♦ Aéroport de Londres & de Moscou
♦ Ash, Noé, Police
♦ Arrêté par la police et confié à interpole, Ash est en attende à l'aéroport de Londres pour être rapatrié en Russie où il sera jugé. Noé a été prévenu de la situation via les journaux télévisés et la presse écrite.

Le policier sans aucune douceur, fait s'assoir Alexander sur son siège, ce dernier est menotté. Les autres passager ne font pas tarder à arriver. Isolé à l'arrière de l'avion les deux hommes voit les hôtesse s'agiter pour les dernier préparatif. Le policier jette au jeune homme un regard de profond dégout, l'envie presque de cracher à la gueule de ce merdeux, de ce meurtrier.

« T'a vraiment la tête de l'emploi Leonov. N'empêche c'que t'as pus être con de te ramener au poste de police de Bristol. T'avais ta petite vie bien rodée là bas n'est c'pas, junky. Et ça va, t'abandonne pas une petite amie, enfin un plutôt. Au moins dis toi que celui là se sera pas fait crever par ton paternel, pédale. »

Ais-je précisé que ce cher policier était homophobe ?

Le choc du siècle : Ash, retrouvé, coffré, et expulsé pour meurtre, rendu à sa Russie natale. Lui qui voulait tant la revoir, c'était arrivé plus tôt que prévu. Je pose un mot sur le frigo, un petit post it coccinelle sur lequel j'avais écris à Tabbie la raison de ma future disparition. Bibie-chat-ma-raclure-de-bidet [private joke] je suis en Russie pour un moment. Je te ramène une chapka. Xxx Noé. Elle comprendra. Je pense. Quoi que, si elle savait que je suis en train de me lancer dans un plan foireux pour retrouver un criminel, elle me séquestrerait dans l'appartement jusqu'à ce que mort s'en suive. Enfin plan. J'en avais aucun pour être honnête, on verrait ce qui me vient sur le coup.

Il y a toujours énormément de monde dans les aéroports. Même si je n'y avais jamais foutu les pieds, j'avais vu des photos. J'arrive enfin dans l'avion, cherchant ma place des yeux, mettant quelques secondes à me rendre compte du pourquoi je suis ici. Ash. Je relève la tête et l'aperçois. J'ai vu assez de films d'espionnage pour pas lui faire coucou. Juste un regard du genre t'inquiète, je suis là et je m'assieds tranquillement pour écouter l'hôtesse parler des gilets de secours.

Et voilà, c'était officiel, j'étais dans l'avion pour Moscou, tout ça à cause d'une putain d'histoire tordue. Pourquoi il avait fallu que tu crèves Eden? Pour couronner le tout, j'me retrouvais coincé avec un flic homophobe, qui n'arrêtait pas de me cracher à la gueule. T'as cru que j'avais eu le choix d'y aller à ton putain de poste de police? Quand ils sont venus fouiller l'ancien appart' d'Eden, je sortais juste de l'immeuble, forcement qu'ils m'ont embarqué. Pauvre con. Si tu savais comme je meurs d'envie de t'exploser la gueule, si j'avais pas ces putain de menottes, tu te marrerais moins. Mais je me la ferme, ne tenant pas à lui donner de quoi répliquer. J'vais passer au moins quatre heures en sa compagnie, ça promet.

L'hôtesse débite les banalités d'usage, la ceinture, les gilets de secours et... et.. Noé. Noé? Mon coeur rate un battement, c'est le manque qui me donne des hallucinations? Mais non, y'a qu'un seul Noé sur cette terre, et franchement tant mieux des fois j'me dis. Mais qu'est-ce qu'il fout là bordel?! Il m'adresse un petit clin d'oeil, comme si il voulait me rassurer, ouais, t'inquiètes pas, j'suis là, t'es sauvé. Je manque de m'étouffer, ayant une soudaine envie de me lever pour lui hurler de dégager. C'est la réalité, Noé, pas un putain de jeu ou de film. Casse-toi, casse-toi avant de faire un truc que tu regretteras. Je lui rend un regard noir, serrant les mâchoires.

Le connard de policer, appelons un chat un chat, était très occupé se curer le nez lorsqu'il sent son prisonnier sensiblement se crisper. Intrigué il jette un coup d'oeil alentour mais personne ne semble les avoir remarqués. Bah alors pourquil il s'agite cet idiot de pd ? Lui jetant un regard suspicieux il rappel d'une voix mauvaise.

