elle n'avait pas eu le temps de voir : sa mère, tomber, inconsciente. le sang s'échapper de son crâne. les verres de la table se briser sur le sol. elle n'avait pas eu le temps d'entendre : le décrescendo striant. la mélodie se casser le figure. les notes de fins s'effondrer. le classique silence du manque d'air... elle s'était enfuie. comme une voleuse. la porte avait claqué derrière son ombre, les marches de l'escalier se rappellent encore de la lourdeur de ses pas. ils la regardaient tous, s'enfuir. tous ces démons, vivant ou mort, dans leurs habits macabres. ils n'avaient rien d'autre à foutre que de regarder une chienne s'enfuir au galop. l'air perdu, les cheveux dans le vent, les larmes coulant sur ces joues. encore une fois, elle s'était engueulée avec sa mère. mais cette fois-ci, les conséquences furent plus dramatique. esmee n'aime pas qu'on lui fasse des remarques sur son comportement, elle n'aime surtout pas quand c'est sa mère qui le lui fait. lukas a dit que c'était une salope, esmee lui crache à la gueule que c'est une salope. elle lui vomit tous ces mots vulgaires, qui s'enfoncent, la lame aiguisée, dans le dos frêle de cette femme touchée trop tôt par la maternité. son habit taché de rejet, la mère reniée tente de se purifier dans l'étreinte d'un homme. rien y fait : ses enfants la déteste toujours autant. esmee la déteste, lukas la hait. édifice bancal, elle leur prive d'un père inconnu, un père qui leur a pendant longtemps manqué. elle les oublie, de temps en temps, lorsqu'elle s'oublie elle même aux bras d'un amant. elle veut être désirée, elle veut se sentir une nouvelle fois jeune. mère de deux enfants à seulement vingt ans, ils deviennent un fardeau pour cette jeune femme qui rêve tant d'être aimée.
cette après midi, elle était arrivé, un peu paniquée. elle avait déboulé dans la chambre d'esmee, sans prendre la peine de frapper à la porte. esmee qui écoutait de la musique sur son ordinateur, ronchonna (un peu). elle lui balança un "dégage, j'veux pas t'voir" affectif. sa mère, ravissante dans son habit de bonne maman catholique des banlieues riches de la ville, vint s'assoir sur le bord de son lit, posant sa main délicate sur la jambe de sa fille. esmee bondit, les mains brulante de sa mère
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