Des cachets d'antidépresseurs, avalés à l'aide d'un verre de whisky. C'est le même rituel tous les soirs. Miro, j'ai mal à la tête, putain. l'intéressé s'esclaffe, il l'a un peu forcé à boire, comme d'habitude en fait. Il va s'asseoir à côté de lui, dans le canapé tout miteux, un sourire amusé et pourtant très affectueux sur les lèvres. Miro, c'est plus n'importe qui. Rencontré à Varsovie, inconnu puis ami. Ils ont fait un bout de chemin ensemble, parce que tout le monde à besoin d'une béquille quand on est cassé. Et ils étaient tous les deux cassés, amochés par les rasoirs de la vie. Et à eux deux il se suffisaient, et c'était bien comme ça. T'inquiètes pas, ça va passer. et Miroslaw garde ce même sourire. Il n'est pas forcément heureux, mais en réalité, il sourit pour se rassurer lui-même. Pour se convaincre que tout va bien, que tout ira bien. Parce que c'est le cas, n'est-ce pas ? Il est aussi secoué par l'alcool et les cachets que Zachariasz, mais il s'en fout, parce qu'il cherche à divaguer. Il désire que la réalité soit floue, qu'elle n'ait pas de sens. Tous deux se laissent bercer par un sommeil écrasant dans le canapé tâché de Miro.

Le réveil est toujours difficile, l'un est souvent écrasé sur l'autre. Des bouteilles vident jonchent le sol sale de l’appartement. Il y a quelques éclats de verre par terre, et personne n'est à l'abri d'une coupure. Le sèche-linge est tombé en panne depuis bien longtemps, alors les vêtements se balancent sur le balcon au gré du vent. Tous les jours c'est la même histoire. Zachariasz n'est jamais sobre, l'alcool glisse dans son sang. Et Miroslaw, quant à lui est sous l'effet de cachets et de l'alcool aussi. Matin, midi, soir. C'est sûrement le meilleur régime pour oublier. Cigarette, s'il te plaît. il recrache la fumée dans l'air pollué de la ville. Il est onze heure du matin. Zachariasz retourne dans le canapé. Il sort un carnet et un stylo. Et il écrit, il écrit ses états d'âme. Puis il brûle les pages une à une. Miro le fixe en silence, vide son verre puis prend la porte. Je vais chercher de quoi nous abreuver. il lui fait un clin d’œil mais Zac l'ignore, plongé dans sa rédaction. La page est noyée d'encre bleue sur les deux côtés, pâle relfet de sa peau elle-même tatouée. Il allume le briquet et contemple les flammes lécher le papier avec avidité. Aujourd'hui, il devrait chercher une occupation pour gagner de l'argent afin de payer sa consommation abusive d'alcool et de cachets. Il trouverait, avec certes beaucoup de difficultés, mais il trouverait. La course à l'argent, cette même course effrénée de tous les jours. Cette routine fatigante, éreintante.