Les cartes dansent devant mes yeux, dans une valse infernale avec les chiffres. Les dames embrassent les valets, tandis que ceux-çi enculent les rois. « Gagnant gagnant, buffet géant » murmure le croupier. Je relève les yeux vers lui, passe une main dans mes cheveux rouges, et joue quelques instants avec mon piercing. Le croupier me regarde, et je lui sourie. Aujourd'hui, j'ai 21 ans, je me suis payé un sympathique voyage à Vegas, loin de l'Angleterre, loin de tout, mais plus près que jamais des cartes. Putain, j'aime ce jeu, j'aime sentir les jetons dans mes doigts, j'aime quand la guichetière me remets l'argent gagné dans une soirée. Aujourd'hui, j'ai 21 ans, et j'ai gagné au Black Jack. Winner winner, chiken dinner...

« Somebody mixed my medicine ! » La voix de Momsen résonne dans ma chambre, tandis que je gratte sur ma basse chérie. Katy, qu'elle s'appelle. Mes doigts se déplace rapidement sur le manche, je connais par coeur la tablature de ce morceau. Assise à même le sol, appuyée contre le seul mur noir de la pièce, je fredonne quelques morceaux de paroles, et la porte s'ouvre avec fracas. Je relève les yeux, et vois mon Sidney, appuyé contre le chambranle, qui me regarde avec un sourire narquois. Je me relève, pose Katy sur son support, et m'avance vers Sid'. Il me saisi par les hanches et dépose un baiser sur mes lèvres. Je soupire, je sais bien que si j'essaye d'avoir plus, il s'enfuira. Il est comme ça, Sidney. « Tu veux quoi, Sid' ? ». Il esquisse un nouveau sourire, et je sais déjà ce qu'il va me demander. « Tu peux baisser ta putain de musique, Sweety ? Elle me fait chier, j'arrive pas à me concentrer pour peindre. ». Je soupire, again. Je sais bien qu'avec ou sans musique, Sid' peut très bien se concentrer pour ses peintures. Mais je sais aussi que quoi qu'il fasse, c'est toujours à chier, ce qu'il fait. Sauf qu'on ne lui dit pas, il est tellement content de nous les présenter, ses créations. Alors on se tait.
C'est comme ça, quand on aime.

« Tabbie, t'est qu'une traînée, mais qu'est-ce que tu baise bien, quand même ! ». Je roule sur le côté pour le regarder. Et finalement, le bourre de coup. Je sais bien que mes petits poings ne lui font pas bien mal, mais c'est pour le principe. Noé est un enfoiré, je l'adore, mais c'est pas des raisons pour le laisser me traiter de traînée. J'esquisse un sourire, et tandis que mon meilleur ami éclate de rire, je riposte. « Noé, j'suis peut-être une traînée, mais t'as tellement pas de fric que j'suis la seule que tu pourra jamais te payer, Dude ». Il me fixe, un brin vexé, visiblement. Noé, il a du fric, c'est indéniable. Dans l'histoire, celle qui en à pas, qui en à jamais assez, en tout cas, c'est moi. Moi, et ma faim insatiable de l'argent, du jeu... Une grosse boule se forme dans mon ventre, et une giclée d'acide me remonte dans la gorge. Je ferme les yeux, et à côté de moi, Noé me regarde toujours. La nausée passe, lentement, et je ré-ouvre les yeux. J'ai vu défilé ma soirée d'anniversaire, les cartes, et leur danse démoniaques avec les chiffres. Je me redresse dans le lit, respire un grand coup, et me lève, nue comme au jour de ma naissance. Noé étend le bras, attrape ma main, et m'attire à vers lui. « Tabbie, t'est qu'une traînée, mais je t'adore quand même. Reste là...»