« Détend toi, taffiole, tu va être de retour au pays et avec de la chance au goulag tu pourras enculer des husky, putain de Russe. Tous des barbares ces putains de trappeurs. Quoique, vu ta gueule de midinette tu dois plutôt être du genre à tendre le cul non ? J'suis sure qu'un psychopathe comme toi, en prison ils vont t'adorer. »

Satisfait de son petit effet le crétin se réinstalle dans son siège. Ça y est l'avion va décoller. " Vous désirez boire quoi ? " demandent cinq minutes plus tard les infirmière aux passagers.

Sur le coup, bien calé dans mon siège d'avion – et c'est la première fois que je le prends -, je me demande si cette fois, j'ai pas fait une connerie. C'est pas le coup du siècle en tout cas, parce qu'un avion en plein ciel, on peut pas vraiment s'en évader. Et j'avais pas de parachute. Ça se jouerait au moment de l'atterrissage, j'avais quelques heures pour réfléchir et prévenir Ash. Après … ben après on se prendrait pour Mallory et Mickey Knox, de natural born killer. Lui le tueur qui conduit, moi l'amoureux transi qui le suit bêtement.
Au regard qu'il me jette, j'sais qu'il m'a remarqué, et qu'il est forcément emballé par ma présence. Pourquoi ça ne lui fait pas plaisir ? J'me sent comme un héros d'un film à l'eau de rose. Bref, l'hôtesse a terminé son speech et je me lève, direction les toilettes. Allez, fait semblant d'avoir mal au ventre, quelque chose …

Je sais pas ce qu'il espère en venant dans ce putain d'avion mais surement pas me sortir de là... C'est quoi ce vieux trip Noé? T'as pris des champignons cette fois et tu t'es dit que ce serait amusant de m'aider à m'évader? Il se lève soudain, allant aux toilettes. Je jette un oeil au flic qui me surveille, ou du moins qui est censé car présentement, l'hôtesse l'interesse plus que mon cas. Profitant qu'il soit concentré sur le soutif de la blonde, je me lève discretement et rase le mur, allant jusqu'aux toilettes.

Je frappe discretement à la porte pour qu'il m'ouvre, rentrant rapidement dans l'étroite cabine avant qu'une hôtesse ne nous voie.

« Mais t'es malade?! Qu'est ce que tu fous dans ce PUTAIN d'avion?! »

Pas vraiment le temps pour les politesses là. Si l'autre remarque que je ne suis plus à ma place, il va retourner toutes les valises pour me retrouver. J'suis un dangereux psychopathe tout de même, j'pourrais agresser un gosse pour lui voler sa sucette.

Je suis quand même super doué : trouver l'avion dans lequel Ash partait, trouver le dernier billet en vente sur internet, partir avec un simple sac à dos, m'asseoir à quelques sièges de lui et lui parler dans les toilettes. Digne d'un double zéro sept, y a pas à redire. Je suis tellement concentré sur ma mission que j'en oublie d'avoir peur de l'avion. Quelques secondes passent et la porte des toilettes fini par s'ouvrir sur le blond, qui m'engueule presque de venir à son secours. Mais quel ingrat !

"je suis venu te sauver du Goulag. Tu rentres avec moi."

Phrase prononcé avec une tonne d'espoir dans les yeux, mais sans aucune ébauche de plan derrière. J'allais pas lui répondre qu'en fait, je ne savais pas du tout pourquoi j'étais dans cet avion ...

Je ferme les yeux et m'appuie un instant contre le mur, me passant une main lasse sur le visage. On ne s'énerve pas plus, on reste calme, on évite de faire trop de bruit. Et de commettre un meurtre à 6000 mètres d'altitude. Me plantant en face de lui, je l'attrape par le col et le plaque un peu plus contre le mur de la cabine, ne resistant pas longtemps à la colère qui m'envahie.

« Me sauver du goulag hein? Reviens sur terre, Noé, ça fait longtemps que ça n'existe plus. C'est gentil d'être passé me faire un petit coucou mais ta place est à Bristol, pas dans ce PUTAIN d'avion. »

Si je le répète encore une fois, il va peut-être finir par comprendre? Je le fixe un instant dans les yeux avant de détourner le regard, gêné. Qu'il aille se faire foutre.. Même dans une situation aussi merdique que celle-là, il arrive à me faire oublier le reste. Je n'ai plus qu'une envie, c'est de l'embrasser.

