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 Shot In The Back Of The Head •

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Indy K. Bernstein

Indy K. Bernstein

PSEUDO : POLTERGEIST

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MessageSujet: Shot In The Back Of The Head •    Shot In The Back Of The Head •  EmptyVen 23 Sep - 21:09


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La balle part. Siffle à côté de mes oreilles, s'enfonce dans le sol. Elle a volontairement manqué sa cible, et le tireur me tourne le dos, disparaissant sans un mot de plus, sans un bruit. Les secondes mises sur pause, je reste à regarder la porte claquer, la mâchoire crispée, les yeux quelque peu écarquillé face à la peur montée d'un coup brusque. Voir sa vie défiler devant ses yeux, on n'a pas le temps pour ça. Tout se passe trop rapidement, tout se termine trop vite. Un trou béant dans le crâne, comme celui qui redécorait le sol de mon salon. Likka est loin, sortit de l'enceinte de la maison depuis quelques minutes, et je reste là, les bras ballants et la respiration qui semble s'être coupée, sur pause elle aussi, le corps entier ; comme s'il m'avait vraiment tiré cette foutue balle en plein cœur. Incapable de réaliser, le contre coup. Et elle arrive, la vague nauséeuse, la descente d'adrénaline trop forte après avoir été retenue trop longtemps. Ça commence par les jambes, rendues faibles par des tremblements non contrôlés, le poids trop lourd pour être supporté, je manque de tomber, me rattrapant de justesse à la table basse. Un genoux posé à terre, le souffle semble se bloquer dans ma gorge. Le cœur s'emballe à son tour, et une plainte m'échappe, retenue par ce nœud dans ma gorge. Rien ne sort, j'étouffe complétement. Tête légèrement penchée vers l'avant, je serre instinctivement mes poings tremblants, jusqu'à ce que les jointures se teinte d'une couleur blanche. La douleur se fait sentir, comme si mon cœur allait exploser, comme si mes côtes allaient se briser sous l'air retenu. Sensation aigre au fond de ma gorge, je me redresse sur le coup, allongeant rapidement le pas jusqu'à la salle de bain. La porte claque et j'ai juste le temps d'atteindre les toilettes, glissant à genoux devant pour gerber mon stress dans ma cuvette. Les larmes me montent aux yeux, et la plainte se fait enfin entendre, accompagnée par une quinte de toux à m'en déchirer la gorge. Souffle saccadé mais présent, je me laisse retomber sur le côté, crâne sur le carrelage froid. Les tempes battant à un rythme irrégulier, me fendant jusqu'alors le crâne, semblant se calmer peu à peu. Anesthésié, je fais doucement glisser mes jambes vers moi, mes genoux se collant presque à ma poitrine. Position fœtale, mon corps entier me brûle. Le self control légendaire se remet doucement en place.

Debout face au miroir, l'image rendue n'est pas vaillante. Les traits tirés, les yeux rougis par les larmes de douleur, je crispe légèrement la mâchoire, serrant le bord de l'évier entre mes doigts. Je laisse échapper un long soupire, laissant couler un peu d'eau du robinet pour m'asperger le visage. Remis en état ; combien de temps étais je resté sur le sol ? Je ne sais pas. Deux minutes, dix, vingt. Peu importe, le calme était revenu. L'orage était loin, et la mine fermée avait refait surface. Une putain de pierre, un bloc qui c'était décomposé quelques instants face à un coup qui aurait pu lui être fatal. Serviette reposée sur le côté, pliée avec soin, je recule de quelques pas, regard toujours posé sur mon reflet. Quelques secondes de battement, du temps en plus, et je claque la porte de la salle de bain, traversant la maison d'un pas rapide pour en sortir. Le froid ambiant me glace quelques secondes, m'arrête sur le perron et je reprends ma course. Je ne sais pas où aller, j'avance à l'aveuglette, comme poussé vers une direction aussi bien connue qu'inconnue. Mes yeux balayent les rues, à la recherche de la silhouette de Likka. Nervosité ambiante, mon visage tourne de la droite vers la gauche. Enfin je ralentis, m'arrête quand je découvre le cors replié de Likka, dos à un mur, terré dans une ruelle. Je m'approche doucement de lui, m'agenouillant en face et posant mes mains sur ses genoux. Exerçant une légère pression dessus pour qu'il se détende, qu'il allonge les jambes pour que je puisse m'avancer un peu plus près. Son visage baigné de larmes reste immobile, bas, et je pose mes mains sur ses joues, le forçant à relever le menton. « On trouvera toujours un peu de temps. » Abandon pour la soirée, mes pouces glissent le long de ses pommettes pour sécher les nouvelles larmes ; plaquant quelques secondes mes lèvres sur les siennes.

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Likka Kļaviņš

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MessageSujet: Re: Shot In The Back Of The Head •    Shot In The Back Of The Head •  EmptyVen 23 Sep - 23:25

