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| Entre chiens et loups || Ash&Noé | |
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Auteur | Message |
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Invité
| Sujet: Re: Entre chiens et loups || Ash&Noé Mar 22 Fév - 18:03 | |
| Bon, c'tait bien sympathique cette petite situation mais j'commençais vraiment à me sentir mal là. Ça allait nous mener où? On allait se raconter notre enfance, ce genre de conneries? Ouais, ma mère est morte d'un cancer, j'tais gamin, j'ai rien compris, mon père s'est remarié, a eu une autre gosse dont j'ai sacrifié la vie au passage pour me venger. Pas vraiment convainquant, j'sais même pas si ils accepteraient de faire un scénar avec ça à la télé. Dit comme ça, ça fait même un rien psychopathe. Peut-être qu'une séance chez le psy' me ferait du bien, histoire de passer le reste de ma vie en taule. Parce que j'ai fait ce que j'ai fait, sachant pertinemment que je ne le regretterais jamais. Y' avait peu de trucs que je regrettais mais coucher avec Noé commençait à entrer dans la courte liste de mes regrets éternels. Ouais, valait donc mieux oublier le passage « échange de souvenirs larmoyants », trop personnel, un peu comme raconter à son meilleur pote un mauvais trip. Et ma vie est un mauvais trip. Pour rendre les choses un peu plus simples, y'a ce putain de manque qui recommence à faire son effet, s'insinuant dans mon esprit, dans mon corps, remplaçant mon sang par une brûlure insidieuse, lentement mais surement. C'est mon jour de chance il semblerait. Si je m’effondre, là, tout de suite, maintenant, me laissera t-il crever en paix?
Essayant de cacher le mieux possible mon mal-être que j'espère passager, je fixe de nouveau mon attention sur lui mais il ne lève pas les yeux, restant concentré sur le bois qui semble être .. fascinant. « Il y a de beaux paysages au sud de la ville. » Je hausse un sourcil. Prend moi pour un con, j'te dirais rien. Il a qu'à m'expliquer clairement qu'il veut plus qu'on se croise. Ou alors il m'la déjà dit et j'ai pas voulu comprendre le message. Mon cœur rate un battement à cette idée. Ouais mais non, c'est le manque. C'est ça, putain de manque. « Moi j'peux pas quitter la ville. » « Ah ouais? Donc c'est à moi de dégager? C'est un peu facile ça. » Il qu'à se faire payer une cure de désintox', plus de risque de me croiser au moins. « Toi t'as déjà vécu la vie sauvage sous la neige … en Russie. C'est pas l'autre bout de la ville qui va effrayer un trappeur. Et tu devrais savoir t'y prendre du coup, pour ouvrir la porte. » J'm'étouffe. Il est sérieux là? Il veut quoi, que je lui éclate vraiment le nez? Un trappeur? UN TRAPPEUR? C'est quoi son délire? Il s'imagine peut-être que je vivais dans une cabane en Sibérie, que j'avais sept chiens, que je mangeais de l'ours à tous les repas avec une bouteille de vodka, que je baisais ma sœur et ma mère parce que c'tait les seules femmes à des kilomètres à la ronde? Je me passe une main sur le visage, atterré. « La vie sauvage sous la neige hein? J'ai vécu à Moscou et Saint-Pétersbourg, ducon, j'sais pas si t'es au courant mais nous aussi on est civilisé, j'faisais pas 20 km à pieds pour trouver un téléphone. » Il m'a blessé dans mon orgueil là. Vaut mieux qu'on arrête de discuter, visiblement il me prend pour un attardé sorti des steppes. J'me lève donc, une envie de vomir de plus en plus présente et m'appuie contre le dos de l’armoire, plus ou moins en face de la porte, lui marchant à moitié dessus. Trop étroit pour que je puisse défoncer la-dite porte à coup de pied, va falloir y aller à coup d'épaule. Rien de tel pour se ridiculiser. Au point où j'en suis, un peu plus, un peu moins.. j'crois que ça changera rien. J'me jette donc contre le bois, faisant dangereusement trembler l'armoire. Putain de bonne idée tout ça j'crois. Je réessaye, sentant la porte céder un peu sous mes coups. Nouvelle tentative, payante cette fois et elle s'ouvre en grand, me laissant soudain sans appui. J'me rattrape plus ou moins, entrainé par mon élan, évitant de justesse le trou béant... J'm'en suis sorti vivant... Ou presque. J'me retrouve de nouveau plié en deux, vomissant une bile âcre en tremblant. « Tu vois bien que j'ai pas l'étoffe d'un trappeur, j'survivrais jamais en Sibérie. » Un jour, je t’emmènerais en Russie, juste pour te montrer que la vie n'est pas si différente là-bas. Il fait juste un peu plus froid.
