Ash'; allez savoir pourquoi. 21 ans. Omnivore mais a une préférence pour les hommes. Bloody Mary. Deux tatouages; Des lèvres saignantes qui ornent son cou - Une petite phrase dans sa langue natale au creux des reins: “Проститутка - это профессия, шлюха - состояние души.” [la prostitution est une profession, être une salope, un état d’âme.]/ Deux piercings; un au nez et l'autre aux lèvres. Je suis russe. Je parle mal l'anglais, j'ai un putain d'accent. Les gens, ça les fait rire des fois. Moins quand ils se retrouvent avec le nez en sang. Je crois que j'ai un problème avec la violence. Ouais un блядский [putain] de problème. Mais c'est comme ça. Je pourrais vous dire que j'ai été traumatisé dans ma tendre adolescence, mais ce serait un euphémisme. J'ai cessé de vivre le 07 décembre 1997, date à laquelle mon père a décidé que je n'étais plus digne de porter son nom. Depuis ce jour, je me suicide lentement, à coup d'amphet', de coke, d'héro, de tout ce qui se sniffe, de tout ce qui s'avale, de tout ce qui raccourcit un peu plus ma vie. Pourquoi ne pas se suicider tout court alors? Ouais pourquoi? Parce que.. j'aime ma déchéance. À force d'explorer les abîmes, on finit par leurs trouver une certaine grâce et on reste là, à les contempler, un sourire extatique aux lèvres. Alice est restée coincée dans le terrier du lapin Blanc et la Reine Rouge l'a mangé. C'est l'histoire de ma vie.. Un truc crade, gerbant, qui ne figure dans un aucun conte et dont personne ne veut. Mais moi, j'en ai rien à foutre, j'existe. Haine et rancune sont mes deux meilleurs coups et je leur garde une petite place au chaud, dans mon cœur. All long the fucking life road.

“ ..sh! Ash! Oh, .. vas te ...veill.. ducon?! Où t'as f....u mes cl.pes, b....el?

J'ouvre un œil. Un seul. L'autre attendra. De quoi qu'elle m'cause? Comprend rien. Bon, finalement, faudrait peut-être ouvrir l'autre. Ou non. Je me retourne et me pelotonne un peu plus dans les couvertures, feignant de dormir encore. Tentative ratée, on me saute dessus et me secoue encore et encore.

- Mes cloooooopes!

Aie... Mes oreilles, ma tête. Pas le matin pitié...

- Quoi, tes clopes? J'y ai pas touché, laisses moi dormir encore un peu sale excitée.

- Il est 16h, ducon, t'as assez dormi pour aujourd'hui. Alors, ces clopes? T'es chiant, tu me fumes tout! Je suis sympa, je t'héberge et voilà! 'Tin j'te jure... J'abandonne, j'suis trop pressée. Je vais chez le psy', faut ab-so-lu-ment que je lui parle de mon dernier orgasme underground avant que ça se transforme en névrose. On sait jamais, je risque peut-être de devenir aussi psycopathique que toi. J't'ai laissé une petite fortune sur la table, va m'acheter un paquet ou j'te découpe à la tronçonneuse quand je reviens. ”

Un coup d'oreiller dans la tronche plus tard et ma bienfaitrice s'en est allée, rejoignant son amant/tortionnaire/photographe et accessoirement, psychologue. Je l'aime bien, elle est gentille. Des fois, j'ai envie de la frapper pour lui faire ravaler sa putain de voix aigüe, mais c'est rare. Et puis, je suis un gentil bulldog, je ne mords pas le maitre qui me nourrit.
Je finis par me lever, me trainant tant bien que mal jusqu'à la salle à manger. Un rayon de soleil vient mourir sur la table, unique faisceau tremblotant de poussières dansantes... Je m'arrête et le contemple, un long moment..