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La crise d’angoisse profonde. J’ai l’impression de convulser putain. Respiration tellement agitée qu’elle semble sur le point d’exploser mes poumons, le cœur s’emballe au même rythme, les tempes tremblent, jvais’ faire un foutu arrêt cardiaque. Comme un clébard à terre, qu’on observe agoniser sans lui accorder le plaisir de l’achever, je souffle bruyamment. Faut se régulariser ; se calmer. Mais j’y arrive pas, d’une faiblesse atroce lorsque l’émotivité dépasse sa ligne rouge. J’ai toujours été ainsi. Après un choque brutal, la paix s’avère vaine, c’est possible seulement après plus d’une heure d’acharnement douloureux. Sensation dcrever’, lentement, très lentement. Une nuit entière afin dme' ressaisir suite au décès de ma mère, par exemple. C’est l’hécatombe aussi bien physique que psychologique. Ça déraille de tous les côtés, et t'es impuissant face à cela. T'as l'esprit en mode pause, lointain, et t'attends cloitré derrière les barreaux de ta foutue douleur. Te voyant dépérir sans réussir à t'atteindre. Plus aucune maîtrise ; le fantôme s'écorche les veines. Même plus capable dréfléchir' ou sortir une pensée un semblant logique. Les images sont absentes. Juste le vide, le néant. Et mes doigts se crispent sur le jean, front appuyé contre les genoux repliés vers le torse ; jsais' pas quoi faire. Mis à part écouter le temps couler jusqu'à que ça passe. Abdiquer, c'est obligatoire. Me lever est à rayer dla' liste. Je n'ai vraiment plus qu'à patienter, en prenant mon mal en patience. Chialer dans les pénombres, prier Dieu ou que sais-je, pour qu'aucun mec traverse la ruelle à cet instant précis. Le flingue à côté, jfais' des erreurs, arme beaucoup trop visible ; putain, reprends-toi Ana. Plus facile à dire qu'à faire. Ce n'est rien, juste un avant-goût de la fin.

Le tissu humidifié par les larmes, ça me brûle, gratte, les joues. Jdois' ressembler à un type passé sous un rouleau compresseur, et qu'importe. La nuque bascule vers l'arrière, tête contre le mur, toujours en suffocation. Les minutes filent, et mon état ne s'améliore pas. Jpréfère' fermer les paupières plutôt qu'observer le Monde valser furieusement. Ça tourne ; ça bousille. Putain. Perte de contrôle total. Si un bâtard vengeur flânerait dans les parages, il pourrait m'abattre avec une telle facilité, c'est déconcertant. La garde baissée. Comme le disait Gainsbarre, le masque tombe, l'homme reste, et le héros s'évanouit. Rapide et efficace ; parfaitement démuni, plus qu'à enclencher la gâchette. Un miracle qu'Indy habite un quartier fréquentable, au sein des dépotoirs dégueulasses où j'erre régulièrement, jserais' déjà mort. Que ce soit pour la dope dans la poche intérieure dma' veste, quelques billets verts, ou par simple et barbare punition. Toutes les raisons s'avèreraient valables. Ce pourquoi jgarde' constamment un œil ouvert. Hélas, là, ce n'est même pas envisageable. Faut croire qu'on s'ébranle tous à un moment ou un autre. Le visage vient à nouveau se loger sur mes genoux, jserre' la mâchoire en entendant quelqu'un débarquer, et la main droite glisse difficilement jusqu'au flingue. Reflex paranoïaque qui n'aboutira à rien, jfrisonne' trop pour ne serait-ce que le soulever. Foutue montée d’adrénaline qui s’impose en vague, opérant ses flux et reflux, moralement, ça m'achève. Pression sur les jambes, jcapitule' en les allongeant. Les sanglots reprennent leur danse incessante lorsqu'il dépose ses mains sur mes joues, me remonte le visage. Indy. L'unique personne sur cette foutue planète apte à dompter ce putain de malaise. « On trouvera toujours un peu de temps. » Pousses essuyant le débordement de larmes, et ses lèvres se plaquent contre les miennes. J'agrippe doucement sa nuque d'une main, tentant d'atténuer ma respiration saccagée, et l'embrasse un court instant. C'est la décomposition ; en phase terminale. Les paupières se ferment, le regard bas. Mots réconfortants mais, hélas, sans réelle valeur. Faut se rendre à l'évidence. Aucune réponse, prononcer une parole est encore trop délicat. Pathétique.
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Indy K. Bernstein

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MessageSujet: Re: Shot In The Back Of The Head •    Shot In The Back Of The Head •  EmptyLun 26 Sep - 9:49


La peur est passée, mais la gorge reste nouée. Un putain de stress qui ne veut pas me quitter, mais que j'essaye de surmonter malgré tout. C'est une nécessite, je ne peux pas commencer à paniquer pour un rien. M'arrêter de vivre car la fin semble proche, car j'ai la tête déjà posée sous la guillotine, et que j'attends le bourreau pour m'achever. Il viendra à temps, en attendant, il faut continuer à avancer pour ne pas sombrer. C'est tellement plus simple de se laisser couler, de s'enfermer en s'agrippant à n'importe quel espoir, prier pour assister au lendemain et sentir son cœur se rompre à chaque léger bruit. La trouille au ventre, à en gerber, à s'en arracher les tripes pour essayer de calmer la douleur. C'est vain, un putain de leurre que de vivre dans les illusions. Stagner dans le rêve, se dire que le malentendu était là, qu'on arriverait à faire face, à survivre malgré tout. Se raccrocher au peu de vie qu'il nous restait en s'imaginant invincible, voir le miracle arriver était ridicule, inutile. L'espoir ne fait pas vivre, il tue. L'opium du peuple. Demain, ma journée ressemblerait à celle d'hier. Boulot sur boulot, pause déjeuner, café, et on verrait si je passe la nuit. Tant pis, c'est comme ça et pas autrement. Mon destin est celé, aucune raison ne pourrait me pousser à rêver du contraire. Je suis perdu, Likka non. Et ce qui me terrifie le plus, est de le savoir lui même en danger. Le provoquer de son propre chef pour mes yeux. Essayer de retarder le moment fatidique et en payer le prix. Ce type qui l'avait engagé, est plus puisant que nous ; se débarrasser des nuisibles n'est pas un problème pour les personnes dans son genre. Un foutu mauvais film d'action, le compte à rebours est enclenché. Reste à savoir si des deux héros, un s'en sortira au moins vivant.