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Invité
| Sujet: Re: Entre chiens et loups || Ash&Noé Mar 22 Fév - 18:58 | |
| [list] « Ah ouais? Donc c'est à moi de dégager? C'est un peu facile ça. » Une chose était claire, ce n'est pas moi qui allait m'en aller. Si je n'étais jamais sortit de la ville, c'était aussi parce que je ne l'avais jamais voulu. J'étais pas né ailleurs, à Londres, Derby ou toute autre ville aux alentours, anglaise ou non. J'étais né, ici, à Bristol, et je pense que j'allais y mourir aussi. Ma mère avait bien essayé de m'emmener avec elle quand elle partait en séminaire, mais j'avais toujours refusé, me planquant sous mon lit ou dans un autre endroit de la maison pour être certain de ne pas bouger de ma ville. C'était un repère, mon seul repère, et dieu sait à quel point j'avais besoin de me raccrocher à quelque chose. Rien n'était stable dans ma vie, tout foutait le camps, alors camper sur le sol qui m'avait vu naître, ça m'éviter de me perdre un peu plus. On dit que l'homme est néophobe, qu'il a peur de ce qu'il ne connait pas. Je pouvais pas non plus dire que j'étais terrifié à l'idée de découvrir le monde, mais vu ce que certains patients racontaient à l'hosto, quand j'y faisais mes tours mensuels, j'avais pas franchement envie de débarquer chez les sauvages. Il y avait ce type, qui occupait la chambre à côté de la mienne – j'en ai une quasi réservée - ; il se faisait appeler Napoléon, et nous avait raconté son dernier voyage en Russie. Il nous avait parlé de barbares, des espèces de sauvages violents, avec des loups et tout le bordel. Il avait aussi parlé d'une bataille près d'une rivière, Bérezima si ma mémoire était bonne. On l'avait chassé du pays, ça m'étonnait pas qu'Ash soit aussi peu accueillant. Et puis j'avais regardé quelques documentaires, qui montraient bien le froid atroce, et ces types qui chassaient l'ours et les rennes. Enfin ma remarque/constatation n'a pas vraiment l'air de lui faire plaisir, ou de le flatter, vu le regard étonné, tout de suite déformés par deux sourcils froncés. J'avais enfin fini par tourner les yeux vers lui, pour observer ses réactions sur ce que je pouvais lui dire. « La vie sauvage sous la neige hein? J'ai vécu à Moscou et Saint-Pétersbourg, ducon, j'sais pas si t'es au courant mais nous aussi on est civilisé, j'faisais pas 20 km à pieds pour trouver un téléphone. » Je hausse les sourcils, comme devant une découverte. Directement, ça me donne envie de lui demander comment c'était. Mais je me retiens, histoire de ne pas lui montrer que je lui porte un peu d'intérêt ; de toute façon, il venait de se relever, me marchant dessus au préalable. J'suis sur qu'il le fait exprès, qu'il profite du fait qu'on soit aussi serré pour me broyer un ou deux doigts avec son talon de chaussure pourri.
