi, comme une pucelle déprimée, qui mange du chocolat devant un film niais à l'eau de rose, tout en pleurant son petit-copain adultérin. Ouais, je me morfond tel une vierge, c'est la fin des rires et des doux mensonges. Jsuis' paumé. C'est décevant. Spanish bomb, les Clash valsent au gré de la demeure. Je me surprend même à bouger la tête au rythme de la chanson. Bordel, je n'aime pas être seul comme ça. En plus, la maison est crade, bien entendu, je fais pas le ménage si personne n'est derrière mon cul pour me hurler : "Au boulot !", au moins je l'assume. Pire qu'un gosse. D'ailleurs, le Noé, je sais pas quand il rentre de Russie ou je ne sais où. Toujours à l'ouest.

La peinture. J'ai enfin le corps face à mon chevalet, la toile blanche me fixe avec un air terrifiant, je débute. Pinceau, couleurs aux aguets, j'essaye quelque chose d'authentique, un paysage tout simple. Rien de bien compliqué à première vue, enfin, ça commence, vociférations contre le tableau, hésitant sur les teintes du ciel. Plutôt un couché de soleil torride, monotone ou triste ? Un poil perfectionniste, j'insiste sur des détails. Et merde, le pinceau dégringole de mes doigts pour venir s'étaler sur le sol, laissant derrière lui une petite flaque. J'essuie d'un geste du pied, en vain, la flaque devient une large tâche. Ça rajoutera un peu de gaité dans ma piaule, me dis-je, cherchant une justification, trouver une excuse bidon pour ma conscience, je n'ai pas envie de nettoyer l'incarnation d'une maladresse handicapante. Fainéantise, quand tu nous tiens. En fin de compte, je barbouille maints traits grossiers sur mon pseudo-paysage, décidément, en ce moment ça ne va plus très bien. Ma carcasse s'écroule sur le lit. Retour au point de départ. Tabbie est encore à l'hôpital, c'est flippant la maison sans elle. Je préfère ne pas y penser. Je préfère boire une bière. Encore un va et vient, j'ouvre le réfrigérateur. Long soupir.
    - Bien évidemment, il n'y a plus de bières.
Sidney, tu dois apprendre à vivre seul et faire les course.
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MessageSujet: Re: J'entends passer le temps   J'entends passer le temps EmptyMar 17 Mai - 22:57


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Mais quel pays de merde la Russie. Tout l'est de l'Europe d'ailleurs, et je ne compte jamais y remettre les pieds. Pas dans l'année en tout cas, parce que mônsieur mon petit-ami-tueur-en-série péterait forcément sa crise un jour en me demandant d'y retourner, juste une semaine au moins. Enfin non, ce qu'il allait faire, c'est qu'il me parlerait de son pays d'origine comme de la septième merveille du monde, que je n'aurais aucune réaction positive à ses envies, et qu'il allait tirer la gueule en m'insultant pendant des semaines. Jusqu'à ce que je dise oui, et je finirai forcément par dire oui. Enfin dieu merci, vu la semaine qu'on avait passé là bas, il en était vacciné du Kremlin. Je sais même pas comment on avait fait pour rentrer sans se faire arrêter par la police, que ce soit dans le pays, à la frontière ou même ici maintenant qu'on avait reposé nos valises au bercail. Enfin, l'important, c'était qu'on était tous les deux sains et saufs, et à la maison. Enfin sains et saufs, c'était assez ironique comme terme pour nous qualifier. On avait bien cru mourir d'une crise de manque deux ou trois fois dans son pays de merde. Et va dégoter tes doses là bas. Moi j'en étais incapable, heureusement que j'avais Ash, mon dico interactif anglo-russe à portée de main, sinon j'aurais fini par me jeter d'un pont ou une connerie de se genre. J'aurais très bien pu aller demander une dose d'héro à l'armée rouge. Anglais de surcroit, ils m'auraient envoyé au Goulag ou je ne sais quoi, et je me serais laissé mourir dans ma cellule. Plus de Tabbie encore coincée à l'hosto, plus de Sidney avec ses peintures à gerber, et Ash, n'en parlons pas. C'était pas avec le sourire que j'étais revenu à Bristol et les pieds posés sur le territoire de la reine, j'avais foncé chez mon dealer attitré pour lui soutirer un peu de came. Les grandes épreuves de ma vie : passer plus d'un jour sans qu'une aiguille dégueulasse ne vienne trouer le creux de mon bras. Cette fois là, il ne s'était pas foutu de moi le candy man. Une dope à m'en faire planer des heures, un flash quatre étoiles. J'avais même eu droit à un bout de matelas dans le squatte que j'occupais de temps en temps pour consommer. J'leur avais même pas manqué à mes potes par défaut, ils c'étaient même pas rendu compte de mon escapade d'une semaine. D'ailleurs Joe, qui crevait à moitié de l'autre côté de la pièce, je crois pas l'avoir vu bougé depuis la dernière fois que j'étais venu ici. Même place, même gueule. Il était peut être réellement mort en fait. C'était pas moi qui allait vérifier. Enfin, pour mon grand retour, j'étais partit me faire planer dans ce squatte miteux, plutôt que d'aller embrasser Sidney et lui filer tous les mini posters de Lénine que j'avais trouvé pour lui. S'il pouvait lui peinturlurer la gueule à celui là, il aurait peut être l'air moins froid … moins russe.