Il faut retrouver Likka, lui accorder le moment de calme pour repartir en guerre. La trêve de quelques heures. Je le connais par cœur. On dit souvent que personne ne connaitra jamais personne, c'est faux. On ne s'en donne juste pas les moyens. Chaque mouvement, chaque idée lui traversant l'esprit, je la lis comme s'il me la crachait à la figure. L'inverse marche également. Mes pas me portent d'instinct dans les ruelles, plutôt que de sauter dans ma voiture pour atterrir à son appartement. Incapable d'expliquer pourquoi je le sais, pourquoi je sais qu'il se trouve à terre sur le goudron, plutôt que dans sa chambre, planqué dans le refuge-foyer. Rapidement à sa hauteur, je m'accroupis devant lui, sans prononcer le moindre mot. Mains caressant son visage, et foutue promesse balancée. C'est faux, mais rassurant. Il n'y croira pas, et moi non plus. On dirait un gamin, un gamin brisé par une réalité trop dure à encaisser. Les choses s'écroulent, et les épaules de Likka lâchent sous la pression. Il craque complétement, dévoilant la face humaine, la sensibilité qui le fait gerber de dégout. La scène me renvoie des années en arrière. Le fléaux d'une fatalité dégueulasse, et la réaction semblable au décès de sa mère. Rien n'est mérité, mais les faits sont là. On n'y peut rien, notre destin ne nous appartient pas ; on trouvera toujours quelqu'un pour nous faire tomber de notre piédestal, nous marcher dessus quand on se trouve au sol. Likka ne me répond pas, continuant à s'étouffer dans ses sanglots. Baiser échangé, sentir le contact de ses lèvres me détend, efface le semblant de stress qui continuait à m'habiter. Je me décale légèrement, mes doigts continuant à caresser sa joue. C'est le paradis qui nous attend mon amour. Pression sur mes jambes et je me redresse, glissant mes mains dans les siennes pour le forcer à en faire autant. Viens lâché sur un ton doux, ordre masqué. On rentre à la maison. The shelter.
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Likka Kļaviņš

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MessageSujet: Re: Shot In The Back Of The Head •    Shot In The Back Of The Head •  EmptyMar 27 Sep - 20:54

Le sang en ébullition. Ça bouille ; je le sens, je le sais. La colère et la peur, le mélange est néfaste. Savoir Indy déjà crevé, ça m’arrache les tripes. Quoi qu’il arrive, c’est ainsi, et putain ce n’est pas autrement. Aucune échappatoire. La foutue évidence. Je ne veux pas gober cette vérité. Mais il le faut, hélas. Elle est là, sous mes yeux, omniprésente et invincible. Salope de vérité. Le temps. Voilà ce qu’il nous reste. Ce n’est pas glorieux. Continuer à vivre normalement. Je n’y arriverais jamais. Pas en sachant cette triste fatalité. Ça va me ronger, le processus est déjà enclenché. Et pourtant. Faut tenir. Ne serait-ce que pour Indy. La situation étant pire en ce qui le concerne. Mais lui, c’est différant. Il a toujours eu cette capacité que jnai’ pas : le Self-control, relativiser, se ressaisir. Moi, dès qu’une carte s’écroule, c’est l’hécatombe aussi bien physique que mentale. La côté défaillant du tandem. Les tremblements sont comparables à l’agitation se tramant dans mon crane. Grossiers, douloureux, dégueulasses. C'est la putain de fin qui s’annonce, affiche sa première ombre ; j'ai envie de la flinguer. L'impossible m'a toujours fait saliver. Et bordel, j'en ai mal aux yeux à force de pleurer. Une brûlure infâme. Absolument plus fort que moi. Cette fichue sensation de distance une nouvelle fois. Tu veux arrêter de chialer tel un gamin, mais tu ne peux guère, trop éloigné, trop lointain. Trop paumé. En lambeaux. J'ai le cœur détaché, il agonise en face, sur le bitume. Mon 9mm me fait les yeux doux. La panique est telle qu'une connerie est vite arrivée. Évite de trépasser, Ana, évite. Les idées dépressives, suicidaires, ça passe et ça vient. Et puis surtout : ça revient. Tous les jours, jme' demande si jvais' crever. Comment, où, quand, pourquoi. Et c'est bien la première fois, où j'ai la foutue impression qula' question se transforme en affirmation. Une vulgaire impression, juste. La sensation de partir, dégager une fois pour toutes. Sensation que nous apporte, inéluctablement, l'angoisse la plus profonde. Et dorénavant la mienne, jla' subis, en pleine gueule, telle une balle. La mort d'Indy. Le perdre, c'est le dernier de mes soucis. Qu'est-ce qu'on s'en branle de mon état si jme' retrouve seul. C'est savoir qu'il se perdra lui-même qui m’annihile. Que sa vie s'achèvera brutalement, sans réelle justification, juste car un baron dla' drogue en a décidé ainsi. Juste pour une question de business. Qu'il décède avant l'heure prévue à cet effet ; que la vie lui tourne le dos par obligation. Ce n'est pas mérité. Une mort pareille n'est jamais concrètement méritée. Si la plupart de mes actes tendent à penser le contraire, jnai' cependant trouvé d'explication plausible pour buter quelqu'un ; je fais cela pour la thune, bastonne ma conscience, et ainsi file le macabre. Ou tue pour tuer, par vengeance, violence soudaine : bestialité. Mais, en réalité, ce n'est jamais mérité. Un droit qu'on s'accorde, ni plus ni moins. Ça me retombera dessus, c'est prévisible. Tu sais à quoi t'attendre lorsqutu' dépasse la limite rouge, te prends pour cette chimère qu'on surnomme Dieu, à manipuler la Faucheuse à ton bon plaisir. C'est le juste retour des choses ; la moralité de l'immoralité. Ce type qui m'a engagé, il découvrira les répercutions une fois l'heure venue. Comme moi. Jsuis' déjà qu'un macchabée ambulant, le tombeau me suit à la trace, suffit qu'il décèle l'instant idéal afin dvenger' mon aberration meurtrière. Ainsi, ça vaut la peine de mourir, ça vaut la peine de tuer, ça vaut la peine d’aller en Enfer ; ça vaut la peine d'essayer dgagner' du foutu temps, d'essayer de concrétiser cette folie vaine : qu'Indy ne se fasse guère abattre. Je suis d'un réalisme tranchant en règle générale. Sauf qu'à cet instant, jpréfère' me fondre au sein des illusions consolatrices. Croire que l'impossible est possible. Peut-être que là, éventuellement, je pourrais ralentir la progression du mal qui s'est logé. Perdurer un peu plus ; tenir. Plutôt que mtirer' une balle dans le cœur, en parfait lâche, pour ne plus supporter cette foutue certitude sanglante. Plutôt que l'abandonner à sa propre issu, sa cruelle conclusion. Mais la réalité, elle détruit les illusions, et elle s'imposera toujours, comme s'impose maintenant Indy face à moi. Les sanglots fatalement s'accentuent, ça fait mal putain. Le sentir tout près m'apaise autant que cela mravage' ; le plaisir et la souffrance ne font plus qu'un. C'est l'implosion parfaite, le choc brusque et sans finalité. Et bordel, si cette putain de situation pouvait être dénuée d'épilogue.