J'pensais qu'il serait content, au moins de me voir, mais non, le premier truc qu'il fait, c'est gueuler. Enfin gueuler c'est un bien grand mot ... C'est plus un savon passé en sourdine. En même temps, dans notre petite cabine là, s'il se mettait à hurler comme d'habitude, tout l'avion pourrait en profiter.
Ash m'attrape par le col et me plaque contre la parois. Non c'était pas très intelligent, et vachement risqué aussi mais bon, je l'ai fais quand même.

"Toi qui disait que tu voulais me montrer la Russie..."

Ash fini par me lâcher et je me mords la lèvre inférieure, sourcils froncés, une incroyable envie de lui coller le poing sur la joue.

"Qui m'attends à Bristol hein ? Mais si tu préfères ouais, j'me prends un billet de retour une fois arrivé."

En entendant son ton acerbe, j'me rend soudain compte que j'ai eu tort de lui parler comme ça. Il veut juste m'aider, même si je ne vois pas tout à fait comment... Mais si il a un beretta caché dans la poche, la donne serait sensiblement différente. Levant de nouveaux les yeux vers lui, je murmure, tout bas.

« Excuse moi... Je.. ne voulais pas dire ça. Mais je suis un peu à cran là... Et me fait pas croire que personne ne t'attend à Bristol, j'suis sur que tu connais pas mal d'ukrainniennes, blondes, qui désirent perfectionner leur anglais...»

Private joke pour détendre l'atmosphère..? Ou essayer du moins. J'ai toujours autant de mal à lui faire des excuses... crédibles. Me relevant, je reviens contre lui, l'embrassant cette fois, sans lui laisser vraiment le choix. Me prendre son poing dans la gueule ne m'étonnerait même pas...

Je sais bien qu'on a pas beaucoup de temps là, qu'il va devoir retourner s'asseoir à côté du gros flic dans quelques minutes, et qu'on devra attendre la fin du voyage pour ne serait ce qu'échanger un regard. Je pouvais juste pas imaginer Ash en prison, là bas dans le blizzard, pendant que moi je posais les pieds sur ma table basse en zappant de chaîne en chaîne.
Ash finit par se calmer. De toute façon, on a pas vraiment la place de se battre là. Ça me fait toujours cette sensation bizarre quand je l'entends essayer de s'excuser. Mais c'est toujours mieux que rien non ? Le baiser en plus.

« Non, en fait ça fait longtemps que j'avais prévu ce voyage. C'est juste le hasard, pas pour tes beaux yeux. »

Je pose ma main sur sa nuque, mon front contre le sien.

« Je sais pas comment on va se démerder, mais c'est hors de question que je rentre sans toi. »

Il ouvre un oeil la tafiole n'est plus là. Panique à bord s'il l'a paumé il va se faire déchiqueter. Il se détache se relevant rapidement pour scanner les passagers. Queue au niveau des toilettes... Putain ce petit merdeux serait pas entrain de se suicider ?! Il se précipité, sort son badge en poussant les gens. Arriver devant la porte il y cogne violemment.

« Sort de là Leonov ! Immédiatement ou je te fais sauter la cervelle ! Et vous la allez donc voir ailleurs si j'y suis ! Cassez vous ! »

Nouveau coup porté contre la porte, celle-ci tremble et ploie mais voyant la plaque de police personne n'ose rien dire et s'éloigne.

Le hasard hein? Il fait parfois bien les choses.. ou presque. Je sais pas ce qui m'emmerdait le plus, aller en taule ou savoir que Noé referait sa vie ailleurs. Il a beau dire, il me sortira pas de là, j'suis condamné, mieux vaut se faire à cette idée.

Alors que je vais pour répliquer que non, il ne pourra pas me ramener dans sa valise, on entend soudain le flic hurler et cogner contre la porte. Merde. Manquait plus que ça.

« On fait quoi maintenant? Tu me caches sous ta jupe? Il va pas pouvoir se tenir si il découvre que j'tais pas seul dans les chiottes. Ils m'ont foutu un homophobe sur le dos...»

La paix ne dure que quelques secondes avant que le flic qui gardait Ash ne se ramène pour tambouriner à la porte. Ma mâchoire se contracte instinctivement au son de sa voix. Utiliser un flingue dans un avion ... il en avait d'autres des idées dans ce genre là ? Ouais, il aurait Ash, mais il aurait le reste de l'avion avec si jamais il se loupait d'un tir. Je jette un bref coup d'oeil à la cabine, cherchant l'idée miraculeuse. On est à des dizaines de mètres du sol, dans une mini cabine. Quand j'étais môme, j'étais le roi de cache cache, aujourd'hui, c'était pas dit que j'arrive à m'en sortir.

