Sujet: Kick the bucket • Likka&indy Mer 26 Oct - 0:58
❝ Kick the bucket. ❞
Et c'est reparti pour une salve de hurlements, d'insultes en tout genre et de mouvements dans tous les sens. Je laisse entendre un léger soupir en levant les yeux au ciel, ramenant ensuite mes jambes contre mon torse en observant la scène pitoyable qui se trouve sous mes yeux. Magnifique : la copain de Mélody l'a trompé. Un grand pas déjà, qu'elle se soit trouver un mec, si elle devient difficile au point de lui faire une scène à chaque fois qu'il découche, elle restera seule jusqu'à ce que mort par désarroi s'en suive. Parfois, elle me fait de la peine. Dans la situation actuelle, c'est plus son boyfriend – ex boyfriend -, qui me briserait presque le cœur. Faut la voir, s'acharner sur lui. Devant le lycée forcément, histoire qu'elle ait un public immense pour constater du martyr qu'elle était. Une sainte cette Mélo, qui ne se fait jamais prendre dans les boites de nuit comme elle me le hurle aux oreilles tous les lundis matins, ne se tape pas son prof de maths particulier qu'elle a engagé uniquement pour son physique, et ne porte pas de décolletés plongeant histoire que tout le monde puisse s'attarder sur sa paire de seins qui mériteraient d'être refaits. Mis à part être bonne, cette fille ne sert à rien. Je quitte deux secondes des yeux mon amie Marie-Madeleine, la grande Vierge du lycée, pour fouiller dans mon sac. Portable en main, je tape rapidement un message de SOS à Likka : je suis devant le lycée. Certes peu explicite. Portable rebalancé dans le sac, je le troque contre mon paquet de marlboro, en glissant une entre mes lèvres avant de me reconcentrer sur le lynchage public de ce pauvre type. Au moins, ça lui servira de leçon : ne pas se mettre en couple avec une fille parce qu'elle est bonne. Si Mélo ne trouve pas de copain depuis des années, il y a bien une raison. Mais quelle salope, j'pourrais fermer les yeux et prévoir avec précision à quel moment elle allait se mettre à pleurer, à le gifler, et courir dans ma direction.
Génial, je la connais bel et bien par cœur. Au moment où je rouvre enfin les paupières, j'entends la longue plainte précédant les sanglots, le baratin habituel de la femme bafouée, hurlé parce que c'est beaucoup plus tragique ; la main manucurée qui s'écrase sur la joue mal rasée, et les talons qui tournent dans ma direction. Viens là pauvre pétasse. Sa veste balancée, elle pose son cul dessus, son visage contre mon épaule. Je me raidis sur le coup, posant ma main sur son genoux : c'est ce qui se fait. Bref regard en coin jeté à mon portable qui étonnement, ne s'allume pas, ne vibre, sonne pas quand il faut. Ça serait trop beau, et j'peux même pas le mettre en marche mentalement. Apple devrait faire des efforts, être un brin imaginatifs. Lundi je leur ramène mon brevet, et empocherai quelques milliers. « Tu m'oublies pas hein ? » Mais non pauvre pute, comment je pourrais oublier ton parfum qui me donne la nausée, et qui m'étouffe tous les putains de matins. « Tu m'en laisses pas la possibilité. » J'agrémente la phrase d'un sourire doux qui la calme. Rassurant apparemment. « J'te trouve distant tu sais. Depuis que t'es avec … l'autre. » L'autre qui ne devrait pas tarder à arriver d'ailleurs. Je tourne les yeux vers l'horloge accrochée à l'entrée de l'établissement. Plus que cinq minutes à tenir. Les deux heures passées dans un semi coma, à écouter la dingue hurler. Je tire une latte sur ma clope, tapote doucement le genoux de Mélody. J'lui répondrai bien que Likka me menace, que je peux le dire à personne sinon il va encore me violer dans son garage plein d'objets de torture comme des scies sauteuses mais elle serait capable de ne pas comprendre la moquerie dans la phrase. Mieux vaut continuer sur les banalités donc. « J'pense que l'autre t'emmerde. » L'air choqué se dessine d'un coup. « Mais je fais que parler en son nom. » Et le miens. Forcément. Au pire, Mélo a déjà peur de Likka, elle ne risque pas d'aller lui en toucher deux mots. Fallait mieux pas pour elle d'ailleurs. Je bascule légèrement la tête en arrière, posant le dos de mon crâne contre le mur en coinçant la clope entre mes lèvres. Deux minutes.