Je range difficilement le flingue à sa place initiale, coincé dans le jean, l'arme fatale. Puis Indy se redresse doucement, croise ses mains dans les miennes, m'aidant ainsi à me soulever. Un Viens jeté, et j'ai les jambes qui tremblent encore, le corps entier, foutu stress, crise affaiblissant le contrôle moteur. Alors jm'aggripe à Indy pour tenir debout, visage niché contre son épaule, près de son cou, mains dans son dos, qui serrent le tee-shirt. Un gosse. Un gosse qui chiale bruyamment, accroché à son dernier repère devenu, hélas et funestement, transitoire. Jlui' balance entre deux souffles inondés que je suis désolé. Jm'étouffe contre lui, cependant, la suffocation lentement ralentie enfin. Demain, j'irais buter ce fournisseur de laputa pour une masse dbillets' verts, le boulot. Demain, la vie reprendra faussement son cours habituel. Or demain, plus rien ne sera jamais pareil ; le putain de séjour en enfer débute. Exister dans le doute infini, la peur imposée, et la haine vaine. Dévaler l'inconnu à chaque seconde. Je n’y arriverais jamais.
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Indy K. Bernstein

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MessageSujet: Re: Shot In The Back Of The Head •    Shot In The Back Of The Head •  EmptyMer 28 Sep - 21:33


Rien n'était prévu, et pourtant c'est arrivé, sans prévenir. Cet attachement qui nous bouffe. Le serpent qui se mort la queue, étouffe sans pour autant s'arrêter. La boucle parfaite mais indissociable. Il n'y a pas de Likka sans Indy, d'Indy sans Likka. Comme deux siamois, incapable de vivre séparés. Détachez les, et vous perdrez les deux. Désorientés, sans repères, et incapable de faire face à la perte. Le mal à l'autre, les airs froids ne sont qu'une façade, un masque. Quand Likka souffre réellement, que la peine est constante et non par vague, je m'en retrouve aussi à terre. A traîner avec lui sur le bitume sans verser une larme. Touchant le sublime mais plus près du vice. Dans l'axe du mal, on y baignait depuis des années, la ligne est mince et on venait de chuter du mauvais côté. Juste retour des choses, la position inconfortable qui se retournait contre nous. Le jeu dangereux qu'on ne contrôlait pas, et qui avait fini par nous exploser entre les mains. On ne maîtrise pas les choses comme ça, on manipule tant qu'on le peut mais les temps changent, basculent et la gloire qui m'avait toujours souris me tourne enfin le dos en me crachant dessus. Échec final total, ce soir nous étions morts. La pierre tombale nous attendait déjà, on avait marqué nos noms dessus au pilori, descendant doucement dans la fosse en attendant qu'elle se recouvre. Disparus sans laisser de traces, les gens comme nous ne marquent les esprits qu'un temps, retombant dans l'anonymat dès que l'utilité n'était plus de mise. Fauves érudits qu'on couche rapidement d'une balle en plein crâne. La vie donne sa dernière claque. A vingt mille lieues sous la merde.