« Faut pas qu'il sache qu'on est ensemble... Met moi un coup, fais comme si c'était une prise d'otage. Il te tirera pas dessus, de toute façon, s'il tire, on est tous mort, lui compris. »

Une prise d'otage? Bordel, c'est quoi cette idée? T'as pas une autre solution Noé, celle-ci me paraît... comment dire... Conne? Stupide? Putain de situation de merde.

« Une prise d'otage dans des chiottes? Pourquoi t'aurais pas fermé à clé? Et avec mes menottes.. J'peux pas faire grand chose.. Tu veux pas jouer le touriste malade, qui ne parle pas un mot d'anglais? »

Reste à savoir si mon garde du corps est assez con pour gober ces conneries.. Et Noé assez fin pour la lui faire doucement avaler. Sinon.. sinon... Je n'ai plus qu'à me rendre sans résistance, depuis le départ cette foutue histoire était une connerie. J'aurais jamais du venir là, j'le met en danger pour rien.

En Russie, on ne doit pas disposer de cinémas. Sinon, Ash aurait tout de suite fait le rapprochement avec Star Wars épisode quatre, quand le faucon millenium se fait happer par le rayon tracteur et que l'équipe se retrouve piégée dans la station mère. Han Solo et Luke se déguise, et réussissent à tromper l'ennemi. Si Ash fait semblant de m'avoir coincé dans les toilettes, passe ses mains autours de mon cou pour faire semblant de m'étrangler, alors le flic ne pensera pas un seul instant qu'on est ensemble. Et on mettra en place une procédure d'atterrissage forcé pour s'enfuir.
Mais comme d'habitude, mônsieur a une meilleure idée. Maladie ...

« Moi je fais le malade et toi tu fais le criminel qui vient au secours du patient ? »

Je fronce deux secondes les sourcils, mais fini par m'accroupir près des toilettes.

« On va dire que tu me files la gerbe. Et que j'suis ukrainien, pour justifier ta présence. »

Il frappe un nouveaux coup à la porte, et celle-ci ploie de plus en plus. Sa colère augmente autant que l'idée que cet abrutie aurait aussi put tenter de se suicider. Et ça, c'est pas bon pour son grade.

« Leonov, espèce de tantouse il te reste 5 secondes pour sortir de là sinon je te fait définitivement sauter la cervelle ! SORT DE LÀ ! VOUS ! Vous devez bien avoir une clef de secourt non ? Allez là chercher il s'agit d'un dangereux psychopathe à l'intérieur ! »

L'hotesse revient catastrophée lui apportant la clef. Il s'empresse d'ouvrir la porte. Et ce qu'il découvre ne lui plait pas du tout. Leonov debout un un mec à genoux tourné vers lui ! Direct il chope le russe et le tire vers lui avec brutalité. Bloquant le blond un bras sous la gorge, l'étouffant à moitié, il sourit rassurant à Noé.

« Tout va bien jeune homme, cette immondice ne vous ferra plus rien. »

Ouais, bon notre "plan" n'est pas vraiment au point.. Putain, pourquoi t'es pas un génie sorti de la NASA, Noé? Pourquoi t'as pas réfléchi trente secondes avant de monter dans ce putain d'avion?! C'est au moins la centième fois que j'me fais cette réflexion et ça fait pas vraiment avancer les choses.. Alors que je vais pour lui dire qu'on laisse tomber, que de toute façon, le flic n'en croira pas un mot, la porte s'ouvre à la volée et le-dit flic me choppe et m'entraine hors de la cabine. Les insultes qu'il profère à mon encontre sont en bonus, ce serait dommage de se priver de ce plaisir... J'me débat comme je peux, essayant de désserrer un peu son emprise qui m'étouffe légérement.

« Putain mais lâche-moi ducon! J'ai rien fait! »

Au lieu de me relâcher, il me serre un peu plus encore, histoire que j'arrive à Moscou dans un cercueil... Plus pratique à transporter remarque, moins bruyant, moins de risques de fuite. J'tente de faire des signes à Noé pour qu'il raconte notre pseudo-histoire, que l'autre abruti ne pense pas que j'tais en train de le découper en morceau dans les chiottes... Mais va t-il comprendre?