Je traîne des pieds le long du couloir, me stoppant net devant la porte. Je suis censé dire quoi après mon escapade ? Surprise ! I'm back in town ! Dire que je les avais seulement prévenu en laissant un mot sur le frigo. Du grand art. En sachant que Tabbie était clouée à l'hosto, que j'aurais dû être près d'elle au maximum … et que Sidney tout seul … je voulais même pas réfléchir aux ravages. Si ça se trouve, j'allais le retrouvé dans un coin de sa chambre, roulé en boule et la peau sur les os, l'appartement se serait transformé en dépotoirs avec des cadavres de bouteille partout. Quand le ventre réclame, faut bien combler avec quelque chose, et le connaissant un peu, ça m'aurait étonné qu'il sorte faire des courses. C'était plus le truc de Tabbie ça, de se charger de remplir les placards. Et sans être misogyne, elle nous était bien utile. Je me décide enfin à mettre les clés dans la serrure, pousser la porte en évitant qu'elle grince, et tenter deux trois pas dans l'appartement. Et bien c'était … je vais pas dire propre et rangé, mais tout de même vivable. Claquement de porte censé m'annoncer mais personne ne vient me sauter au cou. Deux secondes, j'ai l'image d'une Tabbie folle de joie, sortant d'une des chambres à fond sur un fauteuil roulant. C'est le silence qui vient m'accueillir à la place. Dommage, on repassera pour la scène comique. D'un geste, je balance mon sac de voyage dans un coin de la pièce, – un mini sac à dos, j'avais absolument rien prévu pour aller à Moscou et je m'en étais mordu les droits au bout de quelques heures là bas -, part pour m'affaler sur le canapé et me stoppe net. Debout près du frigo : Sidney. Mon Sidney. Gosh, j'en ai battement qui rate à le revoir. Penser ne jamais rentrer ? Ouais, ça m'avait parcouru l'esprit environ toutes les dix minutes là bas. « Sid ! Je pensais pas te trouver là ! » Même si ici, c'est aussi chez lui. Je reste planté en face de lui, comme si j'avais fait le mur hier, et que mon paternel m'avait attendu dans la cuisine, les bras croisés. « … la Russie, c'est à chier. » Autrement dit : Bristol, la pluie anglaise, le thé dégueulasse, toi, Tabbie, l'appartement … toi, m'avaient manqués.
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MessageSujet: Re: J'entends passer le temps   J'entends passer le temps EmptyMar 17 Mai - 23:37

« Sid ! Je pensais pas te trouver là ! » Je sursaute. Putain, il m'a fait peur le con ! Mes yeux s'écarquillent, bordel, il est enfin rentré. Une journée de plus et sans rire, je changeai la serrure pour me venger de son brusque départ et surtout : du mal que j'ai pu enduré, ici en solitaire, paumé. Je reconnaissais même pas la demeure sans les deux autres mousquetaires.
    - J'habite toujours là, si mes souvenirs sont bons.
Grattage de tête et sourire en coin. Ça fait du bien, Noé retour au bercail, ce n'est pas trop tôt. En plus, ils nous abandonnent pour quoi ? La Russie, et je ne veux même pas savoir les raisons, avec lui, il faut craindre le pire. Puis, le petit mot sur le réfrigérateur pour nous prévenir. Noé ou le Mystérieux aventurier des neiges. Il est de plus en plus... Étonnant ? On va dire ça. « … la Russie, c'est à chier. »
    - Normal, y'a trop de russes.
J'ai rien contre les russes, je me demande pourquoi je balance ça moi, enfin faut pas chercher à comprendre. Il m'a manqué. C'est désespèrent à dire, mais oui, il m'a affreusement manqué. Il a aussi beaucoup manqué à Tabbie, la pauvre, dans sa chambre d'hôpital à se torturer l'esprit : Noé reviendra-t-il un jour ou pas ? Franchement, le mec est cruel. Bistrol, c'est macabre sans lui, encore plus macabre qu'à son habitude. En plus, j'étais même plus capable de peindre, sans Muse, c'est difficile. L'idée de Noé déguisé en Nymphe en tête, m'extirpe un rire idiot pendant quelques secondes. Tabbie serait plus séduisante tout de même. Passons les fantasmes étranges hein.
    - Au moins, tu étais pas seul en Russie, enfin je suppose.
Jaloux ? Non pas du tout. Ou peut-être que si. Je ne sais pas trop. Sidney tu es un handicapé des sentiments. C'est toujours comme ça, j'attends un élément déclencheur bien brutal pour me rendre compte de quelque chose, sans coup de pied aux fesses, je demeure dans l'ignorance. En effet, je suis vraiment un gamin. Cela dit, ça me répugne un peu, de le savoir avec ce type là pendant une semaine entière. Ouais en fait, je suis jaloux. Bon, je vais me griller une gitane, ça ira mieux après. Clope au bec, la tête appuyé contre le frigo, frigo sans bière, sans rien en réalité d'ailleurs, putain le drame quoi.
    - Pour ta gouverne, y'a rien à manger, rien à boire, j'ai pas fait les courses.
Il doit bien s'en douter. C'est bien connu que je suis inapte à m'occuper seul d'une baraque, jme' laisserai mourir de faim par fainéantise. J'ouvre quelques placards tout de même, histoire de m'assurer de l'authenticité de mes dires, peut-être que le saint esprit est passé par là, apparemment oui, il reste une bouteille de sky. Ouais, bon, ce n'est pas des céréales, du pain ou encore du lait, bouarf, c'est déjà ça. Puis qu'il se plaigne pas, je suis plus à plaindre que lui. Regard jeté, qui se voulait enragé, enfin, c'est dur de ne pas être amical avec lui, hélas. Et puis, je ne lui sauterai pas dans les bras, faut pas rêver. J'ai galéré pendant une semaine, entre les séjours attristés à l'hôpital, les cours et l'appartement. A cause de lui. Je me contente de lui servir un fond de whisky, pour moi aussi au passage. Y'a pas de diluant possible, pas de glaçon ; les verres propres, c'est un miracle. Comme à la guerre, mon ami.


