dans la poche avant de mon jean, j'ai des vieux bouts de mouchoirs qui ont survécu à l'attaque de la machine à lavé, et quelques pences troués. dans la poche arrière, j'ai le numéro de mon dealer. c'est un faux nom. dans l'autre, j'ai un ticket de tesco que j'viens juste de foutre dans ma poche. j'ai acheté des oranges. j'ai volé des tampons. dans les poches de mon manteau, j'ai mes mains, un dé à jouer, une carte de visite d'un certain marc johnson -il est menuisier, ma mère l'a sucé- une figurine de dessin animé que j'ai piqué à un gosse, un ticket de cinéma qui a été plié en quatre, puis déplié, il est devenu blanc, et un faux diamant. j'ai du sable, et des miettes de tabac, au plus profond de mes poches. au fond de mon sac se niche tout ce qui m'est utile et qui pourrait se glisser dans les poches mon manteau si je n'avais pas autant de trucs inutile à l'intérieur. j'ai mon vieux portable avec l'écran brisé, et le nouveau dont la coque est séparé. j'ai mon paquet de tabac, mes feuilles et mes filtres. j'ai des serviettes hygiéniques prêtes à être usagées. j'ai des putains d'élastiques et des barettes de secours. j'ai mon mp3, et mon porte feuille. et si j'étais un vrai gangster, j'aurais mon Colt M1911 modèle A1 au fond de mon sac. sous mon pieu, j'ai d'la poussière. j'te conseille pas de t'y glisser en dessous, tu mourrais d'asphyxie. sous mon pieu, j'ai des connards de monstres et autres psychopathes. j'ai mes vieilles affaires empactés dans une boite en bois fabriqué par ce con de marc johnson. c'est pas très rangé sous mon pieu, tu pourrai y découvrir mon chat mao qui est en train de ronger les restes de ma dernière souris. sous mon pieu, t'as tous mes cauchemars, mes faiblesses et mes peurs. et tu m'as moi.

Elle avait un regard de louve. Un regard qui t'estropie au moindre mouvement. Il n'y avait pas besoin de se laisser aspirer par la pupille de ses yeux pour voir les effluves bestiales qui s'y émanaient. Son regard si grossier se collant à ta rétine, impossible de s'y en échapper. Oui. Elle avait un regard profond dans lequel tu te perdais. Elle te montrai le chemin, mais dans ton ventre bouillonnait d'un unique désir, c'était d'y rester. Le labyrinthe était long, mais sans danger. Non. Elle te gardait dans ses entrailles pour t'y retenir prisonnier elle ne voulait pas que tu partes, elle ne voulait pas être oubliée. Mais cette fille n'est qu'une putain. Elle n'y arrivera à rien. Ce n'était pas son tendre visage qui allait la sortir de la misérable fatalité qui lui était destinée. Non. Son pelage n'était pas lisse, il n'était pas soyeux. Son pelage était irrégulier. Il était bourrée de nœuds. Elle n'était pas douce. Elle écorchait vif. Ses doigts ne savaient pas caresser, ils n'étaient que source de brûlure sur ta peau martelée. Elle te faisait mal avec ses longs ongles, elles les enfonçaient dans ta chaire . Elle te griffait les joues, pour marquer sa propriété. Lorsque vous dormiez ensemble, elle posait sa tête sur ton épaule. Sa tête était tellement lourde, que ton épaule gémissait de douleur. Elle n'avait pas les dents blanches et raffinées, elles avaient des crocs bien aiguisés. Elle te mordillait la lèvre jusqu'au sang, parce qu'elle aimait bien son goût salé. Elle transformait ton corps en toile à peindre. Elle y redessinait tes traits, et coloriait ta peau. Elle y ajoutait beaucoup de bleu, de jaune et de violet. Elle aimait bien ton nouveau visage, cabossé. Oui. Elle aimait bien, parce qu'avec toutes ces bosses, ces égratignures et plaies, ça te donnait un côté vivant. Oui. Parce qu'au fond, elle avait peur de ne pas être en vie.