L'écart se resserre quand il devrait se creuser. Likka devrait me tuer tout de suite, la haine devrait prendre le pas. Et rien ne se passe comme on le souhaiterait, jamais. Partis, je cours à sa suite pour le retrouver dans cette ruelle, le ramener avec moi. Le saut de l'Ange n'est pas pour ce soir. L'arrogance de se dire que cette soirée serait mise de côté. Mains dans les siennes pour l'aider à se relever, il tangue, et mon bras passe rapidement autour de ses hanches, serrant son t shirt. Visage posé près de mon cou Likka continue de pleurer, laissant échapper des désolés bafouillés, coupés par son souffle trop court. C'est confus, ça s'embrouille de tous les côtés, se bloque dans sa gorge mais craché quand même. Chaque effort semble le peiné, trop faible pour avancer seul, dans tous les cas de figure. Doucement, je me met en marche, les doigts agrippés à lui, sans pouvoir le lâché. Impuissants, les deux fantômes qui avancent dans les rues calmes d'un quartier endormis. On se désagrège devant des yeux vides, personne pour constater notre mort. Anonymat parfait, du début à la fin. « Tu n'y es pour rien. » On avance difficilement, Likka à moitié avachi sur moi, trop serré l'un à l'autre pour qu'on aille vite. La peine dans chaque souffle, la situation est étouffante. « C'était à prévoir, à jouer avec le feu. La salope d'histoire qui se finit dans le sang. » je tourne légèrement le visage vers lui, plaçant mon visage contre le haut de son crâne, mes lèvres se posant quelques secondes dans ses cheveux, je ferme les paupières, continuant vers la maison par automatisme.
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Likka Kļaviņš

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MessageSujet: Re: Shot In The Back Of The Head •    Shot In The Back Of The Head •  EmptySam 1 Oct - 22:03

Bon. Faudrait que mon putain de cœur se calme cinq foutus secondes ; il semble sur le point d’exploser, au sens figuré et littéraire. En fait, le corps entier semble sur le point d’éclater en un merveilleux boum. J’ai mal, bordel. Douleur physique et transitoire ; souffrance psychologique sans issu. This is the end. Une brûlure intérieure, elle me bouffe les organes cette pétasse. Et jtousse’ à m’en faire gerber. J'ai la gorge en cendre. Fait chier difficilement balancé entre deux souffles saccagés. Le contrôle n'est plus. Pitoyable, ridicule, pathétique. Aucun adjectif n'est apte à convenablement décrire cet état. Jressemble' à un chien galeux qui crève au bord d'une route, et moisira sur ce foutu bitume glacé ; le genre que tu regardes avec peine, mais qutu' laisses allégrement pourrir, le nez dans sa fange. La pitié, j'inspire à cela. Putain, jflingue' la moindre personne qui ose m'offrir sa putain de pitié en cet instant maudit. Heureusement, personne à l'horizon, mis à part Indy. Mon dernier réconfort. Le condamné à mort venant rassurer son lâche de bourreau. Le tueur à gage implacable à péter un câble ; jsuis' plus humain que j'en ai l'air. Buter des gosses, et pourtant aussi sensible qu'un gamin. Absurde. Jtourne' pas rond. Rien qu'à voir mes foutus cauchemars, bad répugnants, et cætera dégueulasse. La bombe à retardement ; le compteur est enclenché dorénavant. Stabilité mentale fragile, défaillante, jle' sais. Ça fait des années que jsuis' sur la corde raide à ce propos. La conscience est encore de mon côté, mais Dieu sait qu'elle se carapate bien vite celle-là également. Diable, j'ose même pas imaginer le résultat lorsqu'elle s'en ira à la dérive. Un psychopathe doué d'une raison, hélas, devenue éphémère. Non. Jsuis' pas dingue, juste instable. Quoi que. Bordel, j'en sais rien. J'ai envie d'hurler, frapper, tuer ; me libérer des chaînes. Si seulement j'en avais la force. Les larmes coulent à flot, mêlées à la respiration aussi bruyante que massacrée. Jtente' de régulariser les vagues infernales, longues aspirations et expirations, mais cela s'avère vain, il y a toujours un fichu cri quasi-étouffé venant briser mes essais, puis ça repart, la décadence. Cependant, la présence d'Indy légèrement m'apaise, jme' sens enfin en sécurité. Ça me tiraille autant que ça me calme. Curieuse sensation. Et Indy m'aide à me relever, le mécanisme fonctionne de travers, alors jme' retrouve agrippé à lui, histoire d'éviter la chute. Indy mtient' debout, et ce, dans tous les sens du terme. Il faut s'avouer vaincu, et putain, c'est intolérable, insupportable. Un besoin irrépressible d'être contre lui, à chialer, le visage sur son épaule. Et Indy commence le pas vers la baraque, jreste' accroché à sa carcasse comme jle' peux, marchant difficilement. Jmanque' de me casser la gueule plusieurs fois, fichues jambes en vrac, incompétentes. Désagrégation.

« Tu n'y es pour rien. » Phrase qui n'a d'effet que d'accentuer mes putains de pleurs. En effet, je n'y suis pour rien. Pourtant, la culpabilité me ronge jusqu'à l'os. Maléfique ou cruelle fatalité, qu'importe, ça m'arrache les tripes ces remords incompréhensibles. Je ne réponds pas, me concentrant plutôt sur ma démarche défectueuse, le regard bas et détrempé. « C'était à prévoir, à jouer avec le feu. La salope d'histoire qui se finit dans le sang. » Léger baiser au niveau du crane, et jlaisse' entendre un soupir des plus secs et courts ; il explose mes cordes vocales. C'est crève-cœur. Enfin à la maison, Indy pousse la porte d'entrée, puis la referme derrière nous. M'aide à me poser sur le canapé. Bref soulagement qui me traverse, et jm’allonge' dans le sofa, installé sur le droit, face dossier, les genoux repliés vers mon torse ; position fœtus. Le calme débarque enfin, doucement, la respiration se dompte. Exténué, brisé, anéantie. Les pleurs s’amenuisent au fil des minutes, et j'ose à briser le silence en lâchant à voix basse un : « Soixante-dix milles. » Information jetée. Indy comprendra. Plus rien suite à ça pour ce soir, c'est trop proche encore. Et jpasse' une main dans mes cheveux, agrippe les mèches blondes avec force, et mes paupières se ferment, tremblantes. « Je ne veux pas en parler. » Oublier, jveux' oublier ; espérance vaine à la longue, évidemment. Qu'il me laisse juste ce privilège le temps d'une putain de nuit.
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Indy K. Bernstein