Likka Kļaviņš
PSEUDO : soft parade.
Sujet: Re: Kick the bucket • Likka&indy Sam 29 Oct - 1:56
« Kļaviņš, court. » Reste calme, ne prête aucune attention à ce connard en jogging. J’baisse les yeux, j’ai même pas d’tenue sport. J’vais pas courir en jean. Je l’emmerde. Comme j’emmerde ces pauvres individus qui m’dévisage. Allez tous vous faire foutre. Je ne suis pas fait pour les activités sportives ; un cérébral plutôt. Pas le genre de mec qui jouit sur un terrain d'foot, à la limite, j'peux crever le ballon, mais ça s'arrête là. J'en retire strictement aucun intérêt. C'est d'un tel ennui. Et puis, t'as l'air tellement con aussi, ça, c'est une foutue certitude. J'me demande ce qu'Indy est en train d'faire, pensée qui m'arrache un sourire, d'ailleurs. Il doit attendre patiemment que j'sorte enfin du lycée, à descendre son paquet d'clopes, en parfait intoxiqué. Et moi, j'suis là, j'sais même pas pourquoi. Le prof qui hurle, mais ta gueule, putain, ta gueule. Qu'on m'file une corde ou un flingue. Et bordel, il faut se canaliser. Tu serres la mâchoire et t'attends que ce problème passe. Impossible. Franchement, j'vais finir par lui faire bouffer son sifflet. Regard tueur craché à la gueule du pingouin qui s'agite, lève les bras au ciel, d'un air exaspéré. J't'ai désappointé, connard ? Tu vas voir. Et j'dégage de la piste, m'adosse, un pied contre le mur, fixant la masse qui s'anime tel des clébards ; désespérant. Un, deux, trois, cavalez vers votre perte. La scène est exaspérante, un putain d'cirque insipide et dénué d'intelligence. La joyeuse troupe des malades mentaux. Incapables d'aboutir une simple équation sans être obligés d'faire surchauffer le peu d'neurones qu'ils leur restent. Des putains d’ignorants. Des putains, tout court. Le comble dans cette triste histoire : Catalogué en tant que cinglé, Likka, la palme du psychopathe. Si t'es pas une pétasse victime de la mode, t'es dingue. Apparemment, ça fonctionne ainsi. Y'a un problème dans la matrice, c'est évidemment. Ils disjonctent ces jeunes persuadés de s'défonçer à la coke, alors qu'ils s'poudrent le nez avec du sucre glace. Le Monde tourne rond, c'est l'humanité qui défile la boucle à l'envers. La preuve tangible est sous mes yeux. Suffit d'admirer le spectacle des plus absurdes et réfléchir deux secondes. Et ouais, tu peux chialer devant l'horreur humaine. Elle n'est plus sanglante, elle est devenue artificielle. Veule. Putain, j'crains que l'avenir soit si lumineux qu'il nous éblouira tous, tant qu'les aveugles grouilleront sur le bitume. Les paillettes du règne d'or et d'argent ; les paillettes de la fin. « Rejoins le groupe. » J'hausse un sourcil, outré. Rejoindre le groupe, non merci, j'ai déjà ma propre fange, nul besoin de squatter celles des autres. « Tu m'entends Likka ? » Long soupir qui m'fait légèrement trembler les lèvres. « C'est justement le problème. » Il écarquille les yeux. « Pardon ? » Navré. Solution fatale : j'sors mon paquet, tapote le dessous d'ce dernier afin d'en déloger une gitane. À la bouche, clack, le Zippo enflamme l'arme qui m'délivrera du cours. « Qu'est-ce tu fais, bordel ! Éteint immédiatement cette cigarette. » Enculé. « J'trangresse la règle I-2-I du lycée, si mes souvenirs sont exacts. » Hurle-moi d'partir m'exiler chez la C.P.E, que j'me casse sans daigner pénétrer dans son foutu bureau.