Dernière édition par S. White-Lancaster le Mar 24 Mai - 22:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: J'entends passer le temps   J'entends passer le temps EmptyMar 24 Mai - 21:59


Mais quelle entrée en matière idiote. S'il y avait bien une personne sur qui j'avais toutes les chances du monde de tomber, c'était bien Sidney. Surtout en voyant le bazar qu'était devenu l'appartement : il aurait au moins pensé à emporter ses affaires s'il avait profité de ma semaine d'absence pour se faire la malle je ne sais où. Non, tous ces pinceaux un peu partout, ses tee shirt plus ou moins propre qui gisaient sur le canapé, ça sentait l'occupation encore récente d'un Sidney dans cette pièce. On aurait pu se la jouer documentaire animalier, quand on veut vérifier s'il n'y a pas un ours ou un renard qui se planque pas loin : il laisse des indices, genre il arrache un tronc d'arbre, bousille des fourrés, et son dortoir est un vrai havre de paix. Sidney c'était un peu ça : il laissait ça marque. Bien entendu, il n'était pas du genre à pisser sur les quatre murs tel le mâle dominant. Lui c'était plutôt le pot de peinture près de la table du téléphone, la cannette de bière posée sur le four à micro ondes, et sa couverture couvrant la télévision – pourquoi ? Je n'en sais rien, il avait peut être décidé de faire un sitting sur l'écran plasma -. « J'habite toujours là, si mes souvenirs sont bons. » Avant de rentrer, j'avais pris peur sur le chemin. Le genre de boule d'angoisse qui vous tient au ventre pendant des heures. Je pensais qu'ils m'avaient tous quitté, que Sid était repartit chez ses parents, que Tabbie en avait fait de même, et que moi, j'allais retrouver un appartement vide de leur présence en franchissant le palier. Ça m'aurait achevé, même si je l'aurais peut être entièrement mérité. Quoi que, on n'abandonne personne pour une semaine de vacances non ? C'est comme si Tabbie s'acheter les offres spécial club med, du jour au lendemain, et partait au Japon, son grand rêve. Je ne lui en voudrais pas le moins du monde … mais encore une fois c'est moi, alors les gens ont tendance à me balancer des pierres. Et moi à me faire de grands films aussi. Je hoche la tête, ne répondant rien d'autre pour ne pas m'enfoncer … mis à part le coup sur la Russie. « Normal, y'a trop de russes. » Je crois avoir un grave problème avec la Russie, peut être encore plus depuis que j'y étais allé en chaire et en os. Mais Sidney aussi. Je hoche une nouvelle fois la tête – décidément -, l'air de lui faire comprendre que oui justement, il avait vu juste sur le problème de ce pays.

« Au moins, tu étais pas seul en Russie, enfin je suppose. » Je pince les lèvres en levant les yeux vers Sidney. En fait, il le savait plus ou moins, que je m'étais mis en couple avec Alexander. J'avais dû vaguement le glisser dans une conversation, ou peut être que Tabbie s'en était chargée, je ne sais pas, mais le fait est que non, je ne lui avais jamais exposé la situation noir sur blanc. J'me sentais un peu honteux. Pas honteux d'être avec Ash, au contraire, mais d'avoir aimé Sidney si fort et d'un coup l'abandonner pour quelqu'un d'autre. En quelque sorte, j'avais l'impression de l'avoir trahis. Je hausse les épaules, murmure une vague réponse. « Oui, j'étais avec Alex. Il est russe à la base. » Pas sûr qu'entendre parler de mon super petit ami lui plaise. Loin de là même. Je le regarde fumer sa clope, toujours dans une position nonchalante. « Pour ta gouverne, y'a rien à manger, rien à boire, j'ai pas fait les courses. » Pas très étonnant, et j'suis sûr que les bières étaient parties les premières dans la longue liste des produits dont Tabbie avait le plein avant l'hôpital – une chance que l'accident ait eu lieu un mercredi, vu qu'elle fait les courses le mardi -. Je hausse les épaules, attrape une clope et un briquet qui traînent sur la table basse, l'allume et lui balance sur un ton moqueur. « T'avais qu'à aller les faire, t'arrives bien à t'acheter tes gitanes. » Phrase prononcée par le type qui lui aussi était totalement incapable de faire les courses tout seul. Je le regarde sonder les placards, à la recherche de son eau bénite. Forcément, Dieu nous avait laissé le whisky pour fêter nos retrouvailles. C'était toujours mieux qu'un sandwich jambon beurre … Sidney n'aurait même pas partagé. Il nous sort deux verres, en verse un fond et je m'avance vers lui doucement, attrapant mon verre. J'avale l'alcool, jette un regard à Sidney. « On a fait des photos avec Ash, sur mon portable … tu veux les voir ? » Viens que je t'étale mon bonheur au fond quasiment inexistant car tellement bancale sous les yeux. On n'avait pas fait de photo, j'avais juste réussi à faire un clicher de sa tête par surprise. J'sais pas, je voulais sûrement faire chier Sidney … Je voyais pas d'autres motifs.
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MessageSujet: Re: J'entends passer le temps   J'entends passer le temps EmptyMer 25 Mai - 0:53

« Oui, j'étais avec Alex. Il est russe à la base. » Avalant mon verre de whisky, je me retrouve à faire un « raah » discret de mécontentement. Bon bah maintenant, toutes mes suppositions s'avèrent exactes. J'aiguise un sourire ô combien hypocrite, avec un mouvement de tête pour faire mine d'acquiescer sa réponse. Voilà, je ressemble à une autruche, comme lui il y a quelques minutes. Que répondre ? Oui, tu m'emmerdes à dire ça et je sais qu'il est russe ? Ouais je vais lui dire ça.
    - Tu me fais chier. Et merci, je sais qu'Alex est russe.
En fait, je ne savais même pas qu'il était russe, je crois ne même pas le connaître, ce qui fort possible d'ailleurs. Ah ! Mauvaise foi quand tu nous tiens. J’écrase ma cigarette dans un cendrier qui traîne par là, et en rallume une autre, non non je ne suis pas en colère, pas du tout. La blague. Mes dents viennent à mordre ma lèvre inférieure, je me sens bien con, Noé à le don de me rappeler à quel point je peux être idiot et naïf parfois. Putain, ça fait chier cette situation de merde. Vive la politesse. Non plus sérieusement : Tabbie est à l’hôpital, Noé s’enfuit pour je ne sais quoi avec son « mec », et moi je me retrouve tout seul, à l’ouest. Et son retour s'avère brutal. Ce n’est pas joli à voir tout ça.