Ash donne un coup d'épaule dans l'armoire qui oscille dangereusement. Shit, on va se casser la gueule avec la boite, tombée du côté de la porter, et on allait plus jamais pouvoir en sortir. Je lui jette un regard, écoutant son souffle court après le premier coup. Etre crevé après un petit coup dans du bois … putain de camé. Ça te bouffait toute ton énergie. Et si on devait s'en aller chacun de notre côté une fois qu'on se serait tiré du placard, je préférais l'économiser en restant assis dos au mur. Nouveau coup d'épaule, peut être un peu plus fort jusqu'à ce que la porte finisse par céder, Ash rencontrant maintenant le vide comme seul appui et manquant de se casser la gueule en beauté. Je me serais bien marré comme une baleine si j'avais pas eu cet espèce de vieux relent en le voyant gerber sur le sol déjà souillé. Putain. Le problème de la crise de manque, quand on arrive à la calmer, c'est qu'il y a toujours un abruti qui trouve le moyen de vous la rappeler, vous la remettre bien comme il faut en tête. Le russe recommence à trembler légèrement. C'était une pause, une pause avant que tout ne recommence. On était rentré avec notre manque, on ressortait avec. « Tu vois bien que j'ai pas l'étoffe d'un trappeur, j'survivrais jamais en Sibérie. » Sourire amer sur les lèvres, je finis par me relever pour sortir de notre prison, avec un putain de mal de jambe. « Déjà qu'tu sembles avoir du mal ici. » Et de nouveau la respiration courte, comme si chaque mot me pesait. Je serre les lèvres quelques secondes, fixant cette fois le mur avec la même intensité que la tâche de tout à l'heure. « Quand on est même pas foutu de faire trois pas sans gerber ses tripes... T'es bon à crever Leonov. » Ça me fait un peu mal au cœur de lui balancer ça, de recommencer comme tout à l'heure. J'ai l'impression de briser ces quelques moments de trêve. Mais fallait bien que je le fasse, sinon c'était lui qui s'en serait chargé, au risque de me faire plus mal que je pouvais lui en faire là. Je fais un pas vers lui, échappant un soupire. Ma voix était aigre et rapide, et semble soudain retrouver un ton plus modéré, presque plaintif. « Ash ... » Ma phrase reste en suspend, un craquement venant de me couper en pile au début. Bordel, c'est quoi ça encore ? Pas le temps de réaliser, que le sol déjà moisi s'effondre sous nos deux poids.
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Invité
| Sujet: Re: Entre chiens et loups || Ash&Noé Mar 22 Fév - 20:23 | |
| Putain de crise de merde, c'était reparti pour un tour. On met sa ceinture et on s'accroche bien, ça va secouer. Je tremble de tout mon corps, étalant mes tripes sur le sol pas très propret. Ça doit le faire marrer de me revoir comme ça, faible, à la merci de mon addiction sans pitié. Vas-y rigole bien, j'me priverais pas pour te cracher dessus quand ton tour sera venu. Les mains à plat sur le plancher, je tente de ne pas perdre pied, j'vais quand même pas m'effondrer devant cet enculé. дерьмо [merde], ça me fous grave la haine d'être comme ça face à lui, perdu comme un gosse qui a trop bu. Sauf que dans ce genre de situation y'a toujours quelqu'un à tes côtés qui tient ton écharpe pour éviter de faire tremper le mohair dans le vomi. Qui n'a pas connu ça? Les soirées qui se finissent mal, même les russes sauvages n'y échappent pas. Putain.. t'es vraiment con, Noé. J'arrive pas à sortir sa phrase de ma tête, j'sais pas pour qui il me prend, qui ou quoi. J'ai eu une adolescence plus ou moins normale, mis à part la danse, j'avais quand même une vie à côté. Fait chier, putain d'occidentaux avec leurs idées toutes faites. Avant.. l'incident, ouais, appelons ça comme ça, j'm'en foutais pas mal de ce qu'il pensait, on se haïssait et tout était clair. Si j'commence à me sentir blessé par toutes ses petites remarques, j'ferais mieux de me suicider, m'étonnerais qu'il s'arrête en chemin. Un nouveau haut-le-cœur me secoue, je tente de ravaler ma bile amère, serrant les dents. Je lève les yeux vers lui et le voit se relever lentement mais il ne me jette même pas un regard, se concentrant sur le mur. « Quand on est même pas foutu de faire trois pas sans gerber ses tripes... T'es bon à crever Leonov. » Ma mâchoire se durcit un peu plus encore, j'ai envie de lui sortir une réplique censée lui faire aussi mal que ce qu'il venait de me balancer mais rien ne vient, rien ce n'est ce manque qui me bouffe littéralement, m'empêchant de réfléchir correctement. J'pourrais insulter sa mère, lui dire que quand on passe la moitié de ses journée à l'HP, quand on est un putain de taré, on se la ferme.. Mais mes lèvres restent closes, j'ai même plus envie de jouer à ça.