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MessageSujet: Re: Shot In The Back Of The Head •    Shot In The Back Of The Head •  EmptyLun 3 Oct - 10:08


Le trajet pénible, les deux cadavres ambulants, accrochés l'un à l'autre comme un dernier espoir, à traîner des pieds en manquant de se vautrer tous les deux mètres. La scène est pitoyable, my baby shot me down. La gueule sur le bitume. En suspension sur un terrain vide, on attend simplement que le sol s'écroule. La vie c'est épuisée, et on marche avec la crainte de tomber. Je reste le maigre soutien, agrippant Likka comme je le peux. Le bateau coule, percé en plein cœur. On prend l'eau, et on avale les dernières bouffées d'oxygène qu'il nous reste. Le tic tac de la roue infernale, seul bruit de font, donné le décompte muet. Pesant, je reste la face émergée, le corps engloutie, avec comme seule idée, ne pas laisser Likka sombrer à sa propre dérive. Trop faible pour tenir seul. J'ai l'air froid face à mon propre sort, à le regarder de loin. La vérité est autre. Sans Likka, je n'avance pas non plus. Seule faiblesse, comme attachés tous les deux à une putain d'enclume qui nous entraine inlassablement vers le fond. Il s'appuie sur un socle qui tangue sous son poids. Silencieux jusqu'à la maison. Je le lâche quelques secondes, pour ouvrir la porte, la faire claquer derrière moi avec le talon. Duo qui se traîne jusqu'au salon, les derniers mètres, et je le laisse retomber sur le canapé. L'endroit me calme, effet psychologique, la maison vue comme une certaine protection ; l'ambiance semble s'être légèrement calmée. Likka s'allonge sur le sofa, genoux remontés contre son torse. Un bébé en décomposition. Le spectacle triste, je détourne quelques secondes les yeux, la mâchoire crispée, avant de passer une main dans mes cheveux. Les secondes en hiatus, je me penche vers la table basse pour déloger une clope de son paquet. Dos redressé, je fixe quelques secondes le sol, le coup de la balle, la marque faite sur le parquet qui aurait du produire le même effet logé dans mon crâne.

Je me tourne de nouveau vers lui, toujours dans la même position. Bloqué sur le canapé, sans aucune envie de bouger. Il passera la nuit ici, c'est mieux pour tous les deux. D'un pas, je me retrouve près de lui, posant les deux genoux à terre. Latte tirée, ma main se pose par automatisme sur sa nuque et je soulève légèrement le menton pour cracher la fumée en direction du plafond. Mon pouce caresse légèrement le bas de son cou, et je laisse entendre un soupir. Fatigué, exténué par les quelques minutes échangées tout à l'heure, et déjà, par celles à venir. « Soixante-dix milles. » Pas besoin d'explications supplémentaires, je comprends la remarque. Soixante-dix milles dollars pour ma tête. Prix conséquent. J'ai au moins plus de valeur que le pauvre dealer de base. Je retire finalement ma main de la nuque de Likka, restant à genoux, la clope fumante calée entre mon index et mon majeur. Simple hochement de tête en guise de réponse. « Je ne veux pas en parler. » Plus besoin de mettre des mots sur la situation. L'abcès est crevé, revenir dessus ne servirait à rien d'autre qu'à enfoncer le couteau dans une plaie béante. L'hémorragie ne s'arrêtera pas, je vais me vider jours après jours sans pouvoir la combattre. La vie n'est censée avoir aucun prix, et pourtant se tenait n vaste marché. On supprime n'importe qui pour une poignet de dollars, et la famille pour quelques billets verts en plus. Pathétique. « Moi non plus. » Je me penche légèrement vers lui, mes lèvres frôlant sa tempe quelques secondes, je me retire finalement, me redressant lentement pour contourner la table, revenir m'asseoir sur le fauteuil d'en face. Retour au point initial. « Les choses peuvent rester les mêmes si on fait semblant pour une soirée. » Things change doesn't mean they get better. La comédie humaine. Une nuit, et le jeu reprendrait. Acharné à lui faire faire ce pour quoi il avait été engagé. Qu'il me déteste assez pour tirer sa balle sans regrets.
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Likka Kļaviņš

Likka Kļaviņš

PSEUDO : soft parade.



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MessageSujet: Re: Shot In The Back Of The Head •    Shot In The Back Of The Head •  EmptyLun 3 Oct - 11:56