L’amour avec un grand A. L’amour, ça fait chier surtout. Je ne serai même pas affirmer avec exactitude si c’est de l’amour que j’éprouve pour Noé, incapable de poser un mot sur notre relation. Tout de même, ça me fait un choque, de ne plus l’avoir comme ça quand je le désire. J’aurai peut-être dû réfléchir à deux fois avant de jouer avec les sentiments des uns des autres. Conclusion : tout cela me retombe sur la poire, et c’est bien fait. Un petit-garçon qui a des parents qui ne cèdent plus à ses moindres envies. Je ressemble à cela. « T'avais qu'à aller les faire, t'arrives bien à t'acheter tes gitanes. » Salop.
    - Le choix est vite fait, entre mes gitanes et la bouffe.
Je m’attends à recevoir une remarque sur mon intelligence et ma vision tordue des priorités, je l'emmerde. Ouais, mais je suis persuadé d'une chose : il réagirait comme moi au final. Je devrai le laisser une semaine, partir genre en voyage chez mes parents, il comprendrait sa douleur. « On a fait des photos avec Ash, sur mon portable … tu veux les voir ? » Je sors de mes gonds, ça commence. Verre de whisky aussitôt avalé, aussitôt resservi.
    - Tu bandes là hein ?
Un long, très long, soupir s’extirpe d’entre mes lèvres tandis que j’apporte le verre à ma bouche et le repose sur la table, d’un geste qui en disait long sur mon état.
    - Tu bandes de m’exposer ton pseudo-bonheur en pleine gueule ?
Je lui éclaterai bien son portable sur sa tête de chauve. J’ai l’impression d’être un ancien petit-ami collant et chiant, j’ai horreur de ça. Surtout, que mis à part le sexe, à l’époque, tout cela me passait plus ou moins au dessus du crane. A l’époque, hélas plus maintenant. Ma main droite passe sur mon front, exaspéré, fatigué, désespéré ? Un truc dans ces eaux-là, voir pire. La troisième guerre mondiale se produit dans mon esprit, et franchement, déjà que c'était bien ravagé avant, je vous laisse imaginer le résultat.
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MessageSujet: Re: J'entends passer le temps   J'entends passer le temps EmptyMer 25 Mai - 23:16


« Tu me fais chier. Et merci, je sais qu'Alex est russe. » Ça a le mérite d'être clair. Je pince les lèvres quelques secondes, déviant le regard sur un des points de la cuisine pour ne pas avoir à croiser celui de Sidney. J'vais éviter de dire un truc par dessus, ça ma calme directement cette phrase. Je ne savais pas qu'il s'était intéressé à un moment à Alex … Ou peut être qu'il avait lu le journal, allumé sa télévision comme tout le monde, et qu'il avait découvert la tête de mon très recherché boyfriend en direct du flash info. Je n'avais jamais eu de petit ami officiel – on ne pouvait pas vraiment compter Sidney parmi eux même si j'aurais été le type le plus heureux, et ridicule, du monde à marcher dans les rues main dans la main avec lui -. Pour la première fois que je me mettais en couple avec quelqu'un, il avait donc fallu que ce soit un criminel, sinon ça n'aurait pas été drôle de trouver monsieur parfait du premier coup. Sidney il était parfait. Enfin presque. Tant pis, il n'avait pas voulu de moi, ou en avait trop voulu avec Tabbie. C'était du passé, fallait que j'arrête d'y penser. Pour arrêter d'y penser, il aurait déjà fallu que je change d'appartement, pour ne plus voir la tête de Sid et son regard agacé que je sentais planer au dessus de moi en cet instant. C'est ça qui me fout en rogne je pense, qu'il ne soit pas heureux pour moi, qu'il en m'ait pas sauté dans les bras dès que j'ai franchi la porte d'entrée. Tabbie, elle m'aurait limite écrasé et m'aurait posé trop de questions pour que je puisse répondre à toutes... Autant enchaîner sur les courses, c'est nettement moins risqué comme terrain. Quoi que. « Le choix est vite fait, entre mes gitanes et la bouffe. » Je laisse entendre un soupire, attrapant mon verre de whisky pour le terminer d'un trait. Il avait raison, encore, et ma réplique censée le décomposer sur place se retourne contre moi. J'aurais fait pareil si j'étais resté seul une semaine. J'aurais réfléchi à ce dont j'avais le plus besoin et la bouffe n'était même pas dans mon top trois. En fait non, je serais retourné chez ma mère. J'aurais pleuré deux secondes devant sa porte, elle aurait ouvert, m'aurait filé l'argent que je voulais et roule jeunesse.