Il s'avance vers moi, me regarde de haut et... quoi? T'attends que je me lèves pour te donner la réplique? C'est finit, j'en ai ni l'envie ni la force là. T'as raison, laisse moi crever, que tout ça soit terminé. « Ash ... » Un craquement interrompt son début de phrase, le plancher ne supportant plus nos deux poids conjugués. Une seconde, le temps semble suspendu, j'ai presque l'impression de voler, ou un délire de ce genre... Et ouais, on vole, mais pas dans le sens. Le sol du second étage se rapproche soudain brutalement et la chute me fait suffoquer, je m'étale face contre le plancher. Le vieux goût métallique du sang emplit ma bouche et je tousse, tentant de reprendre contact avec la réalité. « Putain... Tu pouvais pas faire gaffe où tu marchais? » Me tenant les côtes, je me redresse maladroitement, écartant quelques planches qui me gênent. De la poussière tombe encore du plafond, doucement éclairée par le soleil brûlant d'une fin d'après-midi. Je crache sur le sol un peu de sang mâtiné de salive. Délicieux. « Noé? » J'ai soudain la sale impression d'être seul au monde, rien ne bougeant plus dans la pièce. Je cligne des yeux, tentant de distinguer quelque chose dans l'amas de planches qui s'empile un peu partout. Putain, il a vraiment pas raté son coup. Il est où ce con? J'écarte en tremblant l’amassement de bois, à deux doigt de m'évanouir. Suffit qu'il surgisse là, d'un coup comme un gamin et j'fais une crise cardiaque. Mais rien ne vient, pas de vieille connerie pour se foutre de ma gueule la seconde d’après. Je finis par le découvrir sous la poussière et les planches, ne bougeant pas. Je tente de le tirer de là, sans trop savoir pourquoi. C'est le moment de se barrer, de le laisser crever, on retrouvera pas son cadavre avant plusieurs jours, et si y'a une enquête, on conclura à un banal accident. Combien de toxico se noyaient ou finissaient dans une broyeuse à ordure parce qu'ils n'avaient pas su se rattraper au bon moment? Ouais mais voilà, j'arrivais pas à l'abandonner là. Ni à l'en sortir. Putain, quelle merde. J'lui fous une baffe, histoire qu'il reprenne au moins conscience. Aucune réaction. J'lui en fous une autre. Et jamais deux sans trois, comme on dit. Désolé si t'as des hématomes, c'est pour la bonne cause. Mais ce con ne réagit toujours pas, j'commence à le sentir vraiment mal... et si il était vraiment mort? Faut faire quoi dans ces cas là? Du bouche-à-bouche? Si il se réveille, il va s'faire des idées. J'm'abaisserais quand même pas jusque là. Un massage cardiaque? C'est la même et j'risque de lui péter les côtes en plus, ce serait con qu'il crève d'une hémorragie interne. Merde, merde, j'sais pas quoi faire. Allez, réveille toi, claque pas dans mes bras.
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Invité
| Sujet: Re: Entre chiens et loups || Ash&Noé Mar 22 Fév - 22:54 | |
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La réplique que j'attendais semble être coincée dans la gorge d'Ash. Ça m'étonne même qu'il n'ait pas répliqué cash, ou qu'il n'ait pas puisé dans ses dernière forces pour se relever et me coller son poing dans la mâchoire, histoire de me faire fermer ma gueule une bonne fois toute, et de clarifier la situation par la même occasion. Parce que ouais, là je nage en eaux troubles, je ne sais absolument pas quoi penser, encore moins maintenant qu'il ne réplique pas avec une de ses habituelles vannes ou un pique blessant qui me demanderait quelques minutes de réflexion, le temps que je trouve un truc censé le blesser. En fait, on ne se faisait jamais de mal avant, enfin je veux dire mentalement. Physiquement ouais, on avait le don de se mettre dans de sacrés états à s'acharner l'un sur l'autre comme si on devait mener un vrai combat de boxe. Il pouvait très bien traiter ma mère de pute, ou de sale bourgeoise mal baisée ; me dire que j'étais qu'un putain de taré qu'était même pas foutu de rester censé sans ses médocs ou une connerie du genre, j'en avais rien à battre. D'ailleurs il l'avait déjà fait et plus d'une fois. C'était plus pour la forme qu'autre chose. Mais c'était avant. Je sais pas pourquoi mais là, la réponse, je l'attendais la mâchoire contractée, comme si j'allais me prendre un coup de couteau ou je ne sais quoi dans le dos. Rien, rien ne vient et ça fait du bien. Il est sûrement trop pris par son manque, c'est forcément ça, je ne vois pas d'autre explication possible. Ça doit tellement le bouffer qu'il est incapable d'aligner trois phrases dans son esprit sans qu'une quatrième vienne parasiter le tout. Mais je tente quand même une nouvelle approche, avec mon début de nouvelle phrase, son prénom murmuré entre mes lèvres sèches. Seulement le parque s'écroule, et m'empêche de commencer un nouveau monologue à moitié compréhensible.