J'ai jamais compris ce concept : le prof' beugle une punition inutile, le bureau de l'autre pute en l’occurrence, sauf qu'il t'y traîne pas, tu peux t'barrer sans souçi. À la limite, il exige qu'un élève t'y accompagne, ce qui ne fut même pas mon cas aujourd'hui. J'aurai surement quelques ennuis plus tard, des heures de retenue, éventuellement, ce n'est pas un drame. Au pire, un avertissement noté sur mon dossier, mais avec mes notes, il semblera invisible. Je suis devant le lycée, et le message m'fait sourire. Réponse brève : J'arrive. Avec plus de dix minutes d’avance. Portail poussé et j'scrute les alentours une fois dehors. Il est où, putain. Ah. Là-bas. Avec la salope de l'établissement, génial. Dieu que j'supporte pas cette nana, j'pisserai sur sa tombe. Que le ciel soit clément et lui provoque un arrêt cardiaque, tout de suite. J'stoppe ma marche pour m'allumer une clope, puis rejoins Indy et l'autre. « J'ose espérer que j'n'vous dérange pas. » Sarcasme jeté en croisant, deux secondes, les yeux de Mélody. Lèvres rapidement plaquées contre celles d'Indy, et maintenant, faut virer l'espèce de chose à côté. Facile, le simple fait d'm'appercevoir lui provoque des angoisses. Comme si j'allais la violer ou que sais-je. Phrase d'au revoir qui s'fait entendre, j'ai même pas à bouger les pupilles, elle se tire d'elle-même ; gentille salope, pas si conne qu'elle en a l'air. J'fronçe légèrement les sourcils, « c'est tellement dommage, ta présence est toujours agréable, » tu parles. Ton ironique au possible, traduction : dégage, vite. Mademoiselle qui s'éloigne et j'repose mon attention sur Indy, nettement plus apaisant. « Approximativement, tu la supporte depuis combien de temps ? » Il se suicidera un de ces quatre, Mélody l'ayant rendu dingue et dépressif. « On s'casse ? Mis à part, bien entendu, si t'as envie d'rester ici jusqu'à c'que mort s'en suive. » Amen.
Indy K. Bernstein
PSEUDO : POLTERGEIST
Sujet: Re: Kick the bucket • Likka&indy Sam 26 Nov - 1:14
Que quelqu'un me tendent une corde sur le champ, qu'on me la passe directement au cou d'ailleurs, ça ira plus vite. Quelques minutes de souffrance et après plus rien, le calme complet, et surtout : cette voix qui arrêtera de hurler à mes oreilles. Mélody à cette particularité récurrente aux pétasses de son genre ; elle ne parle pas, elle beugle histoire que l'assemblée entende ce qu'elle peut raconter. Rien à foutre qu'elle te parle de son premier amour, de ses règles douloureuses, ou de la vraie fausse dépression de sa mère ; tout est bon à balancer, et tout le monde avale ses paroles. Sitôt écoutée, sitôt reformulée et balancées aux quatre coins du lycée. La grande nouvelle du jour, juste pour avoir un truc à raconter. Tout se répand comme une traînée de poudre, en un jour, les grosses annonces font le tour du bahut, on ne parle que de ça avant la prochaine rumeur en date. Le genre de truc que je n'arrive absolument pas à comprendre. Quand je les entends parler, certains matins, de la paire de chaussures à talons que X s'est acheté hier, douze centimètres qui lui donnent l'air d'une pute alors qu'elles même lévitent à une bonne quinzaine au dessus du sol. Le monde à l'envers, je dois avoir un vice de conception pour ne pas m'y intéresser. Ils seraient tellement heureux si un matin je me ramenais les yeux ronds, la bouche en cœur pour leur dire que la prof de maths baise son facteur. Ça ferait fureur, nouveau gossip de la cour