Elle était vilaine. C'était le refrain qu'aimait susurrer sa mère dans son oreille, pour la rendre encore plus coupable de se croire en vie. Elle ne savait qu'aboyer, elle ne parlait pas. Les insultes sortaient de sa bouche, comme des rasoirs à lame tranchante qui te couperaient la gorge si tu t'approcherais de trop près. On disait d'elle qu'elle n'avait pas bien été éduquée. Les sujets, les verbes, les groupes nominales et les COD. Elle ne connaissait pas. Non. Elle connaissait que la ponctuation. Et les mots que sa mère aimait chantonner. Ce n'était pas des jolies mots, mais ils la faisaient rigoler. Ses professeurs ne l'aimaient pas beaucoup. Elle n'était pas assez sage pour être appréciée. Elle faisait des gestes obscènes, mais pas à toi. A toi, elle préférait les coups de pieds. Elle aimait bien de tirer la langue, parce que sa langue était plus belle que ses dents. Elle te tirait la langue plus souvent qu'elle ne te souriait. - C'était sa façon de t'aimer.

« Hey P'tite Salope ! » On lui a parlé, tu lui as parlé. Connard, enculé. J't'avais dit de ne pas l'aborder. « Hey ! Sale chienne, j't'ai causé. » Petit con, t'as pas la classe, t'as des putains... de poils sur la face. Et puis, si tu veux l'appeler, claque des doigts deux fois. Elle se retournera. Le con obéit, bon chien. L'autre pétasse à petits seins se retourne. Et d'son ton isolent, elle gueule. « Quoi ? » Elle est vraiment pas classe. Il s'approche, joue avec ses longs cheveux blonds. Elle aime pas ça, regarde, putain, la tronche qu'elle tire. - Elle va l'bouffer, elle va l'bouffer.... « Tu sais ce qu'on dit d'toi dans la cité ? » Il la dévisage, elle aime pas ça, la chienne. Elle préfère qu'on lui caresse sous le cou, qu'on lui dise que son pelage est soyeux -alors qu'il est couvert de crasse- qu'on lui caresse sur le bide, qu'on lui demande de faire le beau, les pattes en l'air, la langue pendante et qu'on lui donne des petites tapes en lui disant bonne chienne, bonne chienne ?. Allez, vas jouer. « Qu'est tu m'veux ?» - Ouvre pas la bouche, pétasse, tu sais même pas parler. Elle le coupe, l'autre va pas aimer ça. Non, il va pas aimer. L'autre aime bien qu'on lui obéit, parce qu'avec ses trois poils sous l'menton, il s'croit le caïd de l'région. Mais à côté du black et de son crew, il est plutôt minable. Ouais, il est carrément minable. Non, mais, attendez. Le mec met ses putains de chaussettes dans son putain de jogging. C'est atroce ! Y'a rien d'plus moche. « Oh doucement ma jolie, j'venais juste discuter. T'sais, t'es pas obligé d'm'agresser » Quel nul, j'hallucine. - Putain, mec, regarde, il a la gaule. - Putain, il va commencer à baver, vu comment il mate ses seins d'puis un quart d'heure. - Arrête, elle a pas d'seins, y'a rien à mater. Elle opte pour le regard méchant, ses yeux bleu claire devenus foncés. Elle nous ficherai presque la trouille. Le mec, lui, il a pas peur. Il a peut être envie de s'faire couper les couilles ? «T'sais ce qu'on dit sur toi dans l'quartier ?» Blanc psychologique. Il passe sa langue entre ses lèvres, et lui jette un regard... sensuel ? - WTF? On se marre. «Que t'écarte bien les jambes» Elle va l'bouffer. «Et puis, qu'tu fais pas payer très cher» Normal, c'est pas comme ci c'était une pute, non plus. Qu'il est con, ce gars. «Hey, tu s'rais prête à l'faire gratuitement pour moi ?» J'ai envie de vomir. Ce mec est répugnant. Il est à la limite de lui toucher l'cul. L'autre conne se laisse faire, finalement, peut être que les rumeurs qui courent à son propos sont fondés. J'devrais peut être aller tenter ma chance. Parce qu'on final, son côté sauvage, ça m’excite. Mon pote, aussi, ça l’excite. Tu crois qu'elle va l'baiser ? - Ché pas. Elle s'rai prête, elle est moitié conne, cette fille, t'façon ! Son regard a changé, elle semble encore plus énervé. Elle a presque l'air d'une autiste, et t'as de la putain de mousse qui coule de sa bouche. Cette meuf est enragée. Le bras d'l'autre gars vient caresser son visage, elle le lui chope. Et, plante ses crocs dans la chaire pulpeuse de son avant bras. Il gueule, bien fait. «Putain ! Mais t'es tarée !» Il s'échappe de son étreinte, recule de plusieurs pas .«Vas brûler en enfer, pétasse ! Tu vas voir, avec ma bande, on va t'choper, un d'ces jours !» Ouais, enfin, tu connais pas son frère.


Elle ne sais pas parler. Elle ne donne que des coups de pied.