Nouveau verre de whisky en main, j'essaye de trouver ce qui pourrait le blesser un peu... Alors ça sort comme ça, les souvenirs de Russie. Sur le coup, je ne sais pas vraiment ce qui me prend. Surtout que s'il me répond par la positive, et me demande de lui montrer mes photos, je me serais fait avoir comme un bleu avec mon seul et unique cliché flou. Au pire je dirai qu'il y avait pas mal de neige quand je l'ai prise. Je voulais pas qu'il pense que j'avais passé ma semaine dans une chambre de motel minable, à plus ou moins discuter, à pleurer des heures parce qu'on n'avait plus aucune dose ou qu'il ne nous restait plus qu'un petit fond de tabac. « Tu bandes là hein ? » Je redresse le visage, hésite trois secondes à le regarder dans les yeux avant de me détourner une nouvelle fois. Sidney énervé, ce n'est pas souvent. « Tu bandes de m’exposer ton pseudo-bonheur en pleine gueule ? » Je serre nerveusement mon verre, fronce les sourcils en attrapant la bouteille. Me noyer dans l'alcool ? Pourquoi pas, ça reste toujours plu doux que d'entendre la voix aigre de Sidney. « T'es pas heureux de le savoir ? Que je suis enfin bien avec quelqu'un plutôt qu'à toujours essayer de te satisfaire sans succès ? » Je hausse un peu le ton, même si l'envie d'une dispute n'y est pas. J'ai l'air d'une collégienne devant son premier amour, celle qu'elle n'a jamais réussi à avoir, ou même à oublier. J'attrape mon verre, avec une soudaine envie d'aller l'éclater contre le mur, et finis par le porter à mes lèvres pour en descendre le contenu. « Donc ouais, ça me fait bander d'en avoir fini avec ça. Avec toi. » C'est le mélo drame maintenant, drama queen. J'ai toujours eu tendance à rajouter un côté tragique aux situation.

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MessageSujet: Re: J'entends passer le temps   J'entends passer le temps EmptyJeu 26 Mai - 0:13

« T'es pas heureux de le savoir ? Que je suis enfin bien avec quelqu'un plutôt qu'à toujours essayer de te satisfaire sans succès ? » Et vlan, vérité en pleine gueule. Il est vrai, je suis un mec égoïste, autant l’avouer : je préfère voir Noé tenter de me satisfaire plutôt que d’être heureux avec ce type. Mais ce que Noé risque de ne jamais savoir : c’est que je suis satisfais depuis déjà vraiment longtemps. Au point d’en arriver à me poser des questions dingues, sur des sentiments possibles et inavouables, faute d’une ridicule fierté. Douce ironie. Cette idée m’affiche un sourire, risette vraiment mal placée pour le coup. Le goût râpeux du whisky me caresse les lèvres tandis que j’en avale une mince gorgée. J’observe le contenu, et fatalement l’ingurgite en entier. Peut-être que l’alcool m’apportera un certain réconfort ? Puis, il y a un l’avantage : si je suis ivre, j’arrêterai de gamberger. Tirant d’une façon abusive sur ma clope, je recrache la fumée vers le sol, toujours cette mine frustrée sur le visage. J’ai manqué Noé, de peu, mais j’ai tout de même loupé le fil en réalité. C’est la vie, la vie c’est moche, la vie ça fait chier, la vie c’est qu’un long supplice parsemé de quelques courts instants de joie et de jouissance. Je passe mes deux mains mes cheveux, toujours à soupirer, à me blâmer intérieurement. J’ai été con. Et hélas, ce n’est pas rattrapable.
    - Non, je ne suis pas heureux.
Clair et précis. En plus, c’est vrai ce que je viens de lui balancer. Autant jouer certaines cartes de la sincérité, au point où j’en suis.

Perturbé, désorienté, paumé. Abattez-moi sur le champ. Je lui fais toute une scène, sans lui jeter le pourquoi du comment en fait. Bien qu’il ne soit pas bête Noé, il a dû comprendre la problématique. Si non, je réviserai mon jugement sur ses compétences intellectuelles. C’est pourtant évident. « Donc ouais, ça me fait bander d'en avoir fini avec ça. Avec toi. » Je pouffe de rire, ce qui équivaut beaucoup plus à un sarcasme qu’à autre chose. Moi aussi je bande devant pareilles sottises. Ce n’est pas terminé. Il ne faut pas se voiler la face, tous les deux, on se cherchera encore longtemps sans forcément se trouver. Et puis un jour, baf, tout s’arrêtera vraiment. Mais pas maintenant, ce n’est pas l’heure, du moins pas pour moi. Les fesses à présent sur une chaise, je médite. On ressemble vraiment à des gosses là, j'en aurai presque envie de pleurer, c'est pire qu’une série B logiquement dramatique.
    - Bordel, qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre.
Long soupir. Phrase aussitôt jetée, aussitôt regrettée. Peut-être devrai-je tout lui balancer, genre de A à Z ? Non, jamais. Il serait fichu de se foutre de ma gueule, rien que pour me faire chier d’avantage. De plus, les feux de l’amour, très peu pour moi. Bien que je dois le reconnaître, actuellement, je nage en plein dedans.