de récré. Moyenne d'âge douze ans ; ou cinquante vu que les amies de ma mère sont du même acabit. Ouais, je ne dois pas marcher à l'endroit. Je fouille dans mon sac, jette un coup d'œil l'écran d'mon portable qui s'éclaire. J'arrive.. Léger sourire qui n'échappe pas à Mélo. « C'est Likka ? » Pire que la Stasi cette nana. « Oui. » La réponse qui ne la satisfait pas. « Tout vas bien en ce moment ? Entre vous j'veux dire... » Au cas où je n'avais pas compris. Je dois avoir une tête de demeuré sûrement. La brusque envie de lui répondre que non, ça ne va pas du tout, que Likka est un monstre, que j'ai le dos brûlé au cinquantième degré me traverse l'esprit. « Comme sur un foutu nuage. » Elle fronce légèrement les sourcils, pince des lèvres en délogeant la clope de mes lèvres. « J'pense qu'il est pas fait pour toi. Tu mérites... mieux. » Je roule légèrement des yeux, reprend la clope une fois sa latte tirée pour en faire de même. « Mais notre amour est impossible Mélody. » Elle bascule la tête vers l'avant, ses joues se teintant d'un léger rose. « Le fait que je sois pédé nous brise notre avenir. » On pourrait se la jouer brokeback moutains version hétéro, pour plaire au public hollywoodien. Je laisse quelques secondes de blanc, avant d'éclater de rire – rire faux – en lui ébouriffant les cheveux. « Je-rigole. » Et ça ne lui plait pas. Le même rire que le miens se fait entendre ; même tonalité, factice, et ma super copine m'envoie son poing sur l'épaule. Ouais comme des potes. « T'es con. » Oh tellement, je m'en excuse, je vais aller me couper les veines. « Mais … fais attention. » Moment exact, où je remercie le ciel d'avoir coupé la diffusion des Frères Scott pendant quatre mois : elle m'aurait ressorti un discours pompé sur la série, moralisateur au possible, dégoulinant de bons sentiments, niais au possible et censé montrer ô combien notre amitié était forte. Là, elle a du oublier son speech ; et oui, elle me l'a déjà fait ce coup là.
Likka se montre enfin, m'arrachant un sourire. Mélo se renferme directement, et je tourne vers elle une mine ravie, laissant venir l'objet de la crainte vers nous. « J'ose espérer que j'n'vous dérange pas. » Il me sauve plus qu'autre chose. Lèvres posées contre les siennes quelques secondes, j'attrape mon sac pour me redresser. « On papotait seulement. » Truc innocent. Mélo dégage rapidement, et vu le regard de Likka, j'la comprends assez. « C'est tellement dommage, ta présence est toujours agréable. » Je mordille ma lèvre inférieure pour retenir l'éclat de rire. Rare : elle détale sans demander son reste, le bruit de ses talons résonnant dans la cours, tête basse. C'est dingue l'effet que peut lui faire Likka. Son ex est plus grand, plus épais que lui, mais elle le matte en deux trois hurlements. Technique secrète, je sais pas. « Approximativement, tu la supporte depuis combien de temps ? » J'arque un sourcil. « Depuis quatre ans ou vingt minutes, tout dépend. Et supporter n'est pas le mot. » Léger sourire en coin pour marquer le point ; je pose mon regard sur Likka, tête légèrement penchée sur le côté. « On s'casse ? Mis à part, bien entendu, si t'as envie d'rester ici jusqu'à c'que mort s'en suive. » La lanière de mon sac passée sur mon épaule, je hoche vaguement la tête. J'ai tout sauf envie de rester ici. « J'hésite, je me sens tellement bien sur le bitume à écouter les ragots. J'me sens dans mon élément ici. »
Likka Kļaviņš
PSEUDO : soft parade.
