Le temps à cette habitude dégueulasse de nous filer entre les doigts et de se figer en fonction de son humeur. La notre étant un simple facteur trompeur d'ennui pour la grande-horloge de l'existence. On aurait tord de croire qu'un geste arrivé trop tard est excusable. Rien n'est réparable. Rien n'est en bon état d'ailleurs, jamais. Ça se disloque de partout. J'ai tendance à voir le monde comme un champ de ruine géant, planqué sous une couche de dégueulie vernis. Comme lui tient. Bonbon joliment enrobé, mais sa grouille dessous, ça jure de vous empoisonner. Prend ta première respiration et ça y est t'es d'jà plus bon qu'à crever. Tu ajoutes un gravillon à l'édifice de la crasse humain. Existentialisme parfaitement moisie pour une planète qui oscille en pleine asphyxie. Imagine, un court instant, que la douleur de l'homme soit aussi visible qu'un furoncle en plein milieu du front. Suppose qu'au lieu de la deviner dans la torsion amer d'une bouche, ou dans le plissement acide d'un regard, l'éruption qui palpite en chacun devienne torrents de lave calcinant la chair. Peut-être serait-on alors doté d'une faculté plus grande de régénération. Une sorte d'évolution naturelle pou pouvoir survivre à toute le mal qu'on passe nos vies à se faire. Je veux dire... L'Homme. L'Homme n'est rien de plus qu'un animal violent à qui on a octroyer l'intelligence et la faculté de pitié. Et dont il se sert pour minutieuse tout piétiner sur son passage. Le bulldozer humain, quoi. La première victime de ce tortionnaire à la compassion oubliée est justement lui-même. Ses semblables sont son terrain de jeux favori. Certes derrière vient la vie animal et végétale. Mais avouons le, seul les êtres humains savent aussi esthétiquement souffrir et crever en braillant pour une existence qui pousse surtout aux envies suicidaires. Alors oui, imagine que les expressions faciales ne soient pas la seule forme visible de la douleur. On passerai nos journées à voir éclater en pleine rue des boules de lymphe et de sang, acide émotionnel qui s'écoulerai enfin des yeux. Personnellement l'idée me fait monter un putain de fou rire.