On trie, on classe, on range le bureau. La routine, pour ne pas dire : l'ennui qu'apporte ma vie. Une vie banale, sans grands sentiments. Des va et viens tel un fantôme, je longe les couloirs pour ne pas que l'on me remarque. Je suis l'homme invisible. L'on ne me donne pas de nom : à part "chose", "bête", "patient". Des mots qui résonnent en moi depuis des années. Pourtant, ce n'est que le passé. Je n'aime pas quand tout reviens à la surface, cela ne prédit jamais rien de bon pour le moral. J'ai l'air d'être l'objet de foire de ma conscience, elle aime se jouer de moi pour me rendre dingue et instable. Au point, que je risque de faire les plus belles conneries de mon existence dans les prochaines semaines à venir.

Je n'implore pas le seigneur, je n'ai jamais cru que cette entité invisible qui pouvait exister et apporter quoi que ce soit dans la vie d'un homme, même envers l'humanité, pourquoi tant d'espérance alors que tout est perdu d'avance ? Pessimiste, je le suis. Mais, ça n'a pas toujours été le cas. J'ai été jeune un jour, on n'oublie très peu de visages ou d'émotions quand nous sommes jeunes. On n'oublie jamais certaines scènes de la vie, cette putain, cette putain de "vie". Il faut toujours qu'elle s'empresse de te la pourrir, ta petite vie merdique. Elle se rapproche le plus tôt possible, vers l'apogée de ta candeur pour t'offrir la perversité sur un plateau ou dans un bol de céréales. Imaginez-vous, devant votre écran télé : vous êtes seul en tête-à-tête avec le présentateur puis, sans le vouloir, vous avez changé de chaine pour tomber nez à nez avec des corps en ébullition. Quand on a seulement quarte ans. Pensez-vous que ça ne marque pas une vie ? En psychologie, d'après un spécialiste : je suis un névrosé. J'ai toujours su au fond de moi que j'étais un chieur qui adorait se plaindre. Mais, là c'était le bouquet. Que voulez-vous, j'étais atteint. Je n'aime pas les infirmières, je n'aime pas les femmes tout cours. Ce sont des salopes finis qui ne pensent qu'à vous toucher le poireau. Vous êtes un légume et elle, c'est la cocotte minute qui vous cuisine à petit feu pour qu'au final, vous soyez réduit en bouilli.

Leurs fesses, leurs maudites fesses, je les déteste mais, je les envie tellement. Ces créatures hantent mes rêves, cela en devient si frustrant. Pourtant, je n'ose pas m'approchez d'elle sous peine de devenir fou. Mais qu'est-ce que je les désire, bon sang ! Je n'arriverais jamais à me comprendre, les femmes sont mes démons mais, à la fois mes anges. Je rêve de les avoir en ma possession mais, j'ai peur qu'elles finissent par mourir entre mes mains. C'est cruel pas vrai ? Mon psy me dit que c'est un "trouble qu'il faut soigner avec le temps" - "Trouble maniaco-dépressif suite à un traumatisme durant l'enfance, savait vous lequel Monsieur Tchaikovsky ?" - "Nous allons remonter par le biais de l'hypnose dans votre passé" - " Petit petit, viens par-ici mon petit..." - "Tu penses que notre fils l'a remarqué ? Il est si jeune" - "Vas-y, crie !". Je n'aime pas ses hurlements dans ma tête, ça me réveille toujours la nuit.

Aujourd'hui, j'ai découvert un nouveau jeu pour me détendre : le voyeurisme passif mais, j'aimerais tenter quelque chose de plus surprenant et de bien plus prenant que la passivité. Je suis un hyperactif, qui aime sortir, se balader et qui rêverait d'avoir à sa porter la moindre féminité. Je me poste devant des maisons, vêtue d'un costard recouvert d'un emballage, j'ai un sac rempli de merveilleuses bricoles pouvant me servir. Je me dis qu'il serait bon de ne pas rentrer trop tard mais, que faire quand l'envie de mordre, de croquer la vie, la cuisse à pleine dents ? C'est si démentiel et pourtant si jouissif. Vous vous demandez peut-être si je dors dans la vie ? Cela m'arrive, surtout la journée, j'aime vivre la nuit en ce qui me concerne. Le jour, je travaille tranquillement à la bibliothèque. J'étudie la psychologie car, j'aimerais pouvoir mieux me comprendre. Certains élève essayent même de se mettre dans la peau de tueurs pour pouvoir y comprendre quelque chose. Pitoyable. C'est en étant un tueur né que l'on comprend réellement qui l'on est.

Vous savez ce que je voudrais faire plus tard ? Profiler. J'aimerais pouvoir m'adonner d'avantages à l'étude des assassins de ce monde. Comprend pourquoi ils sont ainsi au fond. Mon rêve : se serait de tester leur mode opératoire. Leurs codes, leur règles, leur mental. Je tiens un journal, j'y écris mes pensées et mes envies, ce n'est qu'un journal. Il est sur moi, toujours là pour me soutenir, je n'ai que confiance en lui. C'est dur de vivre en étant un lâche, incapable d'ouvrir la bouche en présence d'une femme. Que du mépris dans mon regard. Les hommes dans l'histoire ? Des pantins, des amis...Surtout des marionnettes. J'aime montrer que je suis quelconque et pourtant, je ne peux m'en empêcher d'être si différent des autres... Quand je m'ennuie, je prends des photos de femmes dans la rue. Sur le fait, nous voyons leur plus beau visage, leur naturel. Ce sont, comme des fauves. Nous devons être vigilants.

Je m'endors maintenant, le lit est doux, mes paupières sont lourdes, je n'ai pas dormi depuis quatre jours. Je ferme les yeux. C'est la fin du bonheur. Je replonge dans une nouvelle angoisse. Il y a des gémissements, ça grince et ça devient de plus en plus fort. Quel est donc ce son ? J'entrouvre la porte pour mieux voir. C'était les ténèbres annonçant ma décente aux Enfers... Une femme, encore elle, toujours la même.

- "C'est un blocage que vous faites, Monsieur Tchaikovsky. Vous vous bloquez la mémoire pour ne plus vous souvenir de quoi que ce soit, de ce visage vous regardant. La seule chose que vous ayez retenu, c'est que c'était une femme..." -