Sujet: Re: Kick the bucket • Likka&indy Dim 25 Déc - 0:31
La connasse s’est enfin barrée. Putain de bordel de merde, il faut l’achever. La brûler sur la place publique. Qu’elle serve d’exemple : les pétasses superficielles seront dorénavant condamnées à mort – ou à l’exil sexuel avec quelques puceaux oubliés de tous. J'la suis du regard trois secondes, inintéressant. Qu'elle traverse la route sans faire attention, en bonne autiste maudite, un bus la percutera, ô pauvre pauvre pauvre Mélody. Salope. J'crois qu'avec Mélody, j'ai dû enchaîner toutes les réputations, rumeurs les plus absurdes et contradictoires possible. C'est limite extraordinaire, je devrais avoir ma place dans le livre des records. Triste Mélody qui s'entoure d'une armée de nanas (et Indy, aussi traitre que son ancêtre Judas, soit dit en passant), que j'ai certainement dû toutes enfilées auparavant ; haute mutinerie lycéenne. La blague. J'éclate de rire devant tant de ridicule et d'enfantillage. Désespérant. Exaspérant. Cette putain de gonzesse symbolise tout ce que je peux haîr, alors, naturellement, je lui fais comprendre de la façon la plus cordiale qui soit : l'enculer, métaphoriquement parlant, bien sûr. J'comprends pas comment fait Indy, il doit pas être humain. Un espèce de robot fait de chair et de sang. Une machine qui génère des sentiments factices dès qu'il doit jouer sur les apparences. Ouais, il est anormal. Ou juste hypocrite. « Depuis quatre ans ou vingt minutes, tout dépend. Et supporter n'est pas le mot. » Totalement hypocrite. J'soupire en basculant la nuque vers l'arrière, une main accrochée à cette dernière, crevé. « Supporter n'est pas le mot, certes, toutes mes excuses. Subir semble plus approprié. » Pauvre de lui, j'le plains, sincèrement. J'balance mon mégot, observe les alentours d'un œil furtif, le devant du lycée est exactement comme Mélody : insignifiant. Vivement qu'on s'tire. J'en ai marre, j'ai eu ma dose pour la journée, voire, la semaine. « J'hésite, je me sens tellement bien sur le bitume à écouter les ragots. J'me sens dans mon élément ici. » Évidemment, le lycée est sa patrie. Bon. C'est là que l'affaire se complique. Emmener Indy chez moi, ouais, ça semble sans souci. Tu parles. Il n'a pas encore rencontré ma mère, c'est pour ça. Génial, elle risque d'être hystérique, Indy va prendre peur, et fuir. Le programme s’annonce fabuleux, j'ai... Hâte. (...)
J'pousse la porte, sans un bruit, si elle nous entend pas, y'a peut-être une chance pour qu'elle nous laisse grimper, en paix, les escaliers jusqu'à ma chambre. Indy passe, j'referme la porte derrière moi, toujours en silence. Ana', t'es rentré ? Et merde. C'est un radar cette femme, j'vois pas comment résoudre l'énigme autrement. « Non. » Crédible. J'lance un regard en biais à Indy, qu'il se prépare mentalement, c'est pas une mère qui l'attend, c'est une furie. Et elle se ramène, les yeux exorbités en apercevant Indy, puis un large sourire se dessine sur ses lèvres, mais flinguez-moi, putain. Je suppose que tu dois être Indy ? Perspicace, maman. « Non, c'est Joséphine, tu vois pas ? » Ta gueule, Likka. Et elle rit. « C'était pas sensé être drôle. » Soupir de sa part, j'observe la scène en m’adossant au mur, Maman qui embrasse Indy, le serre limite dans ses bras, en lui répétant ô combien son fils adoré lui a parlé de lui. Indy est sur le point de crever, étouffé par tant d'amour. La spontanéité (exagérée) de Maman doit lui filer la gerbe. Qu'il est beau, en tout cas. Ouais, elle parle d'Indy comme d'un chien, ou une joli peluche. C'est normal, elle fait toujours ça, même à moi, c'est dire donc. Bordel, faut que j'le sorte de là, bien que, autant le reconnaître, la situation m'fait marrer. J'sais pas comment j'me débrouille, mais j'vire Indy des bras de l'autre folle à lier. « Bon, ça ira. On monte dans ma chambre. » Sauvé. Escalier monté, j'ferme la chambre à clé, sait-on jamais avec l'autre hystérique. Sac balancé, j'me laisse lourdement tomber sur le lit, sourcils froncés, perplexe, à fixer Indy. « On s'y habitue. »
