Les clés, un ticket de bus, et deux livres.
La téléphone nokia qui tient depuis dix ans, un porte-monnaie vide, un mascara et un bonnet noir en laine.
Une boite en carton avec des lettres de mon père, un sachet de pilules d'extasie, et des bouteilles vide, bien sur.

L'aube venait de se lever, il faisait encore noir dans les rues de Derby. Anishka avançait dans la pénombre, lentement, sans s'activer, c'était pas vraiment dans ses habitudes. En bouche, elle avait une cigarette. La marque lui était totalement inconnue, c'est pas ça qui l'importait. Elle l'avait piqué à une de ses conquêtes. Ani c'était une sacré femme, qui aimait les plaisirs de la vie, et surtout ceux de la chair. L'amour non. C'était pas le genre de fille de à tomber amoureuse, à vouloir être stable, toute sa vie partait dans tout les sens depuis sa naissance, elle aimait pas le stable. Enfin, elle connaissait pas. Ses talons cognèrent le sol, résonnant dans un grand silence. La ville semblait endormie. C'était bien. C'était beau. Il y avait de la fumée qui sortait de la bouche de la belle brune, elle s'amusait à faire une fontaine, il lui en fallait pas beaucoup. Elle arrivait devant une ancienne maison transformé en funérarium. La maison était rouge bordeaux, et comportait un étage. Ani balança sa cigarette sur le sol, l'écrasant habilement à l'aide de son pied droit. Elle poussa la porte et entra. Elle pénétra ensuite dans une pièce au fond du couloir. "Ani" La concernée se retourna, étant face à face avec un homme d'une cinquantaine d'année, avec des cernes en dessous des yeux. La jeune femme posa son sac, levant les yeux au ciel avant de dresser un sourire. "T'étais où hier ?" Demanda t-il, s'essayant les mains à l'aide d'un chiffon. Il allait pas la lâcher. Fallait pas lui en vouloir, Ani c'était une vraie plaie. Elle faisait du bon boulot, mais c'était un vrai boulet humain. "J'avais un mariage ... ma cousine ... Dorys." Habituellement, Anishka savait mentir. Mais là, elle était encore en train de décuver pour pouvoir sortir un truc potable de sa bouche. L'homme souffla. Il abandonnait. C'était même pas la peine de continuer de lui parler. Ani tourna alors les talons, reprenant son sac au passage. Elle aimait pas son métier. Elle aurait voulu être riche, et n'avoir rien à faire de ses journées. Mais sa mère était caissière et son père parti, alors elle était mal barrée. Elle avait aucune ambition la gamine, à part celle de se saouler ou de prendre des pilules pour ne pas s'ennuyer. Si elle continuait comme ça, elle allait pas avoir de vie, à part celle de mourir à trente ans. Et on est d'accord, la mort c'est pas une vie. "Et Ani, je te paye pas pour que tu loupes le travail, c'est la dernière fois." Anishka sourit. Il disait ça à chaque fois. Elle continuait quand même. C'était à peu le père qu'elle n'avait jamais eu, et elle, la fille qu'il n'avait jamais eu.

Anishka elle est belle, avec ses longs cheveux bruns ondulés, ses yeux bleus clairs, ses lèvres pulpeuses, son corps longilignes. Anishka le sait, et elle en profite. Elle aime les gens, et les plaisirs de la chair. A quoi bon vouloir se mettre en couple, partager sa vie merdique avec une autre personne pour la rendre moins merdique et entrainer l'autre vers le fond ? C'est de l'égoïsme ça. Ani, elle ne l'est pas. Elle prête bien volontiers son corps à un bel homme, ou une belle femme. Mais pas plus d'une fois, elle veut pas s'attacher, parce que sous ses airs de j'en ai rien à faire, c'est une humaine la gamine. Mais il y a toujours une exception à la règle, et cette exception c'est Patti. Patti et son sourire. Patti et son intelligence. Patti et son corps. Patti et sa façon de faire craquer la jeune femme. Anishka est sous son emprise. C'est la première fois que quelqu'un lui fait autant d'effet. C'est la première fois qu'elle a envie de ressentir quelque chose. C'est nouveau pour elle. Elle sait pas quoi faire. Elle a juste envie de se laisser aller, aller à la rencontre du corps doux et réconfortant de Patti. Ce qu'elle sait pas, c'est qu'elle a réussi à toucher le coeur de Patti. Faut dire que c'est une sentimentale celle-là. Elle le montre pas, avec ses airs d'être sure d'elle et de n'avoir besoin de personne, mais elle l'aime bien trop la petite. Elles sont belles ensembles, elles sont rayonnantes, elles vivent. Mais ces idiotes sont trop peureuses pour s'avouer quelque chose. L'amour, ça détruit tout. Les gens,les coeurs, les illusions. Mais bordel, qu'est-ce que c'est bon cette chose.