J'ai toujours pensé que ma famille était intouchable. Le malheur ne pouvait pas nous atteindre, comme stoppé par une barrière invisible qui nous protégeait de tous les dangers existants. Nous étions comme étrangers au quotidien des autres. De toute mon enfance, je ne me souviens pas avoir été contrarié par une probable séparation entre mes parents, ou le moindre soucis financier. Représentants la famille parfaite, correspondants aux clichés les plus niais, Tennessee et moi n'aurions jamais pensé grandir différemment.

I

« Les États-Unis d'Amérique sont en pleine période de crise. Un terrible drame vient de se produire à Manhattan. Quatre avions ont été détournés par des terroristes. Parmi eux, deux se sont écrasés sur les deux tours jumelles du World Trade Center. Les avions étaient remplis de passagers innocents qui ont périt à cause de ces terroristes. Les gens sont dehors en train de pleurer le décès de leur proche. Les lieux ne ressemblent plus à rien, tout est dévasté. D'après des sources sûres, Al-Qaida aurait mit en œuvre cette opération-suicide. Nous comptons actuellement plus de deux milles morts et plus de cinq milles blessés. Les forces de la police ainsi que les pompiers sont sur place afin d'aider les survivants et de retrouver tous les cadavres. L'Amérique rentre aujourd'hui dans une terrible épreuve qui sera dure à surmonter. Des listes ont été mises à disposition dans toutes les mairies afin que vous puissiez vérifier l'état de vos proches. Toutes nos condoléances si certains on perdu des proches dans cet affreux attentat. » annonce la présentatrice TV alors qu'elle pleure. En arrière-plan, on peut voir des gens au sol en train d'agoniser. L'air ne semble plus pur du tout, à cause de la fumée et des gigantesques flammes. On peut entendre des cris et des gens qui hurlent tout en se vidant de leurs larmes. Ils semblent mourir tous un peu plus, même si ils n'ont pas été blessés par l'attentat. Moi, je pleure aussi tout en serrant ma cadette dans mes bras. J'ignore pour les perles dégringolent de mes yeux, mais c'est le cas. Tennessee a les yeux éberlués et la bouche bée devant les images diffusées sur la chaîne nationale. Des pensées sordides assaillent mon esprit. A treize ans, on commence à comprendre de nombreuses choses. Papa me répète sans cesse que ma crise d'adolescence se prépare sévèrement. A ce qu'il dit, j'ai changé depuis quelques mois, mais moi je ne vois pas en quoi. Nos parents sont partis en voyage à Paris pour leur anniversaire de mariage. Du coup, une gouvernante est venue pour nous surveiller durant leur absence. Au départ, j'ai été vexé. Vexé de ne pas rester seul avec ma Tennessee. J'ai treize ans et je pense être assez grand pour m'occuper de nous deux. Mais maman n'a jamais été d'accord avec ça. Soudain, toutes mes drôles d'idées se mettent en place tandis que je me lève brutalement du sofa. Tennessee se demande qu'est ce que je fabrique, mais je ne réponds pas à sa question. Je panique et perds peu à peu mes moyens. Je commence à farfouiller dans tous les placards et tiroirs du salon. Même la gouvernante, d'un naturel plutôt calme, s'affole à cause de mon comportement. « Jayden, calme toi ! Mais que fais-tu ?! » s'exclame-t-elle, très inquiète. Je n'ai pas le temps de répondre. Cependant, je vide les endroits de leur contenu, feuilles, bibelots, dossiers de boulot,... Synchroniquement, les flots de larmes inondent mes joues d'enfant. C'est enfin que je trouve le téléphone que maman m'a laissé en cas de problème. Mes amis ont beau déjà avoir un téléphone portable, ce n'est pas mon cas. Elle m'avait donc légué cet appareil pour que Tennessee et moi puissions les appeler en cas de soucis ou de besoin. Maman a toujours eut ce sens pratique, et je le vérifie lorsque je vois que le dernier numéro enregistré est le sien. Je ne parviens qu'à entendre la tonalité de la ligne. Maman ne décroche pas, et moi je commence à comprendre la gravité des choses. Maman comme papa ont toujours leur portables sur eux. Mais là, aucun des deux ne répond à mes appels. Mes larmes se stoppent, comme insensible à ce terrible drame. « On doit aller voir les listes à la Mairie. Papa et maman ne répondent pas. » je lâche sans émotion quelconque. La gouvernante dont je ne connais même pas le prénom, tente de me rassurer en me disant que c'est sûrement un malentendu et qu'une telle situation est improbable. Mais dans ma tête, je suis déjà convaincu que mes parents sont morts.