Il faisait aussi soleil ce jour-là. Un soleil blanc, aveuglant, un soleil d'hiver. J'étais sortis des cours un peu plus tôt et tu m'attendais, pressé de m'abrutir de tes remarques -j 'suis pas content, t'as raté ton 6ème saut! Par contre le 3ème était pas mal, j'ai dit pas mal, t'as encore des progrès à faire petit con, ils vont te virer sinon! - Ouais, je me rappelle que tu aimais bien me regarder danser. Et j'aimais ça aussi. J'avais l'impression d'exister, réellement je veux dire. Tout mon corps n'était plus qu'un mouvement pur, je me fondais dans la musique, effleurant du bout des doigts l'Unité, tu sais le truc dont ils parlent dans le Tao. Tu te moquais de moi quand je t'en parlais mais c'était vrai. C'était un sentiment de plénitude.. indescriptible. Pas plus fort qu'un orgasme, mais plus profond, plus véritable. C'est pour ça que j'aimais danser.. Danser pour exister et s'oublier.. Paradoxe primordial. Ouais, on était heureux à cette époque, toi et moi. Mais ça n'a pas duré.
Alors que nous parlions tranquillement, Ils sont arrivé. Ils ont tout cassé. Ils ont craché sur nos rêves, ils les ont violés, ils les ont cramés.
Ils sont cinq, ont des battes. On est deux, sans rien. Ils nous maitrisent sans difficulté. Goût métallique du sang dans la bouche, je suffoque mais ils m'écrasent un peu plus la face contre la neige glacée. Leurs pieds viennent délicatement chatouiller mes côtes, en cassant une ou deux au passage.

“ Alors, пидорас [tarlouze], tu veux pas nous faire une pipe? Ou t'es celui qui fait le mâle? En fait c'est l'autre salope qui joue le rôle de ta copine, c'est ça? ”

Rires gras. Nouveaux coups. Riez bande de cons, mon père va vous buter quand il saura. Ouais, riez tant que vous le pouvez.

“ Hey, Dimitri, le vieux a dit qu'on pouvait faire ce qu'on voulait non? Pourquoi on irait pas au hangar? On pourrait s'amuser tranquillement.

- Hahaha, ouais, c'est une bonne idée. M'est d'avis que les tapettes bandent déjà en imaginant ce qu'elles vont prendre. ”

Mon estomac se serre en les entendant. Le vieux? De qui ils parlent? C'est quoi cette блядский [putain] d'embrouille? C'est qui ces mecs? On a rien fait bordel! Je me tourne tant bien que mal vers Yuri, fixant ses yeux bleus, essayant de le rassurer par télépathie. Mais la peur hante ses yeux glacés. Chiale pas, ils vont adorer. Ne leur offre pas ce plaisir, soit fort. Pourtant, je suis aussi terrifié que lui. Pas le temps de réfléchir, un coup bien placé me faire perdre connaissance.

............ BLACK OUT ............

Je sens l'odeur avant la douleur. L'odeur de la chair qui brûle. Un de ces connards est entrain d'éteindre son mégot sur mon avant bras. Je hurle.

“ Du calme, гомосек [tapette], c'est bientôt ton tour.”

Mon tour? On est où? Il fait sombre, j'ai mal au crâne, si mal, je ne vois rien... Il y a un corps par terre.. Un corps aux cheveux blonds... Yuri?! Merde.. Y'a du sang partout.. Qu'est-ce qu'il lui ont fait?! Un des hommes s'approche de lui et attrape sa tignasse claire, le forçant à se relever. Son visage n'est plus qu'un tas de chairs sanglantes, tout comme son corps.

“ Hey, les mecs, vous croyez que ça rentre, une batte? ”

Ils se regardent. Et éclatent de rire. Je ferme les yeux, je ne veux pas voir, je ne veux pas voir, je ne veux pas entendre, je veux partir, loin, loin. Mais « Dimitri » ne me fera pas ce plaisir. Il veut que je profite pleinement du spectacle.. Il me force à ouvrir les yeux, à regarder, encore et encore. Une bile amère remonte le long de mon œsophage, envahissant ma bouche. Je tente de la retenir entre mes lèvres, mais c'est peine perdue. Je me vomis lamentablement dessus. Ce qui ne manque pas de faire rire de nouveau nos hôtes. Mon amour n'a même plus la force de cracher sa douleur, il s'est évanouit.