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MessageSujet: Re: J'entends passer le temps   J'entends passer le temps EmptyJeu 26 Mai - 0:38


Mais à quoi on joue là ? A se balancer quelques piques à la gueule, tous plus ou moins emprunts de vérités. Au fond, on ne s'était jamais vraiment engueulé. Même pour se départager sur la série qu'on allait regarder le soir. Sidney gagnait toujours, je lui laissais même la manche sans l'avoir combattu. J'en étais dingue de ce mec, il était venu, c'était installé, et tout lui était déjà acquis. L'appart, Tabbie, moi. Il avait son petit royaume, et forcément, quand un de ses deux fidèles sujets se faisait la malle pour aller vivre son amourette avec un russe, tout explosait. Je n'étais plus à lui, ça changeait totalement la donne, j'avais le droit de me faire entendre, même si chacune de ses répliques me blessait totalement. J'aurais mieux fait de fermer ma gueule. De rentrer une demie heure plus tard et le croiser dans le couloir, ou filer m'enfermer dans ma chambre en prétextant être trop crevé pour des retrouvailles, on verrait ça demain. C'était pas pour moi les conflits, j'avais pas les épaules. Pas contre quelqu'un qui me connaissait aussi bien que l'autre tatoué en face de moi, avec sa bouteille de whisky qu'il semblait descendre deux fois plus vite que moi. On va finir saoul, ça vaudra mieux vu que j'ai toujours eu l'alcool joyeux. Au pire, si on partait dans les révélations un peu plus tard, on ne s'en souviendrait pas le lendemain, ou on mettrait ça sur le dos de l'alcool, incapable d'assumer ce qu'on pensait réellement. « Non, je ne suis pas heureux. » Je me fige, ma bouche et sa prochaine réplique qui ne sortirait pas tout de suite prenant la forme d'un o parfait. Je détestais déjà cette pseudos conversation. Parfois, il fallait mieux s'arrêter sur la pluie et le beau temps, ça présentait moins de risques. Nouvelle réplique balancée, un peu idiote sur le coup, et le visant directement. J'en aie fini avec toi … Tu parles, si j'en avais vraiment fini, je ne serais pas là à gueuler comme un malheureux, à continuer d'enfoncer le couteau dans notre plaie commune. Non, je n'en avais pas fini, ce n'était pas aussi simple que je l'aurais souhaité.

Sidney se met à rire, m'énerve encore plus. Il s'assied, et j'attrape la bouteille pour un nouveau verre. « Bordel, qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre. » J'en ai marre, plus que marre, et n'arrive absolument pas à me calmer. L'envie de l'attraper par les épaules et de le secouer dans tous les sens me traverse l'esprit quelques secondes mais je ne bouge pas de ma chaise, comme seul mouvement celui du verre qui vient à la rencontre de mes lèvres. Je le fais claquer sur la table, tourne le visage vers Sidney en le pointant d'un index accusateur. « Alors pourquoi tu n'as rien fait hein ? T'aurais pu venir me chercher, c'est pas comme si tu n'avais rien remarqué ? » Il l'avait bien vu non ? Que je passais moins de temps à l'appartement, que je m'en allais à n'importe quelle heure de la nuit et revenais le lendemain avec un drôle d'air sur le visage. On ne tombe pas amoureux en une journée – sauf pour Sidney mais c'était spécial -, et une petite parole m'aurait fait revenir aussi vite que j'étais partit. Je bénis le ciel que Tabbie ne soit pas là pour écouter notre conversation. Elle aurait pleuré, elle nous aurait hurlé dessus que l'on n'était que des gosses alors que pour une fois, les échanges semblaient un peu plus sérieux. Elle m'aurait demandé de me calmer, elle lui aurait demandé d'arrêter de rire et de parler. Ouais, heureusement qu'elle n'était pas là pour voir ça. On était loin d'en avoir terminé.

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MessageSujet: Re: J'entends passer le temps   J'entends passer le temps EmptyJeu 26 Mai - 1:19

Trop, c’est trop, me dis-je, tandis que l’idée d’aller me réfugier dans ma chambre me traverse l’esprit, comme un gosse encore une fois. De toute façon, ma chambre, ce n’était pas le must de l’isolement. Au pire, si Noé avait autre truc à me jeter par la tronche, il lui suffit juste de tourner la poignée. Mais bon, apparemment, pas le temps d’aller m’exiler sous mes draps, c’est plus ou moins un règlement de comptes là. Long silence, très long, trop long. Le genre de silence qui foute mal à l’aise, je n’ose pas le regarder, mes yeux balancent du plafond au sol. Je me contente de boire encore et encore. Un Sidney ivre, c’est plus drôle qu’un Sidney qui prend la mouche en faisant une crise de jalousie. « Alors pourquoi tu n'as rien fait hein ? T'aurais pu venir me chercher, c'est pas comme si tu n'avais rien remarqué ? » Je me sens très con mais alors à un point. Car, ouais, j’ai rien vu venir, certainement trop axé sur ma petite personne pendant cette période, hélas décisive. Cherchant d’une manière agressive dans mon paquet de clopes, une clope – ce qui parait logique –, en vain. En prime y’a plus de cigarettes, non mais alors là, c’est le pompon. Putain de soirée de merde. Je jette ce dernier par terre, soufflant, ruminant entre mes lèvres quelques jurons.
    - Je n’avais strictement rien remarqué, et sur le coup je m'en foutais. Merde.
Le ton hausse, ce n’est pas forcément à cause de Noé pour le coup, je culpabilise déjà sur ma phrase franchement pas méritée, j'ai eu la voix méchante. C'est juste un manque certain de nicotine.
    - Désolé.
Excuses peu enthousiastes, mais excuses tout de même. Culpabilité, quand tu nous tiens. Je pouffe à nouveau de rire, ce qui est plus nerveux qu’autre chose. Il va croire que je ne prends pas la scène au sérieux. Alors que si, et c’est justement ça qui me fait rire. Je n’ai pas la capacité, dirais-je, à exprimer un sentiment. Puis, à force de boire je n’aurai plus la capacité à exprimer quelque chose de sensé. De toute façon, cette situation n’est pas sensée. J’aurai peut-être dû fermer ma gueule et acquiescer sa relation d’un air hypocrite mais convainquant. Vous savez, faire genre que « Oui oui je suis content pour toi », néanmoins faire tout mon possible dans son dos pour briser ce couple qui m’emmerde tant à cet instant. J’aurai pu faire ça. Et bah non. J’ai jeté ma saloperie de jalousie en plein dans la tronche de Noé, et voilà le résultat.
    - Ça fait chier.
Ouuuh, quelle remarque constructive et ouverte d’esprit Sidney. On t’applaudit. Surtout que ça me fait surtout chier moi que lui hein.
    - Autant être franc pour une fois. Ton couple m’emmerde, et ce n’est pas pour les raisons que tu penses.
Ouais car je sens le magnifique : « Tu es un égoïste, c’est juste car ton petit univers de Prince s’écroule », ouais bah si ce n’était que ça, je me porterai bien mieux.
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MessageSujet: Re: J'entends passer le temps   J'entends passer le temps EmptyJeu 26 Mai - 21:30


