Des billets, un IPhone et des clés.
Des sachets vides.. ou remplies et des paquets de clopes.
De la poussière et des capotes.

Parfois on pose une question con, du genre "d'où tu viens". C'est facile à poser ce genre de question, difficile d'y répondre sans se replonger dans l'abîme de nos souvenirs. Je suis né à Varsovie, oui en Pologne, d'un père qui violente sa femme et d'une mère qui ne dit rien, où comment bien commencer sa vie. Mes parents ne s'étaient jamais aimé, même si j'ai toujours cru le contraire lorsque j'étais petit, ma maternelle je la pensais douce, mais forte, mais je m'étais trompé, la seule personne qu'elle avait toujours aimé était mon père, malheureusement. Comment vous conter mon histoire sans celle de mon frère. Il était tout le contraire de ma personne, il était le petit garçon parfait, sage et qui faisait jamais de bruit, moi j'en branlais pas une, et je m'en foutais, mon futur était déjà tout tracé tellement il n'avait pas d'avenir. Personnellement je faisais ce que je voulais, j'avais su gagner la confiance aveugle de mes parents. Le soir, on entendait les plaintes de notre mère et les insultes du père, quoi de mieux que des parents qui s'aiment, hein ? J'aurais à la limite préféré les entendre baiser. Et une nuit, tout à basculé, j'ai "poussé ma gueulante" comme on dit, je ne supportais plus ce que mon père faisait subir à notre mère, si elle ne disait rien. cela aurait continué encore et encore. Pour une fois, j'ai su le retenir, seulement je savais que ce n'était pas pour longtemps, sa respiration n'était plus qu'un râle sourd, annonçant la colère qui allait éclater, pas maintenant, mais surement plus tard lorsqu'on espérait qu'il en avait fini avec tout cela. Contre toute attente, il est partit, sans rien dire. Alors nous aussi, nous sommes partit, vous pensez bien qu'un changement de pays soudain, cela fait un gros choque à n'importe qui. Quatre ans qu'on habite ici maintenant et on s'est tous plus ou moins fait à cette vie. Je suis un animal nocturne, j'sors la nuit, j'dors le jours, et ça depuis mes dix-neuf ans. Jeune me direz vous ? Exact, mais j'm'en balance complet, ouais c'est ça, je suis un je m'en-foutiste, je me fout de tout et je trouve ça cool, j'aime avoir l'esprit libre, en général les gens aiment pas vraiment ça. Mais putain s'ils savaient à quel point ils me font rire, ces moralisateurs à trois sous. A vingt-six ans, je travail dans l'illégalité, ça non plus ça plait pas vous allez me dire, particulièrement ma mère, eh bien elle le sait et elle ferme les yeux, elle sait que cela rapporte assez bien, puis de toute façon elle est bien contente que je lui donne de l'argent de temps en temps. L'âme sœur ? Arrêtez avec vos conneries, vous savez aussi bien que moi que ça n'existe pas, les gens ne sont ensemble, que pour une seule et bonne raison : le cul ou les thunes et faire semblant qu'entre eux c'est l'alchimie totale. Ce ne sont que des apparences, ils se cachent derrière un masque de bonheur qu'ils nomment amour, mais s'il n'y avait pas la baise dernière leurs gestes affectifs, il n'y aurait rien, ce serait le vide total, le même vide que dans leur pauvres cervelles dénuées de bon sens et de raison. Alors pour vous répondre, non dans ma vie il n'y a pas d'âme sœur, que des culs de passages qui pensent qu'avec eux je serais différent, que cette alchimie se produira, mais rien, tout les matins je me barre sans aller chercher le petit déj et ça depuis que j'suis en âge de baiser. Si vous me sortez argent, sexe et drogue à la suite, je vous dis tout naturellement : orgasme et jouissance. Ou peut-être pouvoir, oui parce que quand t'as de l'argent, une belle petite gueule et que t'es intelligent, tu peux être sûr d'avoir le monde à tes pieds. Et personnellement, je suis plutôt bien placé sur l'échelle du pouvoir. Alors oui, les relations d'un soir je les enchaîne, plusieurs par soir même, puis ne pensez pas que dans les boites tout est beau, parfois c'est sordide, souvent même, l'alcool coule à flot et la drogue, c'est pire. Au début, j'étais un simple consommateur occasionnel, la dépendance à ensuite fait son entrée dans mon organisme et du fric j'en ai dépensé oui, j'en claque toujours d'ailleurs, et pas que pour des petites drogues qui t'envoient à trois mille l'espace d'une heure, aujourd'hui c'est pire. Je deal beaucoup, ouais, c'est mon "métier", mais ça passe le temps et accrois mon emprise sur les gens, on me respecte autant qu'on me déteste, faut pas se leurrer, dans le genre détestable je dépasse les records. Dans dix ans, je me vois mort ? Ne vous méprenez pas, je ne suis pas dépressif, je ne pense pas au suicide, seulement j'ai toujours eu le pressentiment que je ne vivrais pas vieux, que la quarantaine je ne la passerais pas. Et cette perspective me plait bien. Puis qu'est-ce qu'on s'en branle de l'avenir ? Je vis au présent et je me fou pas mal de ce qui pourra m'arriver demain. Peut-être mort d'une overdose, assassiné par un client mécontent ou au fond d'une cellule, mais peut importe n'est-ce pas cela qui fait le mystère de la vie ?