Indy K. Bernstein
PSEUDO : POLTERGEIST
Sujet: Re: Kick the bucket • Likka&indy Sam 18 Fév - 23:05
Dire qu'aller chez Likka pour la première fois ne me stress pas serait idiot. Bien entendu, la bouffée d'angoisse n'est pas puissante, au contraire. Simple appréhension du nouveau, enfin découvrir son monde, sa routine, son chez lui. Et rencontrer sa mère. Mais à la vue de Likka lui même, j'ai l'impression de marcher serein, vraiment. Comme d'habitude, le portrait des géniteurs n'est jamais glorieux. On en rajoute une tonne histoire de marquer le coup, de se faire passer pour l'adolescent victime ou que sais je. Mélo m'avait toujours dépeint sa mère comme la harpie notoire, la pute de bas étage qui à peine divorcée d'un énième mariage, se lançait dans une quête obsessionnelle du nouveau parfait mari, capable de la supporter, tolérer sa fille, et surtout entretenir les quarante hectares de maison-jardin avec piscine en arrière cours qu'avait construit le premier ayant passé la bague au doigt de Madame O'Donnell. Certes, la mère de Mélo n'était pas le modèle parfait, et ressemblait assez au portrait que ma grande amie m'avait fait d'elle. Le don d'ouvrir ses cuisses à tout inconnu semblait héréditaire. Sorte de trait de famille précoce présent chez toutes les filles O'Donnell. Souvenir de la mère, blonde, brushing frais, draguant mon père autour du punch préparé le jour des seize ans de sa fille. Le frère de Mélo s'en tire largement mieux qu'elle. Enfin … Cet abruti, l'aîné de trois ans, s'était enfui avec le grand amour en Australie il y a quelques mois. Sans qualification, sans point de chute, sans sécurité. Les joyeux illuminés caractérisaient la branche mâle. Quel beau tableau. Je suis entouré de dingues, vraiment. Ça me blase plus que ça ne me fait flipper. J'pense pas trouver pire chez Likka. Et de toute façon, même si sa mère s'avère être une alcoolique à moitié crevée dans un canapé, qui ne nous adressera même pas un regard, cela ne changerait rien. Je vais là bas pour passer du temps avec lui, pas avec elle.
Suppositions à effacer, la maison est plutôt clean. Je jette ma clope sur l'asphalte, l'écrase du talon et tourne les yeux vers Likka, lui adressant un demi sourire. Porte poussée sans bruit, je me glisse à sa suite, détaille le hall mordillant ma lèvre inférieure. Hypothèses définitivement rayées. Reste la possibilité de la croqueuse de diamants. Ana', t'es rentré ? « Non. » Quelques secondes de battements, et la mère débarque enfin à notre rencontre, comme une furie. Je reste en bug quelques secondes, arquant les sourcils sans même laisser un sourire de politesse se dessiner sur mes lèvres. La surprise. Je suppose que tu dois être Indy ? Likka m'a donc évoqué. Bien, reste à savoir comment. Le connaissant un peu, il aurait très bien pu me faire passer pour le pire trou du cul de la classe, sorte de bizu qu'il avait décidé de martyriser sans éveiller le moindre soupçon chez moi histoire de faire « rire » ou enrager sa génitrice. « Non, c'est Joséphine, tu vois pas ? … C'était pas sensé être drôle. » Je laisse échapper un léger rire, passant une main sur mon crâne, le reste de cheveux qui semblaient se battre en duel avant de tendre la main dans sa direction. Rien à foutre, elle s'avance, claque une bise sur mes deux joues en glissant un main sur mon dos. Réflexe direct : je me crispe. L'huitre qui se referme à la moindre approche. Le danger rode derrière le tablier de la ménagère faut croire. « Je … content de vous voir enfin. » Le stress qui ne semblait pas me gagner tout à l'heure débarque rapidement. Mal à l'aise, totalement. Je recule d'un pas, distance de sécurité nécessaire au cas où l'envie de me reprendre dans ses bras lui traverserait l'esprit. Pas l'habitude, vraiment. Ma mère se trouve à des années lumières de ce genre de personne. Pas froide, mais moins le contact était possible, mieux