Sujet: Bring back that noise • Bonnie & Isaia Mar 4 Oct - 17:13
Il parle, parles. Les mots roulent, d'une élégance rare, trop pompeuse pour les types dans mon genre. Clivage social très net, la différence flagrante entre les deux mondes. Alexander et ses beaux costumes, directement importés d'Italie, son léger accent russe qui pourrie chacune de ses paroles, et ses regards en biais. Les mains bougent, attrapent la coupe de champagne pour la porter à ses lèvres. Je m'en branle des marchés, du cours de la bourse, et de tout ce qu'il peut me raconter sur son putain de pays. Le client parle, j'écoute avec un léger sourire, hochant de temps en temps la tête de haut en bas, pour lui signifier que je buvais chacun de ses mots. La pensée dérive, l'image de Jesse revient parasiter le tout. J'avais repris le travail après la remise à l'ordre faite l'autre jour par ses deux gorilles. La tonne de rendez vous était tombée, petite vengeance pour rattraper le temps perdu. Je pose la paume de ma main sur mes côtes, grimaçant légèrement en appuyant sur le bleu encore présent et clairement visible. Le message était clairement passé, la prochaine fois je dérouille encore plus. L'avant goût de ce qui m'attendait si je continuais à déconner. Pris au piège, la route à suivre est clair et à sens unique ; je penche vers les côtés et je me vautre totalement. Censé faire son job, le seul truc qui m'évitait les problèmes. Si je l'abandonne, je crève à petit feu du manque, homeless ; s'il me vire, je ne serai plus jamais en mesure de faire quoi que ce soit de ma vie. Génial, condamné, où que j'aille. J'avance doucement vers ma propre perte. Malade, le cadavre ambulant sans aucune échappatoire. « Isaia tu m'écoutes ? » Je tourne les yeux vers Alexander, laissant échapper un soupir énervé. « Non. » Je me redresse directement, attrapant la bouteille de champagne débouchée pour l'occasion pour la porter à mes lèvres. Chambre d'un hôtel de luxe, les prémices. Encore habillés, le client n'ayant pas encore déballé ce qu'il voulait, ni même posé l'argent. Aucune envie de rester, l'énervement commence à monter. Alexander se lève à son tour, laissant claquer la coupe sur la table basse, prenant l'air mauvais du banquier en colère. Je roule des yeux, laisse échapper un petit rire nerveux avant de m'approcher de lui. Lèvres qui frôlent son cou, ma main glisse jusqu'à sa ceinture, lui dégrafant sans douceur. Sa bouche s'entre ouvre légèrement, prêt à répliquer je ne sais quoi. Pas le temps, je plaque mes lèvres sur le sienne, le faisant légèrement reculer jusqu'à ce qu'il bascule sur le lit, cul posé sur le matelas. A genoux devant lui, le pantalon glisse. Pas le choix, le travail doit continuer, on m'attend au tournant.
T shirt remis sur le dos, je glisse hors du lit, attrapant au passage mon jean gisant sur le sol. Je sens la mains du client dans mon dos, glisser sur le long comme pour me retenir un peu plus. Les deux ne sont pas terminées, rien à battre. Type pas prêt de rebander, je m'en vais. J'ai fais ma part du boulot, toute la partie accompagnement, pour le bien être du client, que son bonheur soit optimal, je m'en balance. Argent récupéré, je sors sans demander mon reste, sans un mot ou un regard de plus. Engouffré dans l'ascenseur, je pose l'arrière de mon crâne contre la paroi froide, laissant entendre un long sourire. Main qui glisse jusqu'à ma nuque, je ferme les paupières jusqu'au son de fin. Les portes souvent et je traverse le hall d'un pas rapide. L'intrus dans cet hôtel de luxe, comme s'il y avait marqué putain sur mon front. Retour à l'air libre, le souffle pollué du cœur d'Invidia. Les lumières partout, aveuglantes, elles agressent mes pupilles déjà dilatées. Retour au monde, vers les rues mal famées du centre, à la recherche d'un potentiel dealer. Rien, personne, j'ai la respiration courte. Fatigue nerveuse et physique, je me retrouve obligé de m'arrêter contre le mur d'une baraque, glissant sur le long. Jambes remontées jusqu'à mon torse, je pose mon front contre mes genoux, encadrant le tout de mes bras.
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Sujet: Re: Bring back that noise • Bonnie & Isaia Mer 5 Oct - 21:21
Poussent un dernier cri, avant l'éternité car ici respirer rime avec agonie.