Le flic qui frappe à la porte des toilettes, ça commence sérieusement à me stresser. Des coups répétés, la porte qui tremble, on se croirait en plein dans un film d'horreur. Et si c'est pas un film d'horreur, on tire sur le film d'aventure et d'action, ce qui me fait monter en pique l'adrénaline. J'vais vraiment gerber à force, comme ça il croira d'autant plus à notre histoire à deux balles.
Le flic fini par rentrer une fois un de mes genoux posé à terre. Il attrape brutalement Ash et le tire en arrière, lui sortant une salve d'insulte avant de me dire de ne plus m'inquiéter. Tu parles, j'aurais plus à m'inquiéter de toi gros lard que de lui. Je mord ma lèvre inférieure avant de me relever, chancelant. Ca me fait du mal de le voir maltraiter Ash, mais j'peux rien y faire. Mes yeux font l'allez retour flic/ash. Notre plan ... notre plan c'était ... que j'étais un étranger malade qui comprenait pas la langue. D'nue voix tremblante, une main sur l'estomac, je commence à m'adresser au flic.

« Oro nioshmi. Akira no kemoushka ... temouark. »

Il met quelque seconde à comprendre avant de relâche, légèrement sa prise sur Ash. Le foutant sur le côté il jète un regard compatissant ridicule à Noé avant d'obliger le blond à retourner s'assoir. Il s'installe juste après, avalant un peu de son verre de scotch.

" Tu bouges plus de là Leonov, de tout le voyage. Mademoiselle, le jeune homme au toilette est malade. "

L'hotesse qui passait le remercie à peine d'un regard plein de dégout et file voir Noé. Faut dire que des toilettes plein de gerbe à nettoyer, elle est pas trop trop motivée. Plus que 3h les amis, après, il faudra passer la douane.

Putain, Noé qui essaye d'imiter... quoi en fait...? Un semblant d'ukrainien? J'me suis retenu de rire. Vraiment. Heuresement, le flic a l'air aussi doué que lui en langue étrangère et ça passe sans problème, il ne se pose pas de question sur lui. J'crois que j'aurais légérement culpabilisé si il s'était fait arrêter par l'autre con, si il avait compris qu'on se connaissait avant de monter dans ce vol. Le fait de se retrouver dans le même avion, allant à Moscou tout deux alors que je venais juste d'être arrêter faisait légérement.. suspect? Ouais, encore fallait-il y réfléchir un minimum. Capacité que le flic ne semblait pas posséder. Il me ramène sans ménagement jusqu'à ma place, me crachant dessus... pour changer.

Il previent une hôtesse que Noé est malade dans les chiottes et j'espère pour lui qu'elle ne va pas lui parler en ukrainien, il va rien comprendre.. Sa couverture de touriste rentrant au pays ne tiendrait pas longtemps. Le connaissant, vaut mieux pas qu'il commence à parler au flic en anglais, il serait capable de balancer -par erreur- qu'il a l'intention de me kidnapper pour aller éléver des huskys à Mourmansk...

Les conditions auraient été différentes, le fait d'essayer de parler une autre langue m'aurait fait mourir de rire. C'était quoi cette vieille tentative ? Un mélange entre le russe, le japonais, de l'italien, du français et toutes les conneries qui me tombaient sous la main. Mes yeux parcouraient un peu tous les recoins pour chercher la marque du lavabos et la mixer avec l'interdiction de fumer en espagnol. Kaiser Soze, c'est moi. Et rien que de penser à Kaiser, ça me donne envie de rire. Que le flic gobe le truc encore plus d'ailleurs. Mais qu'il emmène Ash en le maltraitant déjà moins. Dire qu'il y a deux bons mois, j'aurais été aux anges qu'on le foute au Goulag.

Une hôtesse s'approche de moi, et commence à me parler dans la langue bizarre d'Ash. Merde. Je toussote un peu, me redresse en posant la main sur mon thorax, en continuant de tousser. De l'autre main, je lui présente ma paume en signe d'excuse et un petit sourire. Elle hoche la tête, un sourire compatissant, et sûrement soulagée de voir que je n'avais pas vomis partout, juste une quinte de toux. Et elle me laisse repartir vers ma place. Arrivé à hauteur du flic, je lui déroche un sourire et un hochement de tête. Merci monsieur de m'avoir sauvé du criminel. Comme une lettre à la poste. Le Noé, il est pas si con que ça au final.

