Invité
| Sujet: ❝ un vin de bohême, amer et vainqueur. ❞ Ven 7 Oct - 22:25 | |
| ❝ Redde Caesari quae sunt Caesaris, et quae sunt Dei Deo. ❞ Je passe la porte, comme toujours. La face cachée d'un business sans fin. Je m'assois sur le fauteuil de Jesse, et étend mes jambes sur le bureau, verre à la main. Le réveil d'un claquement de fouet. J'avais pris l'habitude de les classer et j'avais parcouru les lignes d'encre d'un papier immaculé, puis un autre, encore et encore. Depuis, c'était comme une manie, s'infiltrer vicieusement dans les réseaux infâmes. Je devais sans doute aimer ça, les choses sales, brisées, que la majorité des gens trouveraient inhumaines. Sans doute que je sentais que c'était ma place, au milieu de tout ses objets. Mais j'étais incassable, indétrônable sous les lueurs du matin, l'alcool glissant lentement dans mon corps dans une longue gorgée. Imperturbable, je ne sursautais même pas alors que la porte s'ouvrit une seconde fois, je levais les yeux, jetais un regard et fixa Jesse quelques secondes. « T'es en avance. » Dix minutes. Je n'avais même pas besoin de regarder l'heure pour le deviner, une horloge intégrée, un sablier duquel le sable oublie de s'écouler et les grains restent coincés dans l'espace étroit du début et de la fin. Refusant de vivre, refusant de mourir. Refusant tout mais prenant tout les opportunités. Un putain de paradoxe. Je rejetais une mèche de mes cheveux et me replongea dans ma lecture. Une fouine. Animal solitaire opportuniste qui se déplace vers ses semblables seulement pour se reproduire. Douce ironie, on est des animaux, cherchant à prouver la loi du plus fort et exterminer les autres. Seuls les plus forts vaincrons. Seules les espèces les plus fortes pourront anéantir les faibles. Certains appellent cela de la cruauté, mais c'est l'instinct de survie. La première catégorie est écrasée par la deuxième, d'un seul pas. On entendrait presque leur os qui craque, jouissif. Bien sur, mon but premier avait été vite remplacé par cet intérêt malsain à regarder des gens foutre leur vie en l'air et ce besoin vital d'être tyrannique, mais au départ, je n'étais pas là pour cela.
• • • Écrire un second bouquin, foutue ambition démesurée d'une américaine devenue bourgeoise de Londres. L'ennui total et rien de mieux à faire qu'une critique virulente. Je déambule dans les couloirs silencieux, lentement, veillant à ne pas faire de bruit. Ou, pour être plus réaliste, j'écrase mon mégot devant le bâtiment et rentre comme si j'y venais tout les jours. Je vois le nom que je recherche sur un porte et entre sans frapper. Personne, un jeu d'enfant. Je m'assois dans le siège, attendant presque patiemment qu'il arrive. Cela avait été si facile, repérer une prostituée, lui tendre quelques billets pour des informations, soutenant que je n'étais pas de la police. Quelle absurdité. Premièrement, ils ne faisaient rien contre ses commerces, ils en profitaient et deuxièmement, je suis bien trop belle pour risque de perdre ça d'une balle qui me défigurerait. Quelques tours d'esprit plus tard, j'étais là, attendant sagement un certain Jesse, décrit comme « un salop », ce qui promettait d'être intéressant. Ces filles ne semblaient connaître aucun autre homme que leur patron et clients, pauvres créatures misérables. Un bruit dans le couloir, une silhouette, un regard. Ça pue l'orgueil à plein nez et pour une fois, ce n'est pas que le mien qui emplit la pièce. Je me lève sur mes jambes maigres et m'approche à une distance toutefois raisonnable, j'ai de la volonté, mais j'ai mes principes. « Très bien, Monsieur je n'ai pas retenu ton nom. Je veux voir comment tes putes fonctionnent, mais je risque pas d'en devenir une. Ça m'intéresse certes, mais je suis pas tombée aussi bas que tes employées. » A prendre ou à laisser. Quitte ou double.
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