Je déambule dans les rues tel un démon, à la rechercher de sa prochaine victime. Un futur cadavre à trouver entre les rues de la putain qu'est Invidia. Une vulgaire salope dans laquelle je trouve mon compte. Un coup gratuit entre mes reins et le nez poudré de cocaïne. La journée termine ou commence, je perds le fil du temps. Sans doute ne finit-elle jamais car la douleur ne s'éteint jamais. Il fait nuit et le labeur de tous commence, soit, ce soir, ce sera une employée qui recevra mes pensées de haines jusqu'à faire exploser son crâne bourré de stratégies de trahisons. N'ont-elles pas compris que nous étions les plus intelligents ? J'observe une nana repartir de la pièce qui fait office de bureau et me tourne vers Jesse, le patron. Les filles aiment bien l'appelé comme ça, mais je trouve que ça ne fait qu'aggraver son orgueil surdimensionné. Notre suffisance à nous-mêmes englobe la pièce et les autres étouffe de cette supériorité, ils ne peuvent pas la supporter car ils ne supportent pas la vérité, il y a des gens mieux que les autres et quand cette prostituée quitte la pièce, elle est encore plus détruite qu'à son entrée en scène, prête à se faire lyncher du public. La porte claque et je me tourne vers mon futur interlocuteur, il sait que je vais encore faire une remarque à la con dont j'ai le secret mais cette fois, elle mérite des réponses. « pourquoi t'as des prostituées hideuses à crever ? » Il y a des signes qui jamais ne trompe, une pute n'est jamais élégante. Elle écarte ses jambes à chaque coin de rue, attendant fermement qu'on lui fourre des billets d'or vert à je ne sais quel endroit. Écœurant. Certes, je couche contre mes sachets de drogues, mais admettons-le, chaque femme baise quelqu'un pour quelque chose, cela s'appelle savoir saisir une opportunité. Et le fait que que cela soit d'ordre presque privé me préserve ma dignité. Le connard qui n'existe pas soit loué. « Il y a une certaine beauté dans la laideur. » Le beau menteur. J'en rirais presque, si je m'en croyais capable. A la place de cette exclamation de joie qui aurait été bien surfaite pour ma personne, je décroche un sourire, malsain, presque effrayant. J'aime me croire effrayante, avoir assez de pouvoir pour que l'on me craigne. C'est presque en ça que je pourrais éventuellement admirer Jesse, une nanoseconde. « Tu les testes, avoue. » Il daigne me décrocher un regard moins fade que les autres, alors je tente de décrypter la suite, mais il reste en mystère. Sinon, rien de tout ça ne serait amusant. « Je baise uniquement les mineurs. » Je porte mon stylo à ma bouche, réfléchissant un microscopique instant. Je suis loin d'être aussi demeurée que la moyenne qui habite cette ville. « si tu vendais leur virginité, ça te ferait gagner plus, avec les dégueulasses qui court dans les rues. » il a encore cette même expression qui dérange. Du foutage de gueule, comme s'il allait m'appeler chérie d'un moment à l'autre et je n'aurais qu'une envie : l'encastrer dans le bureau. « La virginité est un concept révolu. » qu'il me sort. Je devrais presque m'incliner de ne m'intéresser à la prostitution que maintenant. Deux coups à la porte et je finis par demander une faveur, implicitement. « en tout cas, la pouffiasse qui vient de partir, je la baiserais pas. Je peux leur crier d'entrer ? J'aime donner des ordres. Au lit aussi, d'ailleurs. » Remarques sans logique dans un monde d'aliénés. « Fait entendre ta voix, je t'en prie. J'ai toujours eu un penchant pour les femmes despotiques. » Je me contente de hausser un sourcil et reporter mon attention sur l'issue de secours de certains, nous sommes un enfer. Sourire en coin décroché, je vocifère d'entrer, comme cerbère qui ouvrirait les portes de l'enfer. Il sourit, plus pervers que tous ses clients réunis et écrase sa clope, la cendre fumant entre nous pour quelques secondes. Journée typique.