Cette sensation est horrible, en plus de la surprise qui me fait louper un battement de cœur, me coupe la respiration. J'ai l'impression d'être happé par le vide. Cependant, la chute n'est pas longue à arriver et le dos de ma tête frappe le parquet, m'arrachant un léger cris de douleur, trop forte pour me laisser conscient plus longtemps. Black out. Je me sent totalement partir, sans non plus en être conscient. […] Je sent une pression sur ma joue, et la douleur lancinante qui revient, plus forte que jamais. J'ai du mal à réaliser, à ouvrir les yeux. J'me sent totalement perdu et incapable de me souvenir des dernières minutes. Je ne comprends rien, et je n'ai qu'une envie, que la douleur s'en aille, retomber dans cet espèce de coma de courte durée. Mais je n'y arrive pas, tout me revient à la gueule d'un coup, m'arrachant une quinte de toux à m'en perforer mes poumons. C'est vrais eu sur le coup, je ne m'étais pas loupé. J'avais marché sur la mauvaise latte et on avait dégringolé tous les deux. Le sol dur, les poutres qui nous étaient tombées dessus juste après … si j'avais rien de cassé c'était un miracle, un vrai miracle. Enfin vu la sensation qui me tiraillait les côtes, je pense bien que je m'en étais foulé si ce n'est deux ou trois. Je finis par ré ouvrir les yeux, tentant de contrôler ma respiration comme je le peux. La première image qui me vient ? Celle du visage d'Ash, un air paniqué dans les traits, me surplombant. Douce vision, assez drôle aussi, et flippante d'un autre côté. « On laisse pas … crever blanche neige ... en paix ? » petit sourire qu'un nouveau pique de douleur me fait vite ravaler. Je me tourne sur le côté, sentant la nausée arrivée à pleine puissance. Sauf que c'est pas de la bile que je me met à cracher sur le sol, du sang plutôt. Putain, et si je m'étais perforé un poumon ? Non, j'aurais plus de mal à respirer. Et pourtant la panique prends le dessus. Le fait que je sois seul avec Ash aussi, qu'il allait sans doute me laisser crever là, sans un mot ou peut être une réplique cynique pour marquer le coup. Un, tu vois, j't'avais dit que t'allais crever avant moi. J'avais toujours une main accrochée à son tee shirt, comme si par là, je le forçais à rester. J'avais pas envie de mourir, mais je pouvais pas me rabaisser à lui dire de ne pas m'abandonner dans cet état là, je pouvais pas le supplier non plus, même si c'était le seul truc qui l'aurait poussé à m'emmener aux urgences ou chez lui histoire de me soigner un peu. « J'ai pas envie de crever. Pas au milieu d'tout ça. » Je lui lance finalement le regard de supplique, suivit d'une nouvelle quinte de toux. Une fois calmé, ma main accrochée à son tee shirt glisse jusqu'à son torse, pour le pousser un peu. « Laisse tomber. » Comme s'il allait m'aider.