II

Cela fait un mois environ que papa et maman nous ont quittés. Ce sont les adultes de l'orphelinat qui me disent de parler de cette façon. Ils pensent que comme ça, je ne ferais pas plus de peine à Tennessee. Moi, j'ai compris et même si ça me fait autant de peine qu'à elle. Je sais juste que je ne peux rien y faire, c'est comme ça. Tennessee, elle, refuse d'y croire. Je pense qu'elle s'attend à les voir arriver à l'orphelinat pour nous récupérer. Mais ils sont morts et cela n'arrivera pas. Tous les adultes pensent que ma sœur à un problème. Mais je suis sûr que ce n'est pas vrai. Tennessee a toujours été normale et sans problème. Elle est juste très triste à cause de la mort de papa et maman. Cependant, ils refusent tous de me croire. Toutes les nuits, elle pleure en appelant les parents. A chaque fois, je tente d'aller la voir pour la rassurer, mais ils m'en empêche. Alors ils ferment sa porte à double tour et moi je regarde par la petite fenêtre. Ils lui donnent toujours les mêmes médicaments qui la font dormir durant des heures. J'ai envie de leur dire d'arrêter de la laisser tranquille mais ça ne sert à rien. Hier, ils ont dit qu'ils pensaient à la mettre dans un hôpital psychiatrique pour son bien. Je sais qu'ils la prennent pour une folle, une détraquée, mais c'est faux. Dans ce cas là, j'en suis un moi aussi car Tennessee c'est ma petite sœur et que nos parents disaient toujours que nous étions identiques. Je ne vois pas pourquoi cela aurait changé. Ils disent même que papa ou maman devait être un peu fou aussi. Mais ils ne les connaissaient pas alors ils ne peuvent pas dire une chose pareille. Moi je sais parfaitement que personne dans ma famille n'est fou et personne ne mérite d'aller dans un hôpital psychiatrique. En plus, je ne veux pas qu'ils me séparent de ma Tennessee. Mais j'aimerais aussi qu'elle arrête d'avoir peur et qu'elle arrêter de pleurer et de hurler la nuit. Ils ont aussi dit qu'elle ne guérira jamais. Est-ce que ça veut dire qu'elle va mourir aussi ?! Il ne faut pas. Je ne veux pas qu'on soit séparés. J'ai fais une promesse quand j'ai appris que nos parents étaient morts. Je me suis juré de toujours m'occuper de Tennessee, quoi qu'il arrive. Malade ou pas, je dois l'aider.

III

Hier j'ai kidnappé Tennessee. Je ne supportais plus de la voir déprimée à cause de leurs surdosages en BZD en restant enfermée dans cet hôpital macabre. Ces médicaments n'ont fait qu'empirer son état. En effet, cela a fait effacer toutes sa mémoire, excepté ces cinq dernières années. Mais tous nos souvenir joyeux ont été détruits. Le jour où je m'en suis aperçus, je crois avoir pleuré toutes les larmes de mon corps. Ma petite protégée avait oublié tous la plupart de nos fous-rires, nos engueulades, tout. Elle était mal dans cette prison et j'ai simplement voulut la sauver. J'ai toujours dis que je ferais tout pour ma Tennesse. J'ai donc profité du changement de personnel de nuit. A onze heures, les infirmiers changeaient. Alors, j'ai pris la blouse d'un interne et me suis dirigé vers la chambre de ma sœur. Je me suis empressé de la mettre sur un brancard tout en prenant soin de ne pas la réveiller. Peu avant, j'avais même réussit à détourner quelques sédatifs. J'avais eut du mal à passer à l'accueil, l'infirmière me regardant d'un air intrigué. J'avais eut peur qu'elle ne me laisser pas partir, mais elle n'a rien dit. Par chance. Il y a trois jours, j'avais pris les deux premiers billets pour la première destination possible. C'était Bristol. Notre destin serait donc de vivre ensemble en Angleterre. Nous nous étions donc directement mis en route pour l'aéroport le plus proche. Cependant, personne ne m'avait dit qu'elle souffrait d'aviophobie. Et je n'aurais jamais pu m'en douter. A peine montés dans l'avion, Ten' commença à s'agripper au siège. Elle tremblait et pleurait à cause du stress et de la peur que l'engin lui apportait. J'ai donc pas hésité longtemps avant de choper une seringue remplie de sédatif. J'ai planté l'aiguille dans sa veine comme un véritable professionnel. Ce sont sûrement les années passées à me droguer via des shooteuses, qui me donnent une telle facilité à piquer dans les veines. Peu importe, je voyais ma douce blonde se détendre puis s'endormir peu à peu. La tête posée sur mon épaule, elle était dans les délicats bras de Morphée.
Nous sommes maintenant dans un appartement miteux de Bristol. Pour soulager ses pensées, je pique Tennessee, lui injectant de la drogue. Directement, son visage s'apaise. Cependant, il va quand même falloir que je songe à l'emmener à l'hôpital de la ville. Il faut se rendre à l'évidence, même si je l'aime plus que tout, je ne suis capable de la guérir...

IV

Je ne suis qu'un lâche. Je ne mérite même pas d'avoir une sœur comme Tennessee. Une fois encore, j'ai choisis la solution de facilité. A chaque fois que je vais la voir à l'hôpital psychiatrique de Bristol, je me ronge le sang de la laisser là. Mais la droguer à la maison n'était pas une meilleure solution. C'est facile pour Tennessee, elle a toujours onze ans, et j'en ai toujours treize. Elle est restée bloquée au décès de nos parents. J'ai tellement de mal à avancer lorsque je pense que ma raison de vivre ne me connaît qu'à moitié. Depuis notre arrivée en Angleterre, Tennessee a intensifier sa valeur à mes yeux. Je la voix comme quelque chose de fragile qu'il me faut protéger à tous prix. Mais c'est dur. J'ai tout arrêter pour lui accorder plus de temps. Ancien mordu de boxe, j'ai été contrains de tout stopper. Cependant, c'est un bon échappatoire lorsque je manque de péter un câble. Je suis devenu le pire drogué du monde. Je suis dépendant, et assez fière qui plus est. Héroïne, Cocaïne, Méthamphétamines,... Je couche à droite à gauche, toujours dans le but d'oublier ma Ten'. En vain, elle restera toujours dans mon esprit, elle et sa jolie tête blonde.