Un certain sentiment de honte surplombe cet état des plus calamiteux. Ça me fout les boules d'être aussi pitoyable, complètement faible, face à quelqu'un. Que ce soit Indy, un inconnu, c'est le même ressentiment, je ne supporte guère cela. Me montrer tel que jsuis' réellement : impuissant, fragile, un château de cartes s'effondrant à la moindre brise, une putain de créature faible et rampante. Hélas, c'est plus fort que moi, lorsque cette vague d'angoisse nerveuse s'impose, la contrôler s'avère pratiquement impossible, puis il faut une éternité pour la stopper. Elle t'offre l'impression d'atteindre le point de non-retour, et putain, c'est terrifiant. Ça fait cruellement mal, à en gerber tes tripes sur le bitume, sentir ton cœur exploser ta cage thoracique, ta gorge s'enflammer à la moindre aspiration. Toutefois, l'infernale tornade se calme enfin, ralentit ses flux et reflux démoniaques, je n'ai plus qu'à écouter le temps s'écouler jusqu'à la fin de ces derniers. Être chez Indy m'apaise, la baraque offrant l'illusion dla' sécurité, réconfortante dans ces moments. Même chez moi, je ne me sens guère à l'aise. Pas à ma place. Nul part, mis à part ici. C'est con, jle' conçois, cependant c'est ainsi. Toujours avec cet foutue image de l'enfant brisé, la position dans laquelle jme' trouve sur le canapé, exprime parfaitement cela ; et cette pitié qui m'arrache les tripes. Une horreur. J'essaye dfaire' le vide, oublier, au moins le temps d'un putain de nuit. Impossible, dès qu'une information macabre s'éloigne, une autre s'interpose, encore, encore, et encore. La boucle sans fin. L'esprit tourmenté par des foutues réflexions qui s'entrechoquent, s'éclatent les unes contre les autres. Des nuits blanches à cogiter sur ce cas auparavant, en vain. Maintenant c'est idem, aucune échappatoire débarque, idée miracle qui lui sauverait la vie. C'est foutu. Il faut se rendre à l'évidence. Indy est déjà mort. Une fatalité qui ne peut être empêchée. On s'est bien fait baisé, il faut le reconnaître, un coup de Maître. Même si, à la base, il n'était guère destiné à un pareil résultat. Contrat engageant, sans le savoir, la perte du condamné et son bourreau. Néanmoins, l'évidence est là : je ne tuerais jamais Indy, ce n'est simplement pas dans mes capacités. Le coup sera forcément tiré par un autre, et bordel, ce jour fatidique arrivera inexorablement. L'épuisement aussi bien moral que physique me fout la migraine. Ne plus y penser, putain, il faut ; jcrois' que d'un point de vue médical, c'est préférable en prime. Indy pose sa main sur ma nuque, ça m'arrache un léger frisson, et jferme' les paupières, désemparé. Le prix qui fut proposé balancé, jmarque' un court temps dpause', pour ensuite lui dire que je ne souhaite pas en parler. Totalement, aborder sérieusement le sujet à l'heure actuelle serait suicidaire, c'est trop proche, frais. Pas le courage, pas la force. Que dalle, juste l'envie de crever.

« Moi non plus. » L'avis n'est donc pas partagé à ce propos, il fait l’unanimité. Tant mieux. Lèvres venant frôler ma tempe, et jcourbe' un peu plus la tête, renfermement total. Créer ce foutu cocon qui ne m'aide en rien, funeste vérité. « Les choses peuvent rester les mêmes si on fait semblant pour une soirée. » Je ne peux qu'abdiquer devant cette phrase. Le dos se redresse, et jfais' enfin face à Indy en m’asseyant convenablement, les coudes appuyés contre les cuisses, visage posé sur les mains. Détournant toutefois le regard du sien, fixer tout et n'importe quoi, mais surtout pas lui. Trop dur à affronter. Bref hochement de tête en guise d’acquiescement, et un long soupir se fait entendre. Même pas la volonté pour, ne serait-ce, qu'allumer une foutue cigarette. Fatigue au niveau maximal, tel qu'il ne serait guère étonnant que jm'écroule' dans les minutes qui suivent ; plutôt carrément normal d'ailleurs. Jdors' peu, bouffe peu, passe ma chienne d'existence à tuer, subir des délires paranoïaques, et adopter le vertige des veines. Une vie saine. La crise de ce soir ayant donc littéralement bousillée le peu d'énergie vitale qu'il me restait. J'inspire un grand coup, soufflant bruyamment juste après, respiration saccagée par un trémolo, et lâche un faible, presque inaudible : « Je vais me coucher. » En espérant qu'il me laisse dormir sur place, puisque jle' connais à la longue, ça ne lui pausera aucun problème normalement. Rien de plus ; les scènes sinistrement et sensiblement pathétiques, tous les deux s'apitoyant des heures sur notre putain de sort, ce n'est pas notre genre. Également, le drame fut assez employé pour ce soir. L'affaire se clôt avec un silence, sans superflu, point barre. Rapide regard jeté à Indy en soulevant ma carcasse, et direction les escaliers : la chambre. Le trajet connu par cœur. Les jambes déconnent encore un peu, garces, alors jm’agrippe' à la rambarde, histoire de ne pas dégringoler les marches à l'envers. Une fois à l'étage, jpousse' la porte, entre au sein dla' pièce en la sillonnant brièvement des yeux. Cul posé sur le rebord du lit, jmords' ma lèvre inférieure, visage bas, retenant cependant un léger sourire que m'arrache les souvenirs mis en forme ici. Le passé est parfois consolateur. Jsuis' paumé cela dit, à l'ouest, à la dérive, égaré. Levé, jsors' le barda des poches dla' veste et du jean, et jette le tout sur la table de chevet : zippo, clopes, clés, et cætera. Notamment le flingue. Geste inhabituel, il n'est en général jamais visible, même chez Indy. Sauf que là, jm'en bats les couilles, et ce, totalement. J'accumule les erreurs de toute façon, une de plus, une de moins, qu'importe. Fringues ôtées, rapidement pliées et foutues sur le bureau ; jsuis' un maniaque compulsif, l'ordre est partout, y'a quma' foutue vie qui demeure un bordel constant. Jme' couche finalement dans le pieu, sur le côté, et tire la couette vers moi, la serrant avec le poing. Tête fermement appuyée contre l'oreiller, les paupières se ferment, tremblent légèrement. La nervosité est complètement retombée, elle cède sa place à la putain de tristesse, à l'état brut. Pause durant l'espace d'une nuit, la dernière.
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Indy K. Bernstein

