je suis né. C'était le 17 mars et ma mère a chié ses tripes à me faire sortir de son nombril (je reste persuadé que les gosses sortent par là). C'était dans une ville qui s'appelle Maastricht, aux Pays-Bas, Ô mère patrie de la famille orange. Ma mère est une pure hollandaise, mon père est un brittish. Il m'a donné un prénom d'amerloque pour faire cool, m'a filé son nom de famille compliqué puis s'est tiré une balle parce qu'il avait des dettes. C'est à peu près tout ce que je sais de lui.

j'ai déménage. je venais de fêter mes quatre ans quand on a débarqué ici, avec ma mère qui n'avait qu'une petite vingtaine. c'était cool, elle a trouvé un boulot directement. sauf que c'était pas net, alors elle a fini flinguée, elle aussi, quelques mois après l'arrivée. c'est vague parce que j'étais gosse, mais on m'a pas fait voir un psy, non, on m'a juste foutu à l'orphelinat. un gosse maigrelet, personne n'en voulait. ni comme fils no comme ami. alors j'étais tout seul à l'orphelinat, comme goob dans "meet the robinsons", sauf qu'à la place d'être obsédé par le base-ball, moi, mon dada, c'était rien du tout. je dessinais des trucs moches sur mon mur avec un crayon, c'est tout. j'aimais bien faire des licornes. je crois que j'étais déjà flashé quand j'étais gamin.

j'ai baisé. ça faisait dix ans que j'étais dans cette putain de prison d'orphelinat, et j'avais quatorze pige, la peau sur les os, et tout ce qui était cool dans ma vie, c'était les "jk" que je graffais comme un pd, mal, avec de la peinture qui coulait partout autour. JK comme les lettres de junk, mais sans les deux du milieu, parce que je me faisais passer pour un junkie. pourtant, je carburais à la clope, rien d'autre. je buvais pas, je fumais pas le joint, que dalle. et un jour, une bouffonne de gouvernante m'a trouvé dans la rue en train de peindre mon blase sur un banc. j'ai pas compris pourquoi, mais quand on est rentrés, elle m'a foutu à poil et elle s'est assise sur mon zizi. bon, j'avoue, elle était bonne et j'ai plutôt kiffé. c'est comme ça que ça a commencé, quand j'ai vu cette bombasse de trente pige se tirer une ligne de laputa devant moi et que je lui ai courré sa paille. ça coûte un pont, ces conneries-là, mais putain que c'est bon.

j'ai fini ma vie. je me tapais une moyenne de sept grammes par jour dans les narines. la laputa, la seule qui me faisait réellement kiffer. à 17 ans, je me suis fait émanciper et je me suis démerdé pour trouver un boulot, garçon de café, histoire de me faire des thunes. tout passait dans la dope. je faisais des prêts auprès de types pas nets, c'était con de ma part. mais je suis un gars con, il faut le dire. alors j'ai plongé. je bossais pour ma drogue, je dormais dans la rue, mais peu m'importait, parce que je kiffais ma vie comme elle l'était.

j'ai essayé de me démerder. un jour, visite médicale obligatoire du boulot oblige, on m'a décelé un truc bizarre au pénis, une vieille maladie que j'avais choppé à force de faire tourner ma chatte de poche à tous les clodos du bidonville. glauque. j'ai diminué mes doses et, je sais pas trop comment, j'ai réussi à être clean pour passer mon permis de conduire. je me suis payé une voiture, je me suis transformé en taxi. c'était il y a quasi trois ans. en gros, j'ai passé quelques mois clean, mais maintenant c'est la même chose ; je me drogue à la lap' - seulement le soir parce que je veux pas faire d'accident - et je pieute dans ma caisse parce que j'ai toujours pas d'appart. ma thune, elle me sert à la drogue, l'alcool et aux bombes pour grapher, c'est tout. mon blase, c'est goob.

Mon blase, c'était JK. puis un jour, je me suis pris un kiff avec un pote et on a fraudé au drive-in pour aller mater le dernier Pixar. un truc avec un gosse surdoué qui voyage dans le temps... un vrai film de déglingué. et là-dedans, un petit garçon pômé, aux airs décalqués, sans ami et orphelin. on l'appelait goob. maintenant, mon blase, c'est goob