Et si c'était à refaire hein ? Qu'on remontait le temps, et que Sidney avait finalement bougé sa carcasse pour reprendre son dû ? Est ce que j'aurais quand même fini avec Alex ? Je ne savais pas. Il ne fallait même mieux pas que je commence à me poser ce genre de questions, la réponse, si tenté que j'en trouverai une, ne me plairait sûrement pas. Sid me troublait, j'étais complétement déséquilibré. Oh, quand il était loin, tout se passait bien, j'étais le mec le plus sûr de lui que cette terre n'ait jamais enfanté... Quand il était en face de moi par contre, à me balancer qu'il n'était pas heureux sans plus de cérémonies, je commençais à dérailler. J'aime Ash, j'en suis persuadé. Je n'aurais pas été jusqu'à le suivre dans son pays de l'Est si je n'avais pas tenu à lui. Est ce que j'aime toujours Sid, même un peu ? Non, me poser ce genre de question n'arrangeait absolument pas la situation. Dans ma tête, tout se bousculait, comme si chaque pensée voulait passer avant l'autre, la course à la meilleure qui ne voulait jamais franchir la ligne d'arrivée. Alors je lui demande pourquoi il n'a pas réagi avant, puisque maintenant c'est trop tard. Demander des réponses à Sidney, c'était un truc assez risqué. Lui et moi, on était plus des adeptes de la fuite, c'était beaucoup plus simple, surtout en matière de sentiments. A part Tabbie, je ne me confiais pas souvent. Elle par contre, elle devait connaître ma vie de A à Z, avec tous les détails qu'elle aurait préféré ne pas entendre. En fait, les pensées roulaient toutes seules jusqu'à ma langue, et je parlais sans m'arrêter, passant du truc le plus inutile, au gros ressenti personnel sans forcément de transition. Tabbie c'était mon journal intime, jusqu'à présent, ce n'était pas le cas de Sidney. « Je n’avais strictement rien remarqué, et sur le coup je m'en foutais. Merde. » J'ai l'impression que la terre s'effondre d'un coup. « Désolé. » C'est pas grave … Si c'est grave ! Alors comme ça il n'en avait rien à foutre que je me sois éloigné jour après jour ? Et ben bien fait pour ta gueule Sidney. Bien fait sur le coup, tu ne pouvais t'en prendre qu'à toi même. Cette phrase m'achève complétement et les excuses ne font pas vraiment leur effet. J'ai deux secondes envie de me mettre à pleurer ; d'aller me rouler en boule dans un des coins de l'appartement et de faire des mouvement d'avant en arrière en serrant mes genoux. Il me restait quand même un peu de fierté pour rester en place sur ma chaise. C'était tout de même dégueulasse de me dire ça.

« T'es un beau salaud. » Silence, tous les deux à méditer dans notre coin, ruminer dans notre barbe. Pas sûr que ma petite insulte l'atteigne, surtout vu la façon dont je l'avais prononcé. Un espèce de mélange entre une blase totale et une critique en sourdine. « Ça fait chier. » Il est pas prêt à lâcher l'affaire hein ? « Autant être franc pour une fois. Ton couple m’emmerde, et ce n’est pas pour les raisons que tu penses. » Je pince les lèvres, fait bouger mon verre pour faire tourner le reste de whisky dans mon verre, l'avalant d'un trait. C'est vrai que pour une fois, ça avait le mérite d'être franc, même si ce n'était pas encore de la plus grande clarté. J'ai envie de rire moi aussi, un rire aigre pour lui montrer toute l'amertume que j'avais pour lui en cet instant. Il arrive après la bataille, encore une fois. Et il n'avait même pas posé un pied sur le champs de tir au passage. Je finis par me lever, pour lui faire face. « T'es vraiment un beau salaud. » Je me répète, cette fois un peu plus fort, et l'attrape par le col de son tee shirt pour l'attirer contre moi, contre mes lèvres. Ma main se pose un peu brutalement sur sa nuque, pour accentuer le baiser, et je finis le lâche. Le maudissant déjà de l'effet qu'il pouvait toujours me faire.

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MessageSujet: Re: J'entends passer le temps   J'entends passer le temps EmptyJeu 26 Mai - 23:24