Le vilain policier il s'endort un moment, le temps qu'on redescende des nuages. Il est rassuré d'avoir sauvé un honnête citoyen. Et quand les roues touchent le tarmaque il se relève en sursaut, fou un coup de coude à Ash pour le principe. L'avions se vide, ils sortent en dernier. Pas de bagages mais les autorités russes à retrouvés. Des barbares mal-polis, cependant enculé d'homophobe doit pisser. Alors il fait un détour, laisse Ash à la surveillance d'un jeune homme qu'il paie et court dans une cabine. On peux pas perdre quelqu'un pour 40 secondes assis sur un siège en email.

Finalement il ne se passe rien, Noé va tranquillement s'assoir et le flic s'endort. J'hésite à chopper une veste et à l'étouffer dans son sommeil avec.. C'pas l'envie qui m'en manque. Mais j'me retiens, histoire de pas aggraver un peu plus ma sitaution avec une tentative de meurtre...

Les heures passent lentement, j'me fais chier, je jette un regard à Noé mais il semble absorbé dans la lecture d'une BD -en russe- qu'une l'hôtesse lui a fournit. J'sais pas si il capte quelque chose mais ça a l'air de lui plaire, il lâche un petit éclat de rire toute les cinq minutes. Les images doivent être tordantes. Gamin.

On finit enfin par atterir et aprés quelques minutes d'attente, nous descendons. Voilà, l'avion n'a pas explosé en vol, on s'est pas fait détourner par des terroristes, non, le meurtrier psycopathe est arrivé à destination. J'vais crever dans une prison russe et Noé ne pourra rien y faire, j'sais pas ce qu'il espérait en venant ici.. Le flic s'agite soudain et me serre un peu plus fort le bras, m'entrainant vers le type de l'acceuil. Il a envie de pisser. Il fait de grand gestes au mec pour lui faire comprendre qu'il doit me garder le temps qu'il s'absente.. Mais ses dollars parlent mieux que lui. Putain j'y crois pas, il va pas me laisser là, en compagnie d'un parfait inconnu..? Mais si. Le con. M'assurant qu'il est bien parti, j'commence à baratiner le type en russe, essayant de lui faire comprendre que j'ai été arrêté par erreur, que j'ai des amis haut-placés qui veulent me récupérer... D'ailleurs, ils ont même envoyé un agent sur place pour pallier cet incident diplomatique.. J'lui fait comprendre qu'il peut y avoir un peu plus d'argent à la clé si jamais il accepte de me laisser partir tranquilement, sans faire d'histoire.. Putain, Noé, t'es où? Et surtout, t'as combien sur toi?

Heureusement que l'hôtesse m'a vite lâché la grappe, je ne sais vraiment pas comment j'aurais pu me démerder si elle avait continué à me parler dans sa langue de débile. Au lieu de ça, elle m'a mis une bande dessinée entre les mains, histoire de patienter un peu. Elle aurait pu me filer un carnet de coloriages tant qu'elle y était. Enfin ça fait quand même passer le temps de regarder ses images : les russes parlent par rébus avec leurs logos bizarres.

Quand l'avion se pose, je fais partit des premier à sortir, commençant à ressentir une espèce d'angoisse : je suis arrivé en Russie. En Russie, moi qui n'avait jamais quitté l'Angleterre. Comme ça, avec juste un sac à dos - oui, c'est maintenant qu'elle arrive cette frayeur -. L'amour donne peut être des ailes mais là, j'ai plus l'impression que je vais faire une crise d'apoplexie. Bon, faut que je me concentre sur Ash, sinon je vais mourir sur place. Le flic s'en va, laisse Ash à un inconnu, et je vois se dernier commencer à taper la discut' à son nouveau gardien. Je regarde un peu partout autours de moi, histoire de trouver un truc. Là bas, près des toilettes, il y a une espèce de casquette de policier russe. J'allonge le pas pour la mettre sur ma tête et revient vers Ash. Et maintenant ? Je lui raconte dans un anglais parfait que l'armée rouge vient réquisitionner Ash ? J'ai des images débiles qui me tournent dans la tête. A leur auteur, je pose ma main sur l'épaule de l'inconnu qui semble se liquéfier sur place à cause de ma casquette. « Leonov ? » Je me tourne de nouveau vers le petit mec, glisse quelques billets dans sa poche. « Spasibo. » - j'ai des mini bases, et encore - J'attrape le bras d'Ash pour l'emmener dehors. « Ça me fait une gueule de nazi. »