elle se portait. Je me retrouve comme un con, à fixer d'un hébétude presque bovine mummy Klavins, les yeux écarquillés, sourire forcé. Par dessus des remarques, j'peux presque entendre mes dents grincer. « Bon, ça ira. On monte dans ma chambre. » Sauveur. Je n'ai jamais aimé Likka aussi fort qu'en cet instant. Je tourne les yeux vers lui pour lui exprimer mes remerciements, laissant un peu plus de marge entre sa mère et moi. Elle va me prendre pour un autiste. Tant pis, rien à branler. (…) Escaliers grimpés, porte de la chambre claquée, je retrouve un peu d'air. Je pose mon sac dans un coin, attrape une chaise pour me poser dessus en soupirant. « On s'y habitue. » Je hoche doucement le tête. « Je pensais avoir vu, et combattu le pire avec la mère de Mélo ... » Je me penche vers l'avant, fouillant dans mon sac pour sortir mon paquet de clope. Marlboro coincée entre l'index et le majeur, je la porte jusqu'à mes lèvres, jette un coup d'oeil à Likka pour vérifier si oui ou non je pouvais fumer ici et l'allume. « Et elle est aussi … amicale avec tout le monde ? Voisins, facteur, potes de lycée ? » Je tire une latte, recrache la fumée avant de continuer. « T'attends surtout pas à ça avec ma mère. » Chaise rapidement quittée pour venir me poser sur son lit, embarquant un cendrier avec moi. « Si tu daignes venir un jour, bien entendu. » Léger sourire en coin, je penche la tête sur le côté pour le dévisager. Remet toi de ton stress Indy. L'ouragan s'est calmé.
Lorsqu’Indy subit l’affection maladive et hystérique de ma mère, j’ai comme une terrible envie de rire. Une espèce de pulsion dingue. Un truc que t’essayes tant bien que mal de contenir. À te pincer les lèvres, bouger la tête un peu dans tous les sens, histoire de ne pas te concentrer sur la scène. Comme une putain d’huitre, boum, il se referme sur lui-même à la première approche. Crispé, coincé, constipé – tout ce que vous voulez. J'ai le droit au regard noir de Maman dès qu'elle tourne les yeux et m’aperçoit au bord de l'explosion euphorique. Quelle conne. Sortir Indy de ses griffes ? Ouais, plus tard. Pour le moment, ça m'éclate, autant en profiter. La réaction est fascinante. Il ne doit pas avoir l'habitude de recevoir tant d'amour désintéressé et disproportionné d'un coup. C'est un peu comme s'il se prenait une grosse claque. Alors il est là, complètement con et stoïque, à se demander s'il en sortira vivant. Peut-être. Peut-être pas. Sérieux, avec ma mère, ce serait même pas étonnant qu'elle l'étouffe avec les meilleures intentions de Monde. Elle capterait même pas qu'elle vient de prodiguer le câlin mortel de l'année. C'est une putain de question d'habitude, au début, tu penses qu'elle est totalement cinglée. Puis après, t'appelles ça : de la spontanéité. Tu parles. Elle est bel et bien cinglée. Être aussi sociable, c'est pas normal ; à la limite de l'internement. J'me suis toujours demandé si c'était vraiment sincère ou pas. Le pourquoi du comment d'un pareil comportement. À quoi il peut servir surtout. De l'hypocrisie, un véritable intérêt pour son prochain, qui sait. Il faut envisager la possibilité que ma mère soit une sociopathe. Ou, une humaniste sans frontière, qui organisera bientôt des foutues œuvres de charité à la maison. Enfin, qu'importe, tant qu'elle m'emmerde pas, elle peut bien écorcher des gens dans l'ombre, venir en aide aux SDF, qu'est-ce que ça peut me foutre. « Je … content de vous voir enfin. » Il a l'air. Terriblement crédible avec sa gueule pétrifiée. Au moins, il donne signe de vie. Tiens bon Indy, c'est bientôt terminé. Elle t'avalera pas tout cru, c'est pas le Grand Méchant Loup, plutôt le Petit Chaperon Rouge. J'éclate de rire, forcément. Il fallait bien qu'à un moment, la pression lâche. Maman me fixe un instant, style Jack Nicholson dans Shining, quand il passe sa tête dans le trou de la fameuse porte blanche. J'acquiesce brièvement, avant de lever les yeux au ciel. Bon, ça suffira, il a son compte.