“ C'est bon les gars, lâchez-moi cette loque, c'est au tour du fils du patron maintenant. Vous vous souvenez de ce qu'il a dit? « Détruisez cette chose qui fut un jour mon fils. » Méchant le paternel non? ”

Et le monde s'effondre. Papa, papa... Comment as-tu pu..? Comment..? Et pourquoi? Toi qui disais que je te rapellais l'unique amour de ta vie... Toi qui disais que ce n'était pas grave que je sois différent.. Toi qui disais que tu m'aimais.. Mensonges?

Yuri n'a pas survécu. Moi si, allez savoir comment. Ou plutôt pourquoi. Surement pour pouvoir t'infliger ce que tu m'as infligé, Papa. Après plusieurs mois de rééducation dans un vieil hôpital moscovite, j'ai pu marcher de nouveau. Mais jamais plus je ne pourrais danser. Tout ça parce que tu étais un блядский [putain] d'homophobe. Mais tu allais payer. Tu avais dévoré mon bonheur, j'allais faire de même pour le tien. «Si malheur arrive, tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. » La loi du Talion était désormais mienne.

Je me suis donc enfuit de ma prison, profitant du nombre réduit d'infirmières. Il ne me fut pas difficile de pénétrer de nouveau dans notre ancienne demeure, tu n'avais même pas changé les codes. Pauvre con.
Je marchai lentement jusqu'à ta chambre et te contemplai un instant dormir. Si tu savais comme j'ai eu envie de te tuer à cet instant... De voir ta sale face exploser sur le parquet en teck, ton sang éclabousser tes précieux tableaux, délicatement suspendus aux murs.. Mais je me suis contenté de t'assommer, histoire de pouvoir t'attacher tranquillement. J'ai trainé ton corps jusqu'au jardin, t'installant sur une chaise pour que tu aies une vue imprenable sur la baie vitrée de ton bureau. Je t'ai donné plusieurs claques pour te réveiller. Et je t'ai tout expliqué. Je t'ai expliqué en détails ce que j'allais faire, mais aussi pourquoi j'allais le faire. Même si je me doutais que tu avais deviné. Je suis ensuite retourné à l'intérieur, allant m'occuper de ta nouvelle femme et de votre fille. Je n'avais jamais pu me l'encadrer. Ses manières prétentieuses me donnaient des envies de meurtres, mais je l'avais supportée, pour toi. Quant à Klara, je l'aimais bien. Mais des innocents devaient parfois être sacrifiés pour de grandes causes, dommages collatéraux comme on dit.
Je trainai leurs deux corps inconscients dans ton bureau, les déshabillant toutes deux avant de les attacher en face de la baie vitrée, pour que tu contemple bien le spectacle. Puis je me rendis au garage et en ressortis avec un bidon d'essence, entreprenant d'en arroser soigneusement les pièces de la maison. Je finit par revenir vers tes deux Précieuses, ma réserve de mort liquide à la main. Tu vois, Papa, moi aussi je peux être méchant.
Elles hurlèrent en sentant le carburant descendre le long de leurs nuques, trempant leurs cheveux, leurs corps, les noyant sous son flot asphyxiant. Je versai sur leurs têtes tout le contenu du bidon, jusqu'à la dernière goutte. Je tirai ensuite un paquet d'allumette de ma poche et en craquai une, la jetant négligemment au sol. Et puis je sortis, éteignant la lumière pour te rejoindre dehors et profiter du spectacle avec toi, Papa.

the end - thank you for your reading!

ΔΕΜ' 17' Assez fréquente (: *In love du contexte*