Indy K. Bernstein

PSEUDO : POLTERGEIST

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MessageSujet: Re: Shot In The Back Of The Head •    Shot In The Back Of The Head •  EmptyLun 3 Oct - 16:47


La froideur d'un destin tracé, délimité par un point encore inconnu m'accapare. Elle tourne en boucle, paralyse chacun de mes membres, annihile toute pensée positives avant qu'elle n'ait pu prendre forme dans mon esprit. Rien, le vide, et cette foutue sensation de terreur, de tristesse face à une existence à peine menée, déjà avortée. Gloire de courte durée, le marché de l'ombre m'avait tourné le dos, je me prenais la violence tenue à l'écart pendant si longtemps en plein visage, ni plus ni moins. Longtemps, j'avais soigneusement organisé ma vie autour d'un emploi du temps sain, l'art du paraître. Personne n'aurait pu penser que derrière ce voisin à la mine souriante, sympathique sans être trop chaleureux, se cachait un producteur d'une des drogues les plus dévastatrices du nouveau monde. Emploi du temps méticuleux, aucun détail n'était laissé de côté. Et pourtant, la situation m'échappait totalement. On finit toujours par trouver plus fort que soi ; et devant ce maître sans visage ni nom, l'anonyme qui avait envoyé Likka pour m'abattre, je me devais de plier l'échine, sentir la poids d'un univers qui se bouffait de l'intérieur, en avalant tout ce qui se construisait autour. C'est sans fin, sans issue. Une bête fatalité, ridiculement banale. La vengeance divine, quant à mon manquement à l'ordre, serait simple à balancer. La seule loi qui entourait les gens comme Likka et moi, était une constitution qui se réinventait, jour après jour. Grégaire, la justice bestiale, celle qui s'annihile seule. Coup de traitre sur coup de traitre. Rien à en tirer mis à part les cendres de plus faibles. La théorie de l'évolution est revisité, la Nature ne fait plus le tri, les hommes le font d'eux mêmes. Le pouvoir de décider qui doit vivre ou mourir est mis entre les mains des plus fortunés, et leurs soumis ne peuvent que se débattre en pleurant, criant à la pitié sans jamais l'obtenir. Monde de chiens galeux, la bave d'une rage souillant leurs crocs. Ainsi soit il.

Likka quitte sa position, se relève légèrement pour s'asseoir, ses mains soutenant sa tête. Traits tirés, ravagés par la scène qui c'était déroulée ici même quelques instants plus tôt. Le refuge souillé, mais toujours intact. « Je vais me coucher. » Simple hochement de tête, il n'avait jamais eu besoin de mon accord pour dormir ici, les choses n'allaient pas changer maintenant. Nouvelle bouffée de cigarette, rapidement écrasée dans le cendrier, et je me lève, contourne la table basse, le canapé, pour sortir du salon. Pas un mot, ni un regard quand il s'avance vers l'escalier menant au premier. Je le rejoindrai plus tard. Baie vitrée tirée, je sors dans le jardin, tirant une chaise à moi pour me laisser retomber dessus. Tête légèrement penchée vers l'arrière, paupières fermées, je profite du calme. Du vide, pour remettre les pensées à leur place ; faire abstraction du bordel qu'était devenu le conscient et l'inconscient mêlé. La valse des pensées noires s'amenuise, laissant place à une pause mentale. Rien ne filtre, l'esprit concentré sur les bruits alentours. Le quartier est calme, reposant. Seul le bruit de quelques voitures, aboiement d'un chien, et brise qui fait bouger les arbres rompt le silence. C'est une cacophonie rassurante. Celle du calme qui vient avant la tempête. Demain sera un autre jour. Le drapeau blanc est hissé, mais les troupes se tiennent prêtes pour le premier assaut. L'objectif est clair, pousser Likka à tirer cette foutue balle. Main glissée dans ma poche de jean, je sors le paquet de marlboro, attrape une des clopes entre le pouce et l'index, et la cale au coin de mes lèvres. Flamme du briquet embrasant le bout, je tire une longue latte sur la cigarette, recrachant ensuite une longue ligne de fumée grisâtre en direction du ciel. Mes yeux s'ouvrent enfin, eyes wide open, et un léger sourire se dessine sur mon visage. Voilà où nous en étions rendus. Les années à se planter des couteaux dans le dos se concrétisaient en l'affront final. Le prochain coup devrait être mortel mais les mains des deux protagonistes tremblent sous la pression. Deux incapables. Le regard glisse vers la clope, se consumant rapidement, seule. Se donner soi même la mort était une option à envisager, mes encore une fois, le courage n'y était pas. La volonté narcissique de voir l'autre plutôt que soi, nous enfoncer plus bas que terre. Et pourtant, il faudra bien en finir. Je laisse entendre un nouveau soupir, écrasant la clope sur le sol avant de rentrer dans la maison. Baie vitrée refermée, je suis les pas de Likka, grimpe les escaliers sans bruit, d'un pas régulier. Chambre ouverte, la forme de Likka se devine sur le matelas. T shirt et jean enlevé, posés dans la commode, je grimpe enfin sur le lit, me glissant sous les couvertures. Quelques secondes d'hésitation, à observer la forme sombre, et je passe mon bras autour de son torse, me rapprochant un peu de lui pour coller mon buste à son dos, penchant légèrement la tête vers le bas et ferment les paupières. La trêve ne doit pas durer.
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