J'imagine déjà ma mère appeler ma tante, à moitié folle au téléphone, lui parlant d'Indy avec un ton super joyeux, limite aigu, foutrement agaçant. Balancer que du bien à son sujet, alors qu'elle le connaît à peine. Elle rajoutera juste qu'il semble quelque peu timide, histoire de lui trouver un défaut. Non, il est pas timide, Indy. Il est simplement coincé. Enfermés dans le bunker, autrement dit ma chambre, sur le lit, j'bascule la nuque vers l'arrière, laisse rouler mon dos sur le matelas, déjà épuisé. « Je pensais avoir vu, et combattu le pire avec la mère de Mélo ... » Coup d'oeil à Indy, clope à la bouche, c'est pas une si mauvaise idée. J'me fous sur le ventre, en travers du lit, tend le bras pour chopper et rapprocher ce qui ressemble à mon sac, paquet sorti, gitane au coin des lèvres, nouveau coup d'oeil vers Indy en l'allumant. « Telle mère, telle fille. Une pute, je présume. Elle fait le trottoir pour payer des string's à sa gamine ou c'est plutôt une suceuse de luxe ? » Un sourcil en l'air, faux air perplexe ; charmant. « Je parie que Mélo bosse avec. » Bref, laissons cette pauvre salope en paix. « Et elle est aussi … amicale avec tout le monde ? Voisins, facteur, potes de lycée ? » Hélas, ouais. Elle fait Free Hugs 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, avec tout ce qui peut être considéré comme humain. C'est une malade. « Toujours. Elle respire l'amour et le bonheur. Pour ton plus grand plaisir. » Tellement. Il était heureux, mais heureux. Et comme un putain d’hyperactif, je m'installe sur le dos, tête valsant dans le vide, à mater le plafond, d'un profond ennui. Un peu le phénomène du poisson rouge en dehors de son bocal, il bouge sans arrêt, jusqu'à s'évanouir une bonne fois pour toutes. « T'attends surtout pas à ça avec ma mère. » Putain, oui, faut pas l'oublier celle-là. Je crains le pire. Suffit de voir le fils, tu peux visualiser un schéma de famille très froid derrière. À péter plus haut que leurs culs et s’effondrer dès qu'ils entendent une injure. J'étais sur le point de lui demander si ses parents étaient pas des nazis par hasard, mais après mûres réflexions, ça le ferait pas rire. Autant fermer ma gueule, ça vaudra mieux pour tout le monde. Le matelas tangue, je relève la tête, observe en biais Indy qui s'est enfin décidé à quitter sa chaise ridicule. Crache la fumée en ligne droite et bascule ma carcasse sur le côté, vers lui – le poisson rouge. « Si tu daignes venir un jour, bien entendu. » C'est presque flippant de rencontrer sa digne famille, j'suis sûr qu'ils sont horriblement chiants et serrés ; je vais me faire chier quand ce magnifique putain de jour viendra. Tant pis. J'agrippe doucement sa nuque, pose mes lèvres contre les siennes avec un léger sourire. « Je vais prendre ça pour une invitation. Tes parents vont m'adorer, j'imagine déjà les cris d'horreur. » Ils vont surtout m'assassiner, que Dieu nous vienne en aide. Amen.