Et tandis que les pensées se cognent les unes contre les autres dans ce qui me servir d’esprit, je me resserre un verre, avec la ferme intention d’exterminer toute capacité à réfléchir. C’est trop bruyant, ça fait mal, ça coince dans ma tête. Le trouble. « T'es un beau salaud. » Tout juste, un point Noé. C’est vrai que là pour le coup, je ne peux qu’acquiescer d’un mouvement de tête, d’ailleurs fort insistant, genre je baisse et remonte ma tête dans un geste long et plus ou moins ridicule. Signe efficace pour prévenir de la montée évidente de l’alcool. C’est moche de boire, sauf en cet instant. Là, c'est presque nécessaire. La déprime totale. Je pose ma tête sur la table, allongeant le bras sur cette dernière, observant non Noé, mais le tee-shirt traînant pas loin de sa chaise. Si je regarde Noé, je vais repartir dans mes divagations. Sidney est retourné sur Terre. Enfin, à moitié quoi.
    - Et toi, un bel enculé.
Là pour le coup, j’aurai mieux fait d’avaler ma langue. L’équation est simple : le bel enculé, c’est plutôt moi. Mais bon, l’envie d’avoir le dernier mot est toujours omniprésente.
L’ambiance est si… Nerveuse. C’est comme si, l’un comme l’autre, on attendait qu’une chose : se foutre une bonne fois pour toutes sur la gueule, histoire de faire exploser tout ça et ne plus en parler. Je crois que j’aimerai que ça tourne ainsi. Plus simple, mais hélas peu probable. En prime, je tourne autour du pot. Franchement, je n’ai pas la gueule à lui hurler un poème sur mon amour naissant en sautillant partout d’excitation, quoi que, je passe bien mon temps à sautiller çà et là de l’appartement. M’enfin, là, non, c'est différant. Et ce putain de silence qui demeure à nouveau. Silence gênant. Je me redresse, les deux coudes sur la table. « T'es vraiment un beau salaud. » Pas besoin de le dire deux fois, merci Noé.

Ce fut rapide. Je me laisse évidemment emporter par Noé, qui sans crier gare, m’embrasse. Sur le cul. Observant ensuite son air dégouté sur le visage. Un soupir s’extirpe d’entre mes lèvres tandis que je les ramène vers celles de ce cher Noé, à mon tour de prendre soin d’agripper sa nuque pour qu’il ne s’échappe pas. Qu’il ne me fasse pas le coup du copain idéal qui s’enfuit face à la tentation au risque de tromper l’élu de son cœur. Histoire d’éviter toute confrontation avec le désir, et retourne, chien chien obéissant, chez son mec. Je ne m’en remettrai pas. J’ai cette fâcheuse tendance à m’accrocher au moindre petit espoir, peut-être même trop, vu que la plupart du temps : les espoirs s’envolent, et Boum : retour à la dure réalité. Donc, ne voulant guère pleurer tel un bébé dans ma chambre ensuite, si Noé dégage de là, avec plein de regrets en tête et blablabla. Je repose mon cul sur ma chaise. J’ai envie de lui sortir un : « Je te préviens, tu restes ou tu pars maintenant ». Ce serait trop dramatique, je ne ferai crédible. Et accessoirement, il est chez lui aussi. En effet, méfiance à l'horizon.
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MessageSujet: Re: J'entends passer le temps   J'entends passer le temps EmptyDim 12 Juin - 17:04


Premier pas de franchi, je venais d'embrasser Sidney. C'était la première fois depuis … Depuis que je m'étais mis en couple avec Alex. Combien ? Quelques semaines, quelques mois, je n'avais jamais vraiment compté, comme je n'avais pas remarqué le fait que je tombe amoureux de lui. Tout s'était passé d'une manière si brutale, la maison dans laquelle nous nous étions retrouvé tous les deux, à faire l'amour dans un placard avant qu'il ne me laisse crever sur le plancher. Nos engueulades, nos parties de jambes en l'air, pour au final se retrouver dépendant l'un de l'autre. Quelle foutue merde. Encore une personne que je n'aurais pas dû rencontrer, encore une personne que j'aurais dû ignorer sinon. Je suis bien avec lui, mieux qu'avec personne d'ailleurs. Je n'avais jamais connu ça avant, un truc aussi fort. Mon amour pour Ash était totalement différent de celui que j'avais pu ressentir pour Sidney. Je ne saurais pas vraiment l'expliquer, placer de mots dessus, de définition, mais ce n'est pas la même chose, je le sais, je le sens. L'éternelle différence entre l'amour passionnel et passager, et le grand le vrai. J'me sens fleur bleue sur le coup. J'ai toujours été un peu fleur bleue cela dit, à m'enfermer dans mes mondes imaginaires où je tenais le rôle du héros, trouvant son prince charmant. La réalité, c'était complétement différent. Moi mon prince charmant, il était arrivé avec une seringue coincée dans le creux du coude, et notre nuit de noce, on l'avait passée à trembler à cause du manque. La réalité donne la gerbe. Cela dit on s'aime, c'est déjà ça … Alors pourquoi est ce que j'avais attrapé le col de Sid pour venir plaquer mes lèvres sur les siennes ? Une vieille pulsion sortie de nulle part. Sidney, c'est la passion passagère.

Je le lâche, décolle mes lèvres en regrettant de suite mon geste. J'avais eu l'occasion de tromper Ash, avec des mecs vraiment bandant et qui n'attendaient que ça. J'avais eu l'occasion mais n'avait jamais sauté dessus, préférant passer mon chemin pour le retrouver le soir. C'était un peu la croisière s'amuse, le pays magique vu comme ça. Et il avait fallu que ça arrive, avec Sidney. Un baiser, ce n'est pas grave en soit. Je sens la pression de la main du brun sur ma nuque, ses lèvres de nouveau plaquées sur les miennes... et de retourner s'asseoir sur sa chaise, sans dire un mot. J'ai jamais su faire face aux situations compliquées, elles avaient tendance à me faire paniquer. C'est un beau bordel ; un de plus dans la longue liste que j'écris depuis mes quatre ans. Je me lève, pose ma main dans ses cheveux, caresse sa joue. « T'as toujours su te démerder pour avoir ce que tu veux hein ? » Pour l'instant, je ne ressens pas de sentiment de culpabilité, même s'il arrivera forcément à un moment ou à un autre. La bombe à retardement. J'attrape sa main pour l'embarquer avec moi dans le salon, mes lèvres collées au sienne. Pour l'instant je n'y pense pas, pour l'instant j'ai envie de Sidney, pour changer. Tout en reculant, je romps quelque secondes le baiser pour lui retirer son t shirt.
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