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Invité
| Sujet: Re: Entre chiens et loups || Ash&Noé Mer 23 Fév - 0:16 | |
| Je cumulais les situations merdiques aujourd'hui, j'aurais du regarder mon horoscope avant de me lever. Je croyais pas vraiment dans ses conneries mais sait-on jamais, ça m'aurais peut-être éviter de me retrouver là, tiraillé entre deux sentiments contraires. Ouais si j'avais su qu'aujourd'hui j'allais me retrouver coincé dans un placard avec un des mecs que je détestais le plus, que j'allais... baiser avec lui pour finir un étage en dessous, à moitié sonné avec un Noé agonisant dans les bras, non, franchement je crois que j'y pas cru. Ça m'aurait peut-être fait marrer même. Mais là, présentement, j'ris beaucoup moins. Il se réveille pas et j'commence à paniquer, j'ai l'impression d'avoir Yuri dans les bras. J'revois son corps brisé, sans vie, son visage tuméfié que j'essuie tant bien que mal, tentant d'effacer ce sang qui le souille, comme si je pouvais rayer du même coup tout ce qui venait de ce passer... Je serre les dents, détestant me remémorer le passé. Réveille toi ducon, t'es à Bristol là, pas à Moscou, c'est pas Yuri que t'as dans les bras. J'peux pourtant pas m'empêcher d'essuyer les grains de poussière qui parsèment son visage, espérant vraiment qu'il se réveille, même si c'est pour me cracher à la gueule. Il finit par ouvrir lentement les yeux et j'suis tenté de le lâcher, j'me sens con de le tenir comme ça. « On laisse pas … crever blanche neige ... en paix ? » Il me sourit avant de se détourner rapidement, me donnant une occasion de le lâcher sans culpabiliser. J'vais pas le laisser me gerber dessus quand même. Sauf qu'au lieu de bile, c'est du sang qui s'échappe d'entre ses lèvres. Putain... Pourquoi il a fallu que tu t'avances là où il fallait pas? Sa main se crispe un peu plus sur mon tee-shirt, comme si il voulait me retenir. « J'ai pas envie de crever. Pas au milieu d'tout ça. » Je répond rien, j'peux rien répondre, je reste là, détournant le regard lorsque ses yeux me supplient. Et je finis par craquer. « J'sais que jamais vraiment été... sympa avec toi, j'sais que tu me hais mais j'peux pas te laisser crever sur le plancher comme un chien.. » Mais j'ai ma fierté. Serrant de nouveau les dents, j'garde cette dernière pensée pour moi. Deux camés qui se pointent aux Urgences, ça fait trop suspect, j'pourrais jamais l'y emmener. Ouais, c'est ça. Si je fais rien c'est pour pas finir en taule, pour pas me faire arrêter. Y'avait pas trente-six alternatives, fallait que je le ramène à l'appart'. Comment? J'en sais rien. Faudrait déjà que je trouve la force de le sortir de sous les décombres, qu'il arrive à se lever et qu'on marche jusque là-bas. Il me pousse soudain doucement, brisant le fragile instant. « Laisse tomber. » Laisse tomber? J'aimerais bien mais tu vois, j'y arrive pas. J'veux qu'un truc c'est me barrer d'ici pour ne plus te voir, t'oublier, toi et ton putain de regard. Alors pourquoi j'me barre pas? Ce serait facile, suffit de se relever, de lui balancer un "ravi d'avoir pris mon pied avec toi" et de me casser. Ce se serait vite réglé. Il ne veut même pas de mon aide de toute façon, alors à quoi bon? J'allais le forcer à l'accepter, valait mieux que je m'en aille maintenant.
Sans lui adresser un regard, je me relève, m'appuyant contre un mur pour ne pas tomber. Allez, un pas devant l'autre, c'est facile. Facile de l'abandonner, sachant pertinemment que y'a pas grand monde qui passe par ici et vu, dans l'état où il est, il tiendra pas longtemps. Autant le condamner tout de suite. Putain, il va me faire culpabiliser, il me repousse et je m'en veux... J'avise soudain son portable dans un coin qui avait du tomber en même temps que nous et je vais le chercher, le ramassant en étouffant un haut-le-cœur. Craque pas maintenant. J'reviens vers lui et lui lance, tant pis si j'le rate de dix centimètres. « Appelle ta mère, t'auras peut-être droit à un bonbon en prime, elle sera fière que son petit chéri ai réussi à composer son numéro tout seul non? » J'lui donne un moyen de s'en sortir et de me haïr un peu plus, putain de bonus. Mais même ma vanne ne me fait pas sourire. Je tourne les talons pour éviter de croiser ses yeux bleus, espérant vainement qu'il ne m'en veuille pas de jouer les chiens alors qu'il est dans la merde. Je marche lentement vers la porte, attendant un cri, un chuchotement, un signe, n'importe quoi pour qu'il me demande de rester.