Retour à la nature, la sauvagerie, je m'ennuie, je veux un truc à faire, un truc à fumer, à sniffer, à s'injecter. Je veux un truc putain. Bébé veut son biberon d'illégalité. Bébé veut casser ses jouets. Bonnie veut tout faire exploser, ce sera joli, avec plein de couleurs et pleins de gens hurlant leur agonies qu'elle pourrait écraser avec ses talons. Oh oui, elle veut faire joujou. Je m'enferme dans les toilettes et calme ma frénésie d'une pulsion sur la gâchette de la seringue. Un peu plus et c'était la perdition, le génocide d'une planète entière. Ce serait si bon. Mais soit, ce soir, Isaia me suffira, proie bien cocasse. Je le reconnaitrais entre mille, adossé et recroquevillé comme une vermine. Je marche jusqu'à lui, un calme glacial qui coule dans mes veines alors que j'ai le sang chaud entre mes nerfs cérébraux. Je l'étranglerais sur place mais je sais que ses jours seront pires qu'une mort, c'est trop facile. L'usure mentale, jusqu'à lui faire péter un câble, c'est tellement mieux. Je m'accroupis en face de lui, des sirènes de voitures de polices passent, mais tous ici, nous savons que ce ne sont que des apparences. Ce sont sans doute les pires pourris. Je m'assume d'une fierté exaspérante. Je m'adresse de lui comme à un enfant, comme s'il ne comprendrait pas. La population est attardée. « Bonsoir Isaia. Tu cherches quelque chose ? T'as perdu ton doudou ? » Je fais une mine désolée ridicule, fausse au possible et reprend cette neutralité affligeante. Quelle délicate façon de demander s'il est bien en maque, pour retourner le couteau dans la plaie.
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Sujet: Re: Bring back that noise • Bonnie & Isaia Sam 8 Oct - 12:53
Le cœur qui commence à s'emballer. Point unique, je me laisse dépasser par l'agitation du centre ville. Par terre, traînant au sol comme le premier des clébard qui traîne, je me coupe complétement de la vie urbaine. Genoux remontés contre mon torse, les paupières fermées, je suis reclus dans un monde à part, monde physique. Aucune pensée ne transperce, pas de contrées merveilleuses et imaginaires qui peuplent l'esprit des illuminés, des drogués, des rêveurs. Pas d'idées de futur, d'avenir aussi bien immédiat que lointain. Rien, le vide, un corps qui se sent encore vivre mais flétrir. Je ressens, fondu dans le physique pour quelques minutes, je décroche totalement. Échappe à l'atmosphère stressée de la ville, pour simplement écouter mon souffle saccadé, mélodie désespérée, mon cœur battre à en rompre ma cage thoracique. Mes tempes bourdonnent, mes mains tremblent légèrement, et je serre mes doigts contre les pans de mon jean pour essayer de calmer la déraille. Rien à faire, c'est stupide. Tenter, encore et toujours, mais n'avoir aucun résultat. Je subis, la pauvre victime d'années à vendre son corps pour une dose. N'importe quelle drogue tant qu'elle t'envoie à des années lumières, quand elle te fait bander de plaisir, te détache de la réalité ambiante pour t'éjecter loin. Born again, c'est une renaissance. On vole, mais on fini toujours par retomber. J'ai la gueule en sang sur le bitume, chaque os brisés mais j'essaye de me relever. Combat au jour le jour, je me traîne d'allées en allées, de chambre en chambre pour sucer de riches entrepreneurs, me permettant ensuite de me tuer un peu plus, pour me sentir vivre. Cercle infernal, vicieux, qui m'en donne mal au crâne, m'arracherait des cris et des larmes. Je suis le seul responsable de cette maladie, de cette dégringolade incontrôlé. Crevé jusqu'au bout, infoutu de rendre le dernier souffle. L'envie de vivre est trop forte pour abandonner ; acte désespérée, je préfère souffrir, pourrir un peu plus demain, que rendre les armes dans la soirée. Le plus vivant des macchabées.
Le manque va bientôt débarquer, mes mains tremblent déjà. J'ai l'impression que mes tympans vont exploser quand les sirènes des voitures de police arpentent la rue. Klaxons, cris, rires, sirènes, spot tv, lumières fluorescente ; le capharnaüm du centre. Tu t'sens crever sous l'effet irréel de la métropole. Tu te sens faux, intrus, que dalle, à côté des tours de béton colorées. Ça te mènerait presque à la démence ; perdu dans l'arc en ciel bétonné. Mais moi j'ferme les yeux, et t j'sens mon cœur battre. Born again. « Bonsoir Isaia. Tu cherches quelque chose ? T'as perdu ton doudou ? » Je ne relève pas le visage tout de suite, inspirant une longue bouffée d'air avant de redresser le menton, un sourire acre sur les lèvres, devant la face de gamine qu'arbore Bonnie. « Ouais. Et ça m'en fait chialer de frustration. » Je te cracherais à la gueule si tu ne t'y attendais pas moins. Je desserre légèrement l'étreinte de mes mains sur mes cuisses, les laissant retomber doucement sur le sol, dépliant les jambes. L'arrière de mon crâne se pose contre le mur de la baraque, légèrement penché sur le côté avec un sourire hargneux, moqueur et sauvage. « A quel karma de merde je dois cet extrême déplaisir ? » Ma main glisse jusqu'à ma poche arrière, je me redresse légèrement pour en retirer mon paquet de clope, me reposant ensuite sur le bitume. Négligé au possible, aucune gêne. Clope retirée, je la coince entre mes lèvres, tapotant sur le paquet pour en déloger le briquet coincé à l'intérieur. Flamme venant embraser le bout de la marlboro, je crache la fumée dans la direction de Bonnie.
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Sujet: Re: Bring back that noise • Bonnie & Isaia Mar 11 Oct - 20:18
Poussent un dernier cri, avant l'éternité car ici respirer rime avec agonie.
Vivre pour s'éteindre. C'est aussi simple que de souffler le douce lumière dégueulasse de la bougie qui nous aveugle alors que nos pupilles dilatées ne distinguent plus des formes simples entre les voyages au LSD. Que ce soit dans le manque ou la consommation, on a toujours l'impression de vivre plus et c'est ce que l'on recherche le plus. Sentir l'adrénaline qui coule dans nos veines, le sang qui bat plus vite dans notre poitrine, prêt à la faire exploser, asperger notre voisin du sang chaud qui nous fait tant de peine quand il est libre de toute substance mortelle et hallucinatoire. On est les putains de la vie et des masochistes, on aime bien ça, qu'elle nous encule entre deux cauchemars. On est des cinglés et elle en profite. On aime tous plus ou moins ça, on s'en rend tous plus ou moins compte. Pourtant, les mots sont tus dans nos tombes déjà creusées que l'on s'amuse à approfondir dans une jeunesse que l'on croit éternelle. Des cadavres morts avant l'heure. On en jouirait presque, de penser naïvement qu'on contrôle notre destin, que l'on peut presque décider de notre mort, que l'on a nos actes entre les mains... L'horrible vérité nous arrive en pleine gueule, une baffe qui laisse une marque de douleur indélébile sur notre visage de marionnette : on est tous des pauvres petites âmes pleine de pitié errant sur terre pour se chercher un quelconque but qui devrait nous illuminer. C'est une facticité gerbante. On croit sans doute encore que l'on peut faire fondre ces prétendues sorcières avec de l'eau glacée. Les vices sont bien plus résistants que tout cela. Les vices sont encrés dans notre âme, au plus profond de nous-mêmes.
Je regarde le corps informe de Isaia, recourbé sur le béton, qui tente de faire des répliques cinglantes, mais je ne sens plus rien, plus rien ne m'atteins, c'est le néant, le trou béant dans mon cœur et je ne me sens même plus humaine. Est-ce que cela fait de moi un être supérieur ? Sans doute. L'humanité nous rend faible, comme si nous sommes des cibles, 10 points par tête abattue, un putain de jeu sans fin, alimenté par la soif de gagner, la faim de pouvoir et notre appétit n'est que plus grand à chaque destruction. Un cercle, encore et toujours, on se tourne autour comme des vautours à l'affut du moindre appât à descendre, cherchant l'ascension vers l'orgasme du meurtre spirituel. Aucun trace de poudre sur nos doigts, on les pousse au suicide devant une telle défragmentation de leur esprit. Je m'accroupis alors qu'il me souffle une fumée acre dans la gueule, qui me passe par dessus, elle s'envole avec les restes de mon organisme, je profite de son auto-destruction à base de nicotine pour me tuer un peu. Je profite de sa mort pour construire la mienne. Une opportunité entre les dégâts de la vie. Je me décide à l'user, jusqu'à ce que l'un de nous lâche la corde qui nous suspend au dessus des antres de l'enfer. J'aurais ris à son ironique karma si j'en avais été capable. Je ne décroche pas un sourire et me contente de fouiller dans la poche de ma veste, sachant pertinemment ce que je trouverais dedans. « Le karma de l'overdose ? » Sachet déplié, un gramme de cocaïne sagement moulu, attendant sagement de s'infiltrer comme un virus en nous, nous pénétrant d'une violence presque douloureuse et à la fois si bonne. Une poudre blanche si pure qui nous salit, tels des esclaves de l'ancien temps, prêt à se briser un membre pour manger. Nous sommes prêts à nous briser totalement pour ça, croyant bêtement que la cocaïne recollera les morceaux. Le pire mensonge est celui que l'on se fait à soi-même. Alors qu'assis sur le trottoir, nous sommes relégués aux rangs de junkies complètement tarés et ratés. Bam. La claque.