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Invité
| Sujet: Re: Entre chiens et loups || Ash&Noé Mer 23 Fév - 11:53 | |
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Je crois que je n'ai jamais eu aussi mal. Non, ça n'a rein de comparable avec la fois où je m'étais rétamé en vélo, ou quand j'avais glissé à la piscine et m'était cassé la cheville. Cette douleur n'était pas superficielle, elle était encrée, sinueuse, et me prenait dans tous le corps, à m'en faire trembler, m'en faire cracher du sang et tousser comme un cancéreux. C'est pas possible, pourquoi faut toujours que les pires merdes tombent sur moi ? J'dois les attirer, je dois attirer tout ce qui est négatif même, comme un putain d'aimant à problèmes – que je me crée tout seul dans la majorité des cas -. Faut que j'arrive à me raisonner, arrêter de sombrer dans la panique montante qui me coupe toute pensée utile. J'pense à ma mère, j'pense à mes colocataires, à mes amis et tous ceux auquel je tiens un temps soit peut. Ils diraient quoi s'ils apprenaient que j'étais mort sous des décombres, parce qu'un parquet de maison abandonné c'est effondré sous mon poids ? Ils le savaient, que je ferais pas long feu. C'était même pas une hypothèse, c'était une certitude. Un camé, malade à la base, peut faire le nombre de cure qu'il veut, il finira quand même un jour par s'injecter la dose létale, celle de trop, celle coupé à de la mort au rats ou un médoc toxique dans le sang, ou une trop forte, qui te fait crever d'un arrêt cardiaque. J'avais toujours pensé que ça se passerait dans des chiottes publiques, comme toutes les histoires de junky qui passent à la télévision. A ce moment là, j'aurais choisi les plus clean de la ville, histoire de faire ça bien ; j'voulais pas rater ma mort, fallait y rajouter un minimum de décence. Donc ouais, j'aurais été me faire mon shoot pourri dans celles qui se trouvent près du commissariat. Personne ose y aller, de peur de se faire chopper par les flics. Au moins je risquais plus de problème avec la loi, ils pourraient défoncer la porte tranquillement, j'allais pas leur sauter dessus. C'est tout ce qui me tourne dans la tête, ces idées de dernier shoot, de passer l'arme à gauche dans un super endroit plutôt qu'ici. J'en suis persuadé, aujourd'hui je vais crever, et plutôt que de me dire que je pouvais me traîner dehors, que je pouvais hurler au secours ou tout simplement supplier Ash en pleurant, mon esprit était trop occupé à préparer mes funérailles.
Ash évite mon regard, comme si croiser mes iris bleus allaient lui fournir la volonté nécessaire à me prendre sur son dos, et me déposer devant la clinique la plus proche. « J'sais que jamais vraiment été... sympa avec toi, j'sais que tu me hais mais j'peux pas te laisser crever sur le plancher comme un chien.. » Pas me laisser crever, c'est ce qu'il venait de dire ? Cette journée tourne vraiment pas rond. Je le repoussais et il voulait quand même m'aider. Toujours à éviter mes yeux, le russe finit par se lever, se dirigeant de l'autre côté de la pièce. Hé, tu comptes faire un peu de ménage avant de m'emmener ? Un truc vole à travers la pièce, tombant dans un claquement à quelques centimètre de mon visage. Okay, si son but c'était de m'achever sur le coup, pour éviter que je souffre trop, il venait de royalement se foirer. « Appelle ta mère, t'auras peut-être droit à un bonbon en prime, elle sera fière que son petit chéri ai réussi à composer son numéro tout seul non? » Je tourne doucement la tête vers le projectile, tendant la main vers ce qui était en fait mon portable, l'écran à moitié défoncé par la chute. C'est un miracle qu'il marche encore. Je ne réponds même pas au pique qui suit, essayant de trouver tant bien que mal le numéro de ma génitrice. Si tenté qu'elle répondre. Putain, ça me donne envie de pleurer mais il faut que je me retienne. Ash traverse la salle, se dirige vers la sortie d'un pas plus ou moins hésitant. Vas y, casse toi connard de russe, et planque toi bien, la prochaine fois que je te recroise, je te remercie comme il se doit pour cet acte de bravoure. Pas un mot des deux partis, et au bout de quelques minutes, les pas du russe s'éteigne vers la sortie. J'appuie sur le bouton vert, priant tous les dieux pour entendre une voix de l'autre côté du combiné. Une tonalité, deux, trois … « allo